LES HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH DE MONTRÉAL

HOTEL-DIEU

(Photo: Pedro Ruiz. LE DEVOIR, 5 mars 2014)

 

62659-v6 hôtel-dieu(Illustration intitulée, Montréal: Hôtel-Dieu, ou l’Hôpital général catholique, publiée dans le Canadian Illustrated News, 24 avril 1875)

Hôtel-Dieu-de-Montréal-entre-1755-et-17602

(Plan partiel de l’enclos de l’Hôtel-Dieu de Montréal montrant l’état des lieux de 1734-1828. Dressé par Aristide Beaugrand-Champagne, Architecte. Sur les plans de l’époque et d’après des descriptions conservées dans les Archives des Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal)

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(Jeanne Mance au secours d’un blessé. Bronze de Louis-Philippe Hébert placé devant l’Hôtel-Dieu de Montréal)

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Nous pouvons toujours nous targuer de connaître un tant soit peu Jeanne Mance et le célèbre hôpital de l’Hôtel-Dieu. Mais qu’en est-il de ces femmes qui pendant trois siècles ont tenu à bout de bras et dirigé le plus ancien hôpital de Montréal. Hélas, peu de choses.

Ces femmes se sont les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal (RHSJ). Le devoir de reconnaissance nous incite à vous présenter d’une manière très succincte leur origine et leur histoire.

Leur origine se confond avec celle de la fondation du bourg de Ville-Marie. Le tout commence dans la France dévote du XVIIème siècle. En 1630, un pieux laïc du nom de Jérôme Le Royer sieur de La Dauversière (1597-1659) suite à une vision qui le conduira à vouloir édifier une mission catholique sur l’île de Montréal, mais ne pouvant mettre immédiatement son projet à exécution, invite en 1636 de jeunes filles séculières à oeuvrer auprès des malades dans le nouvel Hôtel-Dieu de La Flèche (département de Sarthe). C’est une nommée Marie de la Ferre (1589-1652) qui co-présidera avec lui à la fondation des Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche. Elle en sera la première supérieure. Puis ayant été reconnues en 1643 par l’évêque d’Angers, les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche sont officiellement nées.

Entre 1640-1641, le projet de Jérôme Le Royer d’un établissement missionnaire auprès des amérindiens de l’île de Montréal commence à prendre forme. De son côté, Maisonneuve persuadera Jeanne Mance de se joindre à l’entreprise. Elle aura le mandat de fonder et de s’occuper d’un hôpital. Ce qu’elle fit quelques trois ans après l’arrivée de la première recrue soit en 1645 . Bien que l’on puisse supposer qu’il existait entre 1642 et 1645, un proto-hôpital à l’intérieur du Fort de Ville-Marie.

En 1659, lors d’un voyage en France, Jeanne Mance recrute trois hospitalières de La Flèche afin de la soutenir dans son travail d’infirmière. C’est à partir de cette date que, petit à petit, les soeurs Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal prendront leur place dans l’histoire de Montréal.

Les débuts des Hospitalières en Amérique sont difficiles même Mgr Laval leur est un peu hostile. En vain pour lui, car en 1666, le pape Alexandre VI érige canoniquement la communauté lui donnant ainsi toute sa respectabilité.

Avec le temps, la communauté montréalaise des Hospitalières se « canadianise ». En effet, dès 1700, la majorité des trente hospitalières sont nées au pays. Tous s’accorde pour reconnaître que la vie d’infirmière, surtout en cette époque où l’on procède avec les moyens du bord et les connaissances du temps, est exigeante. Cela sans compter qu’en moins de quarante ans, le bâtiment d’époque de l’Hôtel-Dieu fut à trois reprises la proie des flammes (1695,1721,1734).

Lors de la Conquête anglaise de la Nouvelle-France (1759), il y eu un temps d’incertitude où l’on a craint un possible rapatriement en France mais qui au final n’aura pas lieu.

Le vent tourne au XIXème siècle avec une progression numérique des vocations ainsi qu’une expansion territoriale allant du Nouveau-Brunswick au Vermont. En 1860, les Hospitalières cèdent la direction médicale à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Puis dans le même élan, l’on abandonne les installations du Vieux-Montréal pour se rabattre dans une zone plus champêtre située un peu plus au nord que l’on nomme le Mont Sainte-Famille qui est, en quelque sorte, le site actuel de l’Hôtel-Dieu sis à l’angle de la rue Saint-Urbain et de l’avenue des Pins.

Puis dans les années 70 avec l’étatisation progressive des soins de santé au Québec, la communauté des Hospitalières est amenée à diversifier ses activités. Aujourd’hui, avec l’arrivée du méga-hôpital que représente le CHUM, l’on sait qu’à très court terme le pavillon de l’Hôtel-Dieu sera fermé. Un énième défi se pointe pour les Hospitalières mais aussi pour l’ensemble des citoyens montréalais à savoir que fait-on de ces bâtiments patrimoniaux? Peuvent-ils (ces bâtiments) revendiquer et soutenir une autre vocation? La question est déjà sur la table et de vifs débats sont à prévoir.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

CLÉMENT, Béatrice, Marie de la Ferre 1589-1652. Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal, 1964. Ouvrage recensé par Lionel Groulx, Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 18, no 2, 1964, p. 301-302/ http://id.erudit.org/iderudit/302378ar

GAGNON, Hervé, Soigner le corps et l’âme: Les Hospitalières de Saint-Joseph et l’Hôtel-Dieu de Montréal, XVIIè-XXè siècle, éditions GGC, Sherbrooke, 2002.

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LOUIS-PHILIPPE HÉBERT

(Louis-Philippe Hébert (1850-1917), célèbre sculpteur québécois. Une oeuvre de plus d’une quarantaine de monuments célèbres et reconnus)

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