ÉDITORIAL. UN JUBILÉ À LA HAUTEUR D’UN PEUPLE (1642-2017) SUITE ET FIN

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(Page couverture du livre Histoire du Montréal de François Dollier de Casson. Nouvelle édition critique par Marcel Trudel et Marie Baboyant)

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(Portrait de François Dollier de Casson 1681)

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Les célébrations d’un 375è anniversaire de la fondation d’une ville qui a participé à l’émergence d’un peuple doit être l’occasion de se permettre quelques petites « fantaisies » qui pourraient venir bousculer notre confort et notre indifférence.

Voici pourquoi, la rédaction de VILLE-MARIE EXPRESS émet certains souhaits que certaines personnes en poste de responsabilités pourraient voir à mettre en oeuvre. On apprend, incidemment, que le diocèse de Montréal vient, enfin, de procéder à la nomination d’un coordonnateur des projets diocésains en lien avec le 375è anniversaire de la fondation de Montréal en la personne de Monsieur Charles Langlois, p.s.s. Mis à part les activités protocolaires, conventionnelles et liturgiques, nous avons hâte de savoir qu’elles sont au juste les projets diocésains prévus au programme. D’autant plus que par cette nomination tardive, nos éminences diocésaines donnent l’impression de découvrir, tout à coup, le 375è de Montréal. Comme si le colloque sur Jérôme Le Royer de La Dauversière tenu à La Flèche et au diocèse du Mans (8-9 avril 2016) n’avait pas existé. Comme si la Société historique de Montréal et Ville-Marie Express n’était pas aux aguets et en contact avec nos amis Fléchois. Je pense à M. Jean Petit et son épouse Nicole, M. Christophe Maillet, M. François Cléret, curé de la paroisse Saint-Thomas de La Flèche , Mmes Jeanine Blanche, r.h.s.j., et Armande Nicole, r.h.s.j. . Michel Boissinot. Sans oublier M. Jean-Paul Pizelle de Langres (Jeanne Mance), Mme Marie-Claire Feisthauer et M. Claude Feisthauer (Langres) et M. Jacques Cousin de Neuville-sur-Vanne (Maisonneuve). Qu’on nous permette de se demander ce qu’il y aura à coordonner. M’enfin comme disait Gaston Lagaffe.

Pour revenir à nos doléances, d’abord deux documents d’archives mériteraient d’être rapatriés temporairement à Montréal en 2017 concernent étroitement les origines de Montréal. Le premier est un brouillon corrigé et annoté, rédigé de la main même de Jérôme le Royer, donc un olographe, si l’on se fie à dom Guy-Marie Oury. Ce brouillon c’est le Dessein des Associés de Montréal, il se trouve aux Archives du Séminaire Saint-Sulpice à Paris.

Le deuxième document d’archive s’intitule Histoire du Montréal de François Dollier de Casson (1672) qui est, en quelque sorte, la première rédaction d’une histoire de Ville-Marie. Une photocopie du manuscrit original serait conservée à la bibliothèque Mazarine de Paris (Marie Baboyant et Marcel Trudel) tandis que selon les dires de dom Guy-Marie Oury, l’original se trouverait à la bibliothèque du séminaire de Saint-Sulpice à Paris.

Dans un tout autre ordre d’idée, nous avons mis la main sur une pièce de théâtre écrite par la romancière Laure Conan (1845-1924) intitulée Aux jours de Maisonneuve. Ce drame historique en cinq actes est une adaptation pour le théâtre de son roman l’Oublié, ouvrage littéraire couronné par l’Académie française en 1903 (prix Montyon).

Le roman comme la pièce raconte par l’entremise de l’imagination de l’auteure les amours du sergent-major Lambert Closse, l’un des hommes les plus appréciés de la jeune colonie, et d’Élizabeth Moyen autour des années 1660. Gravitent autours des deux principaux personnages, Maisonneuve, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Monsieur de Queylus, Dollard et ses compagnons, M. et Mme D’Ailleboust.

La pièce fut créée le 21 mars 1921, par une troupe d’amateurs sur la scène du Monument national à Montréal. Malheureusement, la pièce n’a pas eu la même appréciation que le roman. Qu’importe, rares sinon inexistantes sont les oeuvres théâtrales québécoises mettant en scène l’époque de la colonie de Ville-Marie. Alors il serait à souhaiter qu’une troupe semi-professionnelle voire même professionnelle permettent aux Montréalais d’aujourd’hui de la voir et de l’apprécier.

L’an dernier, le 25 mai, plus précisément, le conseiller municipal de Marie-Victorin, Guillaume Lavoie dans un texte publié dans Le Devoir intitulé « Qu’en est-il de la dimension historique? » s’alarmait avec d’autres du peu de présence de l’histoire dans les activités du 375è.

À l’époque, nous avons eu un rendez-vous manqué avec M. Lavoie pour une proposition de projet. Nous tenterons sous peu une relance. Notre proposition concerne le Jardin botanique de Montréal. Pourrait-il être possible que cet espace vert porte le nom de Jardin botanique Marie-Victorin. Puisqu’il existe un Planétarium Rio Tinto Alcan sur le même lieu, il nous semble que l’ajout du nom du fondateur de ce Jardin soit dans l’ordre du possible et du souhaitable.

Le fameux vitrail de Jérôme Le Royer que l’on trouve et voit par hasard en se promenant sur les Cours Le Royer mériterait ne serait-ce que pendant l’année du 375è d’être pourvu d’un éclairage artificiel lorsque le soleil nous fait défaut que ce soit le jour ou la nuit. On objectera que puisque c’est un vitrail, il est à la merci du soleil. Qu’à cela ne tienne, un éclairage artificiel lui donnerait du lustre de jour comme de nuit surtout en ce 375è.

Je ne peux terminer cet éditorial rédigé en deux parties sans justifier un tant soit peu son intitulé à savoir Un jubilé à la hauteur d’un peuple (1642-2017). En quoi la célébration et la commémoration de la fondation d’une ville peuvent revendiquer vouloir être à la hauteur d’un peuple?

D’abord à l’instar de la fondation de Québec (1608), la fondation de Montréal (1642) doit être considérée comme ayant été à la base de la naissance d’un peuple issu de la France, à l’époque monarchique et catholique, et qui après bien des turbulences et des insouciances a su malgré tout ne pas juste survivre mais surtout résister et tenter, parfois vainement, parfois vaillamment, de vivre en tant que peuple dans la langue de Molière, de Voltaire, de Vignault, de Tremblay, et j’en passe.

Que cela plaise ou non, il nous faut savoir qu’il fut un temps, où l’Amérique boréale pouvait revendiquer le nom d’Amérique française qui se déployait sur un très grand territoire. Mais les aléas de l’histoire, particulièrement la Conquête britannique de 1760 puis la force de développement des États-Unis ont fait en sorte qu’en Amérique, nous sommes numériquement 2% de parlants français. Mais 80% ou presque au Québec.

Mais encore pire sous l’Empire britannique de 1760 à nos jours, on nous a mis sciemment en minorité partout dans les autres provinces et territoires sauf au Québec (80% approx.). Hélas, les héritiers du rapport Durham sont toujours à l’oeuvre pour tenter, inexorablement, de nous mettre ici aussi en minorité car ils savent très bien que la loi du nombre fait fi de tout. Bien sûr, il n’en tient qu’à nous de passer de statut de minoritaire à un statut de majoritaire mais cela c’est une autre affaire.

Donc, célébrer et commémorer la fondation de Montréal ce n’est pas seulement se divertir, s’éclater et surtout se travestir en anglais pour inciter les touristes à venir à Montréal en 2017 mais c’est d’abord se souvenir que le groupe de fondateurs et de fondatrices, que ce soit de la première, de la deuxième ou même de la troisième recrue, chacun et chacune à leur manière, n’ont pas seulement été à l’origine de la fondation d’une ville que ce soit Québec ou Montréal et celles qui ont suivie mais que ces fondations ont été le socle sur lequel s’est développé un peuple particulier en Amérique. Les Français d’Amérique devenus par la force des choses les Québécois, Cela sans oublier, le peuple Acadien et les minorités franco-canadiennes.

Et puis, quand on dit cela, ça ne veut pas dire qu’on n’aime pas les « autres » et puis que l’on est grégaire et obtu. Vous allez voir au cours de l’été 2016 avec l’Euro (soccer) qui commence dans quelques jours (10 juin-10 juillet)  et les Jeux de Rio (5 août -21 août)  ce que c’est que le sentiment national. Quand l’Italie, l’Ukraine ou même la Turquie gagnera un match de foot, vous allez entendre selon le quartier que vous habitez la symphonie des klaxons pour dire comment on est heureux pour « notre » Italie, pour « notre » Ukraine, pour « notre » Turquie.

Et ce sentiment national se transmet de génération en génération sans savoir toujours comment l’expliquer. Allez vous asseoir à une terrasse de la Petite-Italie un jour de match de la Squadra Azzura (l’équipe italienne), vous n’y verrez pas que des vieux papi mais des jeunes adultes, des familles qui n’attendent qu’un but de l’Italie pour crier, s’époumonner et se réjouir du succès de leur équipe « nationale ».

Ouf! Tout ce grand détour pour expliquer nos attentes face aux célébrations et aux commémorations de la fondation de Montréal que nous voulons à la hauteur d’un peuple! D’un peuple comme les autres! Voire même d’un peuple mieux que les autres!

P. S. Ayant eu une mère italienne et un père québécois (canadien-français) pendant l’Euro mon coeur balance entre l’Italie et la France. Mais qu’importe, comme je demeure tout près de la Petite-Italie c’est là que je vais fêter! En attendant d’avoir une équipe québécoise même à l’intérieur de la confédération canadienne à l’instar des États constitutifs du Royaume-Uni comme l’Angleterre, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles sans oublier l’Écosse qui, malheureusement, ne s’est pas qualifiée pour l’Euro 2016, trop épuisée par le référendum! Notre coup de coeur ira à l’Italie et à la France!

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LECTURES SUGGÉRÉES

Marcel Trudel et Marie Baboyant, L’Histoire du Montréal de François Dollier de Casson, Éditions Hurtubise HMH, Montréal, 1992.

Baboyant, Marie, Une mise à jour de l’histoire du Montréal de François Dollier de Casson (1672) dans Les Origines de Montréal, Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, textes colligés par Jean-Rémi Brault, Leméac, 1992.

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L’article de Guillaume Lavoie, conseiller municipal du secteur Marie-Victorin.

http://www.ledevoir.com/politique/montreal/440899/375e-anniversaire-de-montreal-qu-en-est-il-de-la-dimension-historique

 

 

 

16 MAI 2016. LES RELIGIEUSES HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH FONT LA NOUVELLE

 

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(Comme indiqué dans la légende, voici par vue aérienne l’ensemble du site des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Source: Google Maps. Cliquez une première fois sur la photo, puis cliquez deux fois pour un meilleur focus)

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Nous apprenions ce lundi 16 mai, à la veille du 374ème anniversaire de la fondation de Montréal (17 mai 1642) ce qui semble être un heureux dénouement entre la communauté des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph et la Ville de Montréal, sous l’administration du maire Denis Coderre, qui va acquérir les terrains et les bâtiments de la communauté dans le secteur qui environne l’avenue des Pins, la rue Saint-Urbain et l’avenue du Parc afin d’en assurer la pérennité. Nous relayons pour de plus amples informations ce bel article ainsi que ce télé-reportage d’Anne-Marie Despatie sur ICI Radio-Canada.ca Info.

http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2016/05/16/002-montreal-acquisition-religieuses-hospitalieres-patrimoine.shtml?isAutoPlay=1

 

 

 

 

 

 

CENT ANS DE COMMÉMORATION (1917-2017) DE LA FONDATION DE MONTRÉAL/VILLE-MARIE

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(La place d’Armes et le monument de Maisonneuve. Photo: Shane Mc Donald. Cliquez sur la photo. Le point focal se déplace)

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(La basilique Notre-Dame. Vue de l’intérieur. Photo: Shane Mc Donald. Cliquez sur la photo. Le point focal se déplace)

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Il fut un temps dans notre Québec tricoté serré et trempé dans l’eau bénite où le mois de mai était connu comme le mois de Marie. Époque révolue, époque inconnue, sinon de celles et ceux qui ont un certain âge ou un minimum de culture générale.

Or, historiquement parlant, le mois de mai devrait devenir le mois de Montréal afin de pouvoir nous préparer annuellement à la commémoration de la fondation de notre ville. L’année prochaine (2017), dans le cadre des festivités du 375ème, s’invitera aussi le 100ème anniversaire de la messe annuelle ainsi que des cérémonies civique et militaire soulignant l’arrivée le 17 mai 1642 de la première recrue de colons sur la désormais Pointe-à-Callière avec à leur tête Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance.

En effet, c’est en 1917 qu’est formé un premier comité de citoyens de Montréal afin de commémorer les débuts de la bourgade de Ville-Marie. Victor Morin (1865-1960), alors président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, assumera aussi la présidence de ce comité et ce jusqu’en 1947. Cet éminent notaire et échevin municipal sera aussi président de la Société historique de Montréal de 1916 à 1928. Comme on le constate, Victor Morin est une figure incontournable de la première moitié du XXème siècle montréalais.

Les activités de commémoration des origines de Montréal tenues en 1917 s’étendent sur deux jours, soit les 17 et 18 mai. Elles débutent par une grand-messe pontificale célébrée, semble-t-il, non par l’archevêque de Montréal de l’époque Mgr Paul Bruchési (de santé fragile), mais plutôt par l’évêque auxiliaire Mgr Georges Gauthier (1871-1940) et le tout atteint son apothéose avec un Te Deum d’action de grâce entonné dans l’ancestrale basilique Notre-Dame.

Dans l’après-midi du 17 mai, la foule de participants est invitée à former des petits groupes pour une promenade historique dans les rues de Montréal. En fait, sous l’impulsion de Victor Morin, c’est le début d’une visite annuelle commentée du Vieux-Montréal afin de se coller à notre patrimoine historique situé dans ce lieu de mémoire de nos origines.

Et pour cette première promenade de 1917, d’éminentes personnes feront office de guides pour chacun des groupes constitués. Mis à part, M. Morin, que nous avons déjà présenté, l’on retrouve Aegidius Fauteux (1876-1941), historien, journaliste et auteur d’un dictionnaire biographique inachevé sur les Patriotes de 1837-1838 , Casimir Hébert (1879-1951), professeur de langue, bibliothécaire à la bibliothèque Saint-Sulpice ainsi que le président de la Société linguistique du Canada, Edouard-Zotique Massicotte (1867-1947), avocat de formation, journaliste, puis historien du folklore canadien-français avec son ami Marius Barbeau.

Cette promenade comme il se doit se termine à la place d’Armes où la foule réunie de nouveau entendra des discours dont celui de l’échevin du quartier Lafontaine de la Cité de Montréal mais avant tout, connu comme une sommité de l’époque, en médecine dentaire et qui fut aussi doyen de la faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal, Eudore Dubeau (1873-1953). Puis protocole oblige, une prise de parole du consul général de France, en la personne de Charles-Jules-Joseph Bonin.

Le lendemain 18, un comité est mandaté pour se rendre à l’Hôtel-de-Ville afin d’y cueillir le maire Médéric Martin (1869-1946) (celui-là même qui décida de mettre un terme à l’alternance d’un maire francophone et d’un maire anglophone en proclamant le droit des francophones d’élire un maire de leur langue à chaque élection) ainsi que les conseillers municipaux pour se rendre d’abord au monument Marguerite-Bourgeoys, puis au monument Jeanne-Mance, puis à la place D’Youville pour aboutir enfin au monument Maisonneuve sur la place d’Armes.

À chacune des étapes, tout un chacun des notables-citoyens y vont encore de leur discours respectifs à savoir l’archevêque, le maire et le président des fêtes. Quant aux écoliers de 1917, ils ne sont pas laissés pour compte. En effet, dans toutes les écoles de Montréal, on y va d’une activité en mémoire de Maisonneuve (à l’époque, on est loin de l’idée d’une Jeanne Mance co-fondatrice). Puis les gamins et gamines et même les grands ados entonnent à pleins poumons l’Ô Canada et, en guise de récompense, un congé de classe en après-midi est accordé à tous les élèves.

De nos jours, la commémoration civile et religieuse de la fondation de Montréal/Ville-Marie existe toujours sous le patronage de la Société historique de Montréal, commémoration qui fait la fierté de son président M. Jean-Charles Déziel ainsi que de tous les membres de la SHM. Elle se tient annuellement le dimanche le plus proche du 17 mai. Cette année, exceptionnellement, elle aura plutôt lieu le dimanche 22 mai 2016 au lieu du 15 mai. Il y aura d’abord, à 11h00, la célébration de la messe par l’archevêque de Montréal, Christian Lépine à la basilique Notre-Dame suivie d’une cérémonie civique, protocolaire et militaire sur la place d’Armes. Et, pour mémoire, il existe toujours des visites commentées du Vieux-Montréal le jour même pendant le reste de l’après-midi.

Dimanche prochain,vous pourrez voir et entendre les militaires du Régiment de Maisonneuve parader et tirer du fusil accompagnés des corps de cadets et cadettes qui se font un devoir et un honneur d’être présents surtout depuis que la Ville de Montréal leur a octroyé le droit de cité, et, par le fait même, donné l’autorisation au Régiment de Maisonneuve d’arborer les armoiries de la Ville sur son drapeau régimentaire.

Nous vous donnons donc rendez-vous pour la célébration de la 99è Commémoration de la fondation de Montréal/Ville-Marie en attendant de célébrer la centième lors du 375è de Montréal en 2017.

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SOURCES CONSULTÉES

Lacroix, Laurier. (2016). 1917: Une première célébration de la fondation de Montréal. Les Cahiers des dix, (70), 267-287. Sur Érudit.org.

Racine, Denis. (2014). Le 275è anniversaire de la fondation de Montréal en 1917. Cap-aux-Diamants, (119),39-39. Sur Érudit.org.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Ministère de la Culture et Communications.

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LIENS UTILES

http://www.societehistoriquedemontreal.org/

http://www.shanemcdonald.me/tag/montreal/

LE FLÉCHÉ À L’HONNEUR

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(Des ceintures fléchées. Encyclopédie du Patrimoine culturel de l’Amérique française. Chaire du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval)

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(Ancien Canadien. Illustration pour Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé. Dessein de Henri Julien. Musée national des beaux-arts du Québec)

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(Chefs des rebelles de l’ouest canadien. Lithographie et rehauts d’aquarelle de William Bengough. Musée national des beaux arts du Québec.)

               (On reconnaît à l’avant-plan de cette lithographie Louis Riel)

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Un avis de désignation émanant du Ministère de la Culture et des Communications du Québec paru dans LE DEVOIR (18.02.2016) nous informe qu’ayant pris avis du Conseil du Patrimoine du Québec, la ministre Hélène David, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 13 de la Loi sur le patrimoine culturel, désigne le fléché à titre de patrimoine immatériel.

Nous connaissons tous peu ou prou la célèbre ceinture fléchée que porte si fièrement le Bonhomme Carnaval de la ville de Québec. Mais de prime abord, le fléché est le résultat d’une technique de tissage aux doigts qui relève du domaine de l’artisanat traditionnel et des métiers d’art. Aux dires de cette Avis et des différents artisans et artisanes, le fléché est un savoir-faire très particulier dont les plus anciennes références écrites remontent à la fin du XVIIIème siècle.

En effet, il semblerait que ce n’est que sous le Régime anglais, un peu avant 1776, que des sources confirment l’existence de la « ceinture de couleur des Canadiens ». Ces sources écrites sont souvent le fait de visiteurs étrangers. Donc, déjà à cette époque l’on reconnaissait une particularité dans la confection de la ceinture de laine des Canadiens.Mais il appert que cette ceinture de laine, qui déjà singularisait les Canadiens, était loin de s’apparenter à la ceinture fléché que l’on connaît aujourd’hui, dans la mesure où il lui manquait les motifs en forme de flèches!

Donc entre la fin du XVIII et le début du XXème s’est finalement populariser une ceinture fléchée typiquement canadienne. Mais il ne faut pas croire que cette célèbre ceinture soit un marqueur d’identité culturel seulement pour les Canadiens de ces époques. En effet, la ceinture fléchée « suivait la route du commerce des fourrures ». On en fit don et parfois à travers le troc aux différentes nations amérindiennes. C’est ainsi que la ceinture fléchée s’est retrouvée dans l’Ouest du pays, et qu’elle fut adoptée par la nation Métis* et particulièrement par Louis Riel.

D’ailleurs le personnage de Louis Riel est si étroitement liée à la ceinture fléchée que lors de l’inauguration de l’une de ses statues, cette fois-ci à Winnipeg (Manitoba) en 1994, les organisateurs ont fait en sorte de lui nouer une ceinture fléchée autour de la taille.

Il existe même un Ordre de la ceinture fléchée (Order of the Sash) qui se veut une reconnaissance envers les Métis qui ont contribué à l’amélioration des conditions de vie de la communauté Métis.

Foncièrement, la ceinture fléchée fut un symbole vestimentaire des Canadiens-français et de la nation Métis pendant plus d’un siècle. Elle eut son heure de gloire de la fin du XVIIIème siècle jusqu’au tout début du XXème siècle. Puis, dans les décennies suivantes, la ceinture fléchée est un devenue un vêtement typiquement folklorique et emblématique pour les deux peuples.

Ainsi donc, cet Avis public de la ministre de la Culture et des Communications du Québec faisant en sorte que l’art du fléché soit officiellement reconnu comme élément du patrimoine immatériel du Québec nous permet encore de constater nos liens particuliers avec les nations amérindiennes et plus précisément avec la nation Métis de l’Ouest canadien voire plus particulièrement le Manitoba d’aujourd’hui.

Redisons-le, la ceinture fléchée est un vêtement, qui à son niveau, fait oeuvre de marqueur d’identité culturel des Canadiens-français, de la nation Métis et, bien sûr, des Québécois d’aujourd’hui. Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas troquer la ceinture fléchée d’antan pour un foulard fléchée qui pourrait devenir à la mode dans le Québec d’aujourd’hui? Et pourquoi pas un foulard fléché ornementé avec les lettres du CH dessus. Ainsi, quand lors des matchs de hockey, l’on crie « GO HABS GO! »,  l’on pourrait se souvenir que le mot « HABS » est le diminutif en mode anglais du mot Habitants titre par excellence de nos Anciens canadiens!

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* Métis: peuple issu des coureurs des bois francophones et des femmes autochtones.

P.S. Le corps de ce texte portant sur le fléché comme élément du patrimoine immatériel, fut écrit quelques heures avant le remaniement ministériel du gouvernement du Québec! Par le fait même, nous avons appris vers 17h00 que Mme Hélène David était muté au Ministère de l’Enseignement supérieur. Cela pour vous informer que nous avons cru bon de ne pas retoucher le premier paragraphe.

DE LA GRANDE PAIX DE 1701 À LA GRANDE RÉCONCILIATION DU XXIème SIÈCLE

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(Un moment de grands palabres. Illustration: Francis Back)

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(Montréal en 1700. Illustration: Francis Back)

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(Extrait de la copie du traité de la Grande Paix de Montréal 1701)

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La Commission de Vérité et Réconciliation du Canada a déposé son rapport final le mardi 15 décembre 2015 et nous exhorte de revoir de fond en comble les relations entre le Canada et les nations autochtones. Ici, il faut comprendre le Canada dans ses différentes entités gouvernementales et politiques à savoir les provinces, les territoires et les municipalités.

Mais c’est surtout un appel à refonder les relations ancestrales et contemporaines entre les autochtones et les allochtones que nous sommes. Le nouveau gouvernement fédéral en la personne du nouveau premier ministre Justin Trudeau s’est déjà commis à honorer et à mettre en application les 94 recommandations de la Commission.

Le défi de cette grande refondation des relations séculaires entre autochtones et allochtones basée sur la justice et l’égalité devrait à notre avis s’inspirer de la Grande Paix de Montréal de 1701 qui a permis l’établissement d’une période de paix pendant près de cinquante ans non seulement entre les colons français de l’époque et les différentes nations amérindiennes mais cette Grande Paix fut aussi le moment d’un grand apaisement entre les nations amérindiennes elles-mêmes.

Afin de prendre la mesure de l’importance de ce projet de traité de paix, il nous faut faire un bref détour par l’histoire. L’on sait le lien ambivalent et alambiqué que Cartier dès son deuxième voyage (1535) entretenait avec Donnacona, le chef huron de Stadaconé sans oublier leur défiance mutuelle. Mais dès ce premier contact entre l’explorateur maloin et une tribue amérindienne, l’on sut que la nation huronne-algonquienne était en brouille avec la nation iroquoise.

Du temps de Samuel de Champlain (1604-1635) soit quelques 75 ans plus tard, les guerres et escarmouches inter-amérindiennes persistent et prennent de l’ampleur. Il faut admettre que la confédération des Cinq-Nations iroquoises voyaient d’un très mauvais oeil, le soutien de Champlain à son ennemi héréditaire qu’était les Algonquiens. Mais cela n’a pas empêché en 1624 la conclusion d’un petit traité de paix entre les Cinq-Nations et les Français. Malheureusement, moins de trois ans plus tard, les Algonquiens, alliés « naturels » des Français ont saboté ce temps d’accalmie.

Toute la première période de l’établissement de la colonie de Ville-Marie (1642-1665) a vu alterner des périodes de grandes hostilités de la part des Iroquois envers les colons. Mais à la fin du XVIIème et début du XVIIIème, nous sommes loin de l’épopée mystique des premiers fondateurs.

En 1701, la petite bourgade fortifiée de Montréal, selon l’analyse des recensements de 1683 et 1715, amène à conclure approximativement le nombre d’habitants pour la ville à 1 200 âmes et 4 700 pour l’ensemble de l’île. On compte quelques 185 bâtiments à l’intérieur de l’enceinte fortifiée s’étendant sur plus de 2800 mètres.

Après les deux mandats désastreux de LaBarre (1682-1685) et Denonville (1685-1689) comme gouverneur de la Nouvelle-France, vivement le retour de Frontenac pour apaiser la situation. La méconnaissance des moeurs amérindiennes et des manières amérindiennes d’établir des relations « diplomatiques » avec l’étranger avait conduit LaBarre et Denonville à non seulement exacerber le contentieux avec les Iroquois mais comble de malheur a irrité au plus haut point ses alliés autochtones.

Maniant le bâton et la carotte, en bon stratège et en bon connaisseur des amérindiens, Frontenac réussit à rétablir les ponts et la confiance. À défaut de pouvoir ramener un semblant de paix, Frontenac doit se résoudre à au moins neutraliser les plus guerriers des Iroquois (campagnes militaires de 1693 et 1698).

Malheureusement, Frontenac n’aura pas le temps de consolider son plan de paix. Il meurt en 1698. Qu’a cela ne tienne, il aura un digne successeur en la personne de Louis-Hector de Callière qui était depuis 1684 gouverneur de Montréal et qui deviendra officiellement gouverneur de la Nouvelle-France le 20 avril 1699.

Louis-Hector Callière (1648-1703), troisième gouverneur de Montréal et douzième successeur de Champlain est l’homme de la situation bien qu’il n’ait que 38 ans. Sans dire que les rapports étaient toujours facile avec Frontenac, les deux hommes ont eu assez d’estime et de respect pour apprécier chez l’un et chez l’autre la même compréhension des enjeux de la situation de la colonie française surtout aussi face aux colonies anglaises d’Albany et de New York toujours en mal d’expansion territoriale afin de s’assurer du monopole du commerce des pelleteries.

C’est dans ce contexte historique et en ayant la fibre d’un grand diplomate s’adossant à une formation militaire rigoureuse et minutieuse que Callière mis un peu tout le monde à contribution. Il créa des petits groupes d’ambassadeurs (missionnaires jésuites, aventuriers, soldats) qui savaient se débrouiller dans les différentes langues autochtones. Ces ambassadeurs ont sillonné un vaste territoire qui s’étendait du bassin de la Baie James, au bassin des Grands Lacs et ce jusque dans la vallée du Mississipi.

Un traité préliminaire fut signé dès le 8 septembre 1700 avec plusieurs nations amérindiennes dont certaines de la confédération iroquoise. Ce n’était que le prélude à quelque chose de plus ambitieux. En effet, à partir de cette première réussite, le gouverneur Callière s’active afin de rallier toutes les nations amérindiennes foulant le sol de l’Amérique du nord.

L’on commence à parler d’un grand rassemblement à l’été 1701, du 24 juillet au 4 août pour être plus précis. Un grand congrès pour la paix se tiendra à Montréal, la petite bourgade fortifiée, au pied de la Pointe-à-Callière et le long d’une partie du Saint-Laurent. Les délégations amérindiennes arrivent l’une à la suite de l’autre tout au long du printemps 1701.

Pendant une dizaine de journées, 38 délégations amérindiennes plus de 1300 personnes. Le ballet diplomatique se met en branle. Callière en fin connaisseur et respectueux des manières amérindiennes de construire les liens et les alliances  les adopte et s’en accomode. Le défi se décline en deux volets, convaincre les nations iroquoises des avantages de faire la paix, convaincre aussi ses alliés algonquiens de la justesse d’une telle paix.

La diplomatie est une science et un art qui se déploie concrètement et matériellement par le dialogue, la négociation, le marchandage, le compromis, parfois le tordage de bras, la ruse mais la ruse à bon escient s’entend. Tout cela mené avec intelligence, tact, finesse et doigté. Sans oublier la bonne volonté des protagonistes.

Et c’est ainsi que dans la foulée de la mort du célèbre chef huron-wendat, Kondiaronk, en plein pourparler de paix (3 août) suivi de funérailles grandioses, le traité de La Grande Paix de Montréal fut signé le 4 août 1701 par les représentants des 38 délégations amérindiennes et par le gouverneur de Montréal. Le dessin de l’emblême de chaque clan ou village faisant office de signature pour les délégations amérindiennes.

Nous avons fait ce bref détour par l’histoire de certains épisodes des relations souvent tumultueuses et parfois marquées par le souci du respect et de la rencontre afin que dans la foulée du rapport Vérité et Réconciliation, nous puissions tabler sur ce grand projet que fut la convocation d’une assemblée entre les nations amérindiennes et les colons français dans le cours des années 1700-1701.

À l’instar, de nos ancêtres respectifs, nous sommes convoqués à faire preuve de la même audace et de la même clairvoyance. On ne peut effacer le passé mais on peut y prendre appui afin de rétablir les liens de confiance et apprendre à partager le même territoire et les mêmes ressources. Et surtout à établir sur un meilleur socle la rencontre et la compénétration réciproque des us et coutumes de tous un chacun.

En 1611, Samuel de Champlain a reçu de la part des Hurons la ceinture de wampum en guise de rappel du lien et de l’alliance entre les deux peuples. Puissions-nous dans les prochains mois et les prochaines années commencer à enfiler les perles de coquillages en vue de la création d’une nouvelle ceinture de wampum qui scellera le début d’un renouveau dans les relations multi-séculaires entre les autochtones et les allochtones que nous sommes.

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BIBLIOGRAPHIE

Boulet, Gilles, Lacoursière Jacques et Denis Vaugeois (éds), Le Boréal Express, Journal d’histoire du Canada, Tome 1, 1524-1760, p. 164-165, Septentrion, Québec.

Beaudoin, Léo. « Le tricentenaire de la Grande Paix de Montréal: août 1701 », Histoire Québec, vol. 7, no 2, 2001, p. 25-42.

http://id.eridit.org/iderudit/11445ac

Dayot-Fournier, Eva. « Histoire d’un traité de paix… », Vie des Arts, vol. 45, no 183, 2001, p. 64.

http://id.erudit.org/iderudit/52987ac

Delâge, Denys. « Les Amérindiens dans l’imaginaire des Québécois », Liberté, vol. 33, no 4-5, (196-197) 1991, p. 15-28.

http://id.erudit.org/iderudit/60532ac

Delâge, Denys. « La peur de passer pour des Sauvages », Les cahiers des dix, no 65, 2011, p. 1-45.

http://id.erudit.org/iderudit/1007771ar

De Lagrave, Jean-Paul. « La paix de Callière », Cap-aux-Diamants: la revue d’histoire du Québec, no 29, 1992, p. 71.

http://id.erudit.org/iderudit/8022ac

DE SAINT-HENRI-DES-TANNERIES AU CHANTIER TURCOT

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(Portrait de Jean Talon par Claude François dit Frère Luc. Une huile. 72,7 X 59,3 cm. 1671. Monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.)

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(Vue prise de la Côte des Tanneries-des-Rolland. Aquarelle. James Duncan. Octobre 1839. Archives de la Ville de Montréal)

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(Village des Tanneries. Saint-Henri, 1859. Photographie: Alexander Henderson. Sels d’argent sur papier monté sur papier. 20,3 X 25,4 cm. Musée McCord.)

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(Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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(La romancière Gabrielle Roy entourée de neufs gamins. Saint-Henri, 29 août 1945. Fonds Conrad Poirier. BAnQ.)

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(Le réputé Louis Cyr. Sculpture de Robert Pelletier (1914-1984) située dans le quartier Saint-Henri. Elle fut inaugurée en juin 1973 dans le square Elizabeth renommé depuis 1994 parc des Hommes-Forts. Photo: Jean Gagnon, juillet 2012.)

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Depuis au moins 2008, la mise en chantier du nouvel échangeur Turcot sous l’égide du Ministère des Transports du Québec (MTQ) a intégré une composante archéologique. Puis, en plein milieu de l’été 2015, l’on nous annonce des découvertes intéressantes en matière d’archéologie. D’abord, il y a confirmation que nous sommes au coeur de ce qui fut l’ancien village des tanneries, le fameux Saint-Henri-des-tanneries.

À tout près de 2,5 mètres de profondeur du sol, l’on a pu repérer des fondations de bâtiments tels une grande maison ou un commerce ainsi que la canalisation qui servait à dévier le ruisseau Glenn. Sans oublier, des objets et des artéfacts de toutes sortes: outils ad hoc pour le travail des peaux, des bouteilles, des pièces de vaisselle ainsi que des articles de la vie quotidienne et un fragment de bénitier avec des angelots.

Ces objets et ses artéfacts vont prendre la route pour le laboratoire afin d’y être nettoyés, analysés et inventoriés et ce, jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’au moment où l’on aura accouché d’un réel projet de valorisation et de diffusion. De plus, afin d’en préserver tous les détails, les archéologues du MTQ procèderont à la numérisation 3D de l’ensemble du site grâce à l’utilisation d’une caméra laser à très haute définition permettant ainsi d’en reconstituer une copie virtuelle conforme au réel mais définitivement sans plus de support matériel car au moment où ce texte est écrit, la décision a été prise de détruire le site excavé. Nous y reviendrons plus loin.

Le quartier Saint-Henri, c’est bien sûr, Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. C’est aussi, notre illustre homme fort que fut Louis Cyr. C’est ces églises détruites ou encore en service. C’est la rue Notre-Dame, le théâtre Corona. Mais c’est aussi quelque chose qui prend racine au début de la colonisation de l’île de Montréal.

Autochtones et coureurs des bois sont familiers de ce territoire dont ils contournent les rapides du fleuve en empruntant ces terres connues maintenant sous le nom de Saint-Henri.

Si plusieurs ouvrages font remonter la fondation d’une première tannerie à Montréal en 1685, cela est dû à un certain malentendu aux dires de monsieur Guy Giasson président actuel de la Société historique de Saint-Henri. Prenant appui sur un document judiciaire daté du 27 novembre 1686, cette date n’est pas liée à la fondation de la tannerie mais plutôt à une passation de propriété d’une manufacture de tannage de peaux qui existait préalablement à cet acte de vente.

C’est ainsi que sur la foi du travail de recherche de Guy Giasson, l’on doit remonter jusqu’à la période de l’intendance de Jean-Talon en Nouvelle-France (1665-1672). Ce qu’on appellera éventuellement Saint-Henri-des-tanneries fut l’endroit où l’on fonda la deuxième tannerie en Nouvelle-France sous l’instigation de l’intendant Talon alors que la première apparut à Pointe-Lévy (Lévis) en 1668. D’ailleurs, dès 1671, Jean Talon s’énorgueillissait d’être vêtu de la tête au pied de produits du pays.

Cette première tannerie (montréalaise) était située près de la décharge de la rivière Saint-Pierre, à proximité de la falaise Saint-Jacques. Le traitement des peaux et du cuir avec ses odeurs nauséabondes nécessitent l’éloignement physique d’une telle entreprise donc loin des fortifications de Ville-Marie où se condense la population. De plus, comme l’apport en eau est primordial, il faut s’installer là où l’accès à l’eau est facile et disponible.

L’une des grandes familles de tanneurs est certes celle de Gabriel Lenoir dit Rolland. D’abord, en 1713. Lenoir dit Rolland entre au service de la tannerie. L’année suivante, il épouse la fille du propriétaire (Charles de Launey) et devint associé de ce marchand. La lignée des Lenoir dit Rolland s’étant beaucoup multipliée et s’étant installée dans ce secteur de Montréal, l’on appela familièrement l’endroit le côteau des tanneries des Rolland (1780). Un recensement datant de 1781, nous indique que des onze maisons se trouvant à l’emplacement du village des tanneries, six d’entre elles sont la propriété des rejetons (voire frères, cousins) Lenoir dit Rolland. En passant, pour la petite histoire, Gabriel Lenoir dit Rolland, est le fils de l’un des soldats du régiment Carignan-Salières venu défendre la colonie à la demande de l’intendant Jean Talon (1665). Arrivée dont on commémorait justement cette semaine à l’Hôtel de Ville de Montréal le 350ème (LE DEVOIR, 15 septembre 2015).

C’est finalement en 1813 que l’on parle officiellement de Saint-Henri-des-tanneries. Parallèlement au développement de cette vie économique se développe la vie sociale et paroissiale du territoire. En 1867, on érige canoniquement la paroisse Saint-Henri par détachement de celle de Notre-Dame comme il est coutume à l’époque. Se greffe ainsi avec le temps une agglomération autour des tanneries. Et ce territoire paroissial couvre celui des villages de Délisle, Saint-Augustin, la ferme Saint-Gabriel, la Rivière-Saint-Pierre et Saint-Henri-de-la-Côte-Saint-Paul.

En 1894, la ville de Saint-Henri devient la Cité de Saint-Henri puis croulant sous le poids des dettes se laisse annexer par la ville de Montréal le 30 octobre 1905. Aujourd’hui, comme tout un chacun sait, le quartier Saint-Henri est un secteur de l’arrondissement du sud-ouest de Montréal.

Après ce petit détour historique forcément incomplet et sur lequel nous reviendrons ultérieurement dans un autre article complémentaire à celui-ci, retournons aux vestiges excavés du chantier du nouvel échangeur Turcot. La semaine dernière 13 septembre 2015, les différentes instances au dossier MTQ, MCC (ministère de la Culture et des Communications) ainsi que la mairie de Montréal ont indiqué deux choses. La création d’un comité ayant pour mandat de mettre en valeur les 150 caisses d’objets et d’artefacts récupérés sur le site afin d’en assurer un suivi de diffusion.

Quant au site excavé dont on nous dit qu’il équivaut à 3 à 4 terrains de football, il sera irrémédiablement détruit puisque ce sol est trop instable et marécageux donc impropre à soutenir correctement les dalles et les bretelles du nouvel échangeur Turcot. Sans oublier, l’installation prévue d’un collecteur d’eaux usées devant transiter par le site pour le bénéfice de 140 000 ménages du secteur.

N’étant pas en mesure de nous faire une tête bien précise sur ce dossier tout en saisissant les tenants et aboutissants d’un tel projet de destruction, mais de surplus, étant conscient de l’enjeu patrimonial sous-jacent, nous mettons la question suivante sur la table. À supposer que le MTQ doive aller de l’avant avec la destruction du site suivi du remblaiement, est-il techniquement possible de préserver un espace-témoin d’un certain périmètre et qui ne viendrait pas mettre en péril la solidité et la fiabilité de la structure du nouvel échangeur Turcot? Autrement dit, faut-il irrémédiablement tout détruire ou peut-on se permettre grâce à notre ingénierie doublée de notre ingéniosité permettre un espace-témoin de nature matérielle et non pas simplement virtuelles?

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BIBLIOGRAPHIE ET LIENS UTILES

1- MARTIN, André. Les charmes discrets de Saint-Henri, Vie des Arts, vol. 26, no 105, 1981-1982, p. 23-25. Dans Erudit.org

http://www.erudit.org/culture/va1081917/va1174852/54479ac.pdf

2- LE POTIN DES TANNERIES. LE BULLETIN D’INFORMATION DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-HENRI

http://acqc.ca/wp-content/uploads/2015/09/potins-sp%C3%A9cial-%C3%A9t%C3%A9-2015.pdf

 

 

 

 

 

 

LE MUSÉE DES HOSPITALIÈRES DE L’HÔTEL-DIEU DE MONTRÉAL

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(Photo: Alain Laforest, 2001; Le site officiel du Mont-Royal)

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(Une partie de l’escalier de chêne du musée. Source: Itinéraires Musées)

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C’est dans le cadre du 350ème anniversaire de la fondation de Montréal que fut inauguré le 18 mai 1992 le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et ce dans le même élan que l’inauguration du Musée de Pointe-à-Callière.

Ainsi, c’est dans la foulée des préparatifs menant à la commémoration du 350ème de Montréal (1992) que nous nous sommes dotés de deux musées ayant trait à l’histoire de Montréal et à ses origines (1642) à savoir le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, mieux connu sous l’appellation de musée Pointe-à-Callière et un peu moins connu le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

Aujourd’hui dans le cadre de cet article, nous nous intéressons au musée des Hospitalières. D’entrée de jeu, il importe de souligner qu’un projet muséal ne s’improvise pas. il faut être en mesure de répondre aux exigences de la muséographie. Il faut procéder à l’inventaire de la collection: documents d’archives, objets, artefacts, oeuvres d’art.

Puis suite à une étude de faisabilité et d’évaluation du patrimoine conservé, l’on peut procéder à l’étape de la mise sur pied physique d’un musée. C’est ce à quoi se sont astreintes les soeurs Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Les différentes expertises requises se firent entre 1985 et 1987. Tout ce travail d’inventaire et d’analyse a été validé par des spécialistes et des muséologues. La table était mise pour la réalisation d’un projet muséal dont la décision fut prise en 1988.

Il faut dire que les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph (RHSJ) qui au fil des trois derniers siècles avait accumulé une imposante collection d’objets et de documents n’en étaient pas à leurs premières armes. En effet, sporadiquement au cours du XXème siècle, elles avaient commémoré certains événements et anniversaires liés à la vie de leur communauté. On pense, entre autre chose, au tricentenaire de la mort de Jeanne Mance en 1973 où une année entière, elles tinrent une exposition d’objets et de documents en leur possession.

C’est cette longue tradition de commémoration d’événements et d’anniversaires qui conduisit, petit à petit, les Hospitalières à envisager le projet d’un vrai musée avec un lieu physique permanent, doté d’une exposition permanente et complété par des expositions temporaires. En 1983, l’on crée au sein de la communauté des RHSJ un secteur des biens historiques doublé d’un comité du musée dont le tout se concrétise vers la fin des années 80 comme mentionné plus-haut.

Tout en étant de taille modeste, le musée des Hospitalières de l’avenue des Pins répond aux normes les plus modernes de la muséographie. Il se meut dans les entrelacs de l’histoire, de la médecine, de la science des soins, de la religion et de l’architecture. C’est un lieu intimement lié à la mémoire et à l’origine de Montréal.

On ne peut terminer cet article sans parler de ce fameux escalier de chêne installé dans le hall d’entrée. Cet escalier vient de l’ancien prieuré de Saint-Thomas de La Flèche (Sarthe). Il est de chêne sculpté datant du XVIème siècle et il est un modèle classique de l’artisanat angevin de l’époque. Cet escalier de chêne monte deux étages de vingt et une marches chacun. La hauteur du sol au premier est de 3,42 m et du premier au second de 3,38 m.

Cet escalier offert en 1963 par le département de la Sarthe (France) à la Ville de Montréal fut entièrement rénové par les Compagnons du Devoir. Une rénovation qui nécessita l’ajout d’élément en chêne canadien d’où certains contrastes avec le brun foncé du bas de chêne d’origine. Puis la Ville de Montréal en fit cession aux Hospitalières dans le cadre du projet de leur musée en 1992.

Voici comment s’est exprimé le préfet de la Sarthe de l’époque, Monsieur Pierre-Marcel Wiltzer qui en fit cadeau au maire de Montréal Jean Drapeau. « Ce don de la Sarthe à la mairie de Montréal constitue le témoignage le plus éclatant de la solidité des liens séculaires et familiaux qui existent entre nos deux peuples ».

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

ETTER, Éric, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Continuité, no 55, 1992-1993, p. 42-45/ http://id.erudit.org/iderudit/16342ac

LANDRY, Armour, L’escalier de chêne de La Flèche: souvenir au pays angevin, Vie des Arts, no 32, 1963, p.62-63/ http://id.erudit.org/iderudit/58503ac

MIRANDETTE, Marie-Claude, Deux musées en marge des grandes institutions, Vie des Arts, vol. 137, no 148, 1992, p. 44-53/ http//id.erudit.org/iderudit/53646ac

PAYER, Thérèse et Nicole Bussières, L’Hôtel-Dieu de Montréal fondé par Jeanne Mance célèbre son 350è anniversaire, Pierres vivantes, 1991, p.8-9.

TRUDEL, Jean, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal: un musée à visiter, Histoire Québec, vol. 2, no 1, 1996, p. 30/ http://id.erudit.org/iderudit/71379ac

LIEN UTILE:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/

LES HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH DE MONTRÉAL

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(Photo: Pedro Ruiz. LE DEVOIR, 5 mars 2014)

 

62659-v6 hôtel-dieu(Illustration intitulée, Montréal: Hôtel-Dieu, ou l’Hôpital général catholique, publiée dans le Canadian Illustrated News, 24 avril 1875)

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(Plan partiel de l’enclos de l’Hôtel-Dieu de Montréal montrant l’état des lieux de 1734-1828. Dressé par Aristide Beaugrand-Champagne, Architecte. Sur les plans de l’époque et d’après des descriptions conservées dans les Archives des Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal)

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(Jeanne Mance au secours d’un blessé. Bronze de Louis-Philippe Hébert placé devant l’Hôtel-Dieu de Montréal)

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Nous pouvons toujours nous targuer de connaître un tant soit peu Jeanne Mance et le célèbre hôpital de l’Hôtel-Dieu. Mais qu’en est-il de ces femmes qui pendant trois siècles ont tenu à bout de bras et dirigé le plus ancien hôpital de Montréal. Hélas, peu de choses.

Ces femmes se sont les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal (RHSJ). Le devoir de reconnaissance nous incite à vous présenter d’une manière très succincte leur origine et leur histoire.

Leur origine se confond avec celle de la fondation du bourg de Ville-Marie. Le tout commence dans la France dévote du XVIIème siècle. En 1630, un pieux laïc du nom de Jérôme Le Royer sieur de La Dauversière (1597-1659) suite à une vision qui le conduira à vouloir édifier une mission catholique sur l’île de Montréal, mais ne pouvant mettre immédiatement son projet à exécution, invite en 1636 de jeunes filles séculières à oeuvrer auprès des malades dans le nouvel Hôtel-Dieu de La Flèche (département de Sarthe). C’est une nommée Marie de la Ferre (1589-1652) qui co-présidera avec lui à la fondation des Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche. Elle en sera la première supérieure. Puis ayant été reconnues en 1643 par l’évêque d’Angers, les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche sont officiellement nées.

Entre 1640-1641, le projet de Jérôme Le Royer d’un établissement missionnaire auprès des amérindiens de l’île de Montréal commence à prendre forme. De son côté, Maisonneuve persuadera Jeanne Mance de se joindre à l’entreprise. Elle aura le mandat de fonder et de s’occuper d’un hôpital. Ce qu’elle fit quelques trois ans après l’arrivée de la première recrue soit en 1645 . Bien que l’on puisse supposer qu’il existait entre 1642 et 1645, un proto-hôpital à l’intérieur du Fort de Ville-Marie.

En 1659, lors d’un voyage en France, Jeanne Mance recrute trois hospitalières de La Flèche afin de la soutenir dans son travail d’infirmière. C’est à partir de cette date que, petit à petit, les soeurs Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal prendront leur place dans l’histoire de Montréal.

Les débuts des Hospitalières en Amérique sont difficiles même Mgr Laval leur est un peu hostile. En vain pour lui, car en 1666, le pape Alexandre VI érige canoniquement la communauté lui donnant ainsi toute sa respectabilité.

Avec le temps, la communauté montréalaise des Hospitalières se « canadianise ». En effet, dès 1700, la majorité des trente hospitalières sont nées au pays. Tous s’accorde pour reconnaître que la vie d’infirmière, surtout en cette époque où l’on procède avec les moyens du bord et les connaissances du temps, est exigeante. Cela sans compter qu’en moins de quarante ans, le bâtiment d’époque de l’Hôtel-Dieu fut à trois reprises la proie des flammes (1695,1721,1734).

Lors de la Conquête anglaise de la Nouvelle-France (1759), il y eu un temps d’incertitude où l’on a craint un possible rapatriement en France mais qui au final n’aura pas lieu.

Le vent tourne au XIXème siècle avec une progression numérique des vocations ainsi qu’une expansion territoriale allant du Nouveau-Brunswick au Vermont. En 1860, les Hospitalières cèdent la direction médicale à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Puis dans le même élan, l’on abandonne les installations du Vieux-Montréal pour se rabattre dans une zone plus champêtre située un peu plus au nord que l’on nomme le Mont Sainte-Famille qui est, en quelque sorte, le site actuel de l’Hôtel-Dieu sis à l’angle de la rue Saint-Urbain et de l’avenue des Pins.

Puis dans les années 70 avec l’étatisation progressive des soins de santé au Québec, la communauté des Hospitalières est amenée à diversifier ses activités. Aujourd’hui, avec l’arrivée du méga-hôpital que représente le CHUM, l’on sait qu’à très court terme le pavillon de l’Hôtel-Dieu sera fermé. Un énième défi se pointe pour les Hospitalières mais aussi pour l’ensemble des citoyens montréalais à savoir que fait-on de ces bâtiments patrimoniaux? Peuvent-ils (ces bâtiments) revendiquer et soutenir une autre vocation? La question est déjà sur la table et de vifs débats sont à prévoir.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

CLÉMENT, Béatrice, Marie de la Ferre 1589-1652. Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal, 1964. Ouvrage recensé par Lionel Groulx, Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 18, no 2, 1964, p. 301-302/ http://id.erudit.org/iderudit/302378ar

GAGNON, Hervé, Soigner le corps et l’âme: Les Hospitalières de Saint-Joseph et l’Hôtel-Dieu de Montréal, XVIIè-XXè siècle, éditions GGC, Sherbrooke, 2002.

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LOUIS-PHILIPPE HÉBERT

(Louis-Philippe Hébert (1850-1917), célèbre sculpteur québécois. Une oeuvre de plus d’une quarantaine de monuments célèbres et reconnus)

24 JUIN 1615 / 24 JUIN 2015

 

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(Peinture du frère Pascal-Marie Buisson, ofm, sur l’arrivée des Récollets avec Champlain. Œuvre peinte en 1909 dans le cadre du 7ème centenaire de la fondation de l’Ordre des frères mineurs par S. François d’Assise. Elle est conservée chez les Franciscains de Montréal, 5750 boul. Rosemont. Photo prise par Néhémie Prybinsky, ofm.)

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En ce 24 juin 2015, deux événements sollicitent notre mémoire historique par-delà quatre cents ans de distance. En effet, c’est le 24 juin 1615 que deux missionnaires Récollets (branche de la famille franciscaine), les pères Denys Jamet et Joseph Le Caron, accompagnant Champlain, célébrèrent l’une des premières messes historiquement connue, retenue et documentée*, sur le territoire de l’Île de Montréal et ce tout au bord de la rivière des Prairies au lieu dit du Sault-au-Récollet.

C’est dans ce contexte de commémoration que cette année, la traditionnelle messe de la Saint-Jean-Baptiste à Montréal sera célébrée. À l’occasion de cette célébration, l’on soulignera le 400ème anniversaire de la venue des Récollets (franciscains) en Nouvelle-France ainsi que celui de l’une des premières messes en sol montréalais.

L’on me permettra une toute petite digression mais en lien tout de même avec ce qui précède. En effet, il m’est impossible de terminer ce texte sans évoquer l’église patrimoniale de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie-du-Sault-aux-Récollets, mieux connue sous l’appellation courante de l’église de la Visitation sise sur le boulevard Gouin dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Cette église est la plus ancienne de Montréal. Elle fut érigée entre 1749 et 1751. Elle est classée désormais monument historique depuis 1974. Cette église est non seulement la plus ancienne mais elle est aussi la seule pouvant se revendiquer de la période du Régime français qui subsiste encore sur le territoire montréalais.

L’église abrite l’équivalent d’une cinquantaine d’œuvres d’art allant de peintures et de sculptures en passant par des pièces de mobilier et d’orfèvrerie. Sans oublier la voûte sculptée, les tombeaux des autels, les portes en bois sculptées polychrome, l’orgue centenaire et finalement le clocher d’où l’on peut voir la ville dans son entièreté.

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* Par respect pour l’histoire, celle que l’on écrit et qui laisse des traces dans des textes que l’on peut justement « retracer », il importe de faire dans la nuance et dans la distinction. En effet, il est toujours hasardeux de prétendre que tel événement en l’occurrence ici la célébration d’une messe soit hors de tout doute raisonnable la première. Il importe de ne pas perdre de vue que des navigateurs-explorateurs tel Cartier et Champlain avaient dans « leurs bagages » des religieux ministres du culte. Donc des messes non officielles, c’est-à-dire non documentées non retraçables historiquement parlant, ont pu être célébrées à différents endroits du Nouveau Monde. C’est pourquoi si par commodité de langage voire par raccourci de langage, l’on parle de première messe ici et là, il nous faut avoir l’humilité de reconnaître plutôt l’une des premières messes connues, retenues et documentées par l’écriture de l’histoire que certains nous ont laissés.

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(église patrimoniale de la Visitation. Source: Wikipédia.)

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE MONTRÉAL (1858)

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(Les armoiries de la Société historique de Montréal et sa devise « Rien n’est beau que le vrai / Boileau)

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D’emblée, il importe de dire qu’il est de mise que le premier article de notre journal-web porte sur la Société historique de Montréal puisque par définition cette société savante se veut le lieu, le lien et le diffuseur de la mémoire de Montréal. Fondée le 11 avril 1858, cet organisme à but non lucratif est la plus ancienne Société d’histoire au Canada. Elle se voue à l’étude et à la diffusion de l’histoire de Montréal des origines jusqu’à aujourd’hui. Elle résulte d’une réunion à laquelle participait quatre personnes dont le premier maire de Montréal à savoir Jacques Viger (1787-1858). Membre-fondateur de la Société, Jacques Viger fut maire de Montréal de 1833 à 1836. Elle est à l’origine d’une autre société savante de l’époque connue sous le nom de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal (1862).

Comme toutes les sociétés savantes, la Société historique de Montréal aime remettre des distinctions et des honneurs. Ainsi, une fois l’an, elle remet le prix Percy W. -Foy ainsi que le prix Robert-Prévost, celui-ci à tous les trois ans afin de soutenir et d’encourager la diffusion d’un livre prometteur portant sur l’histoire de Montréal ou sur un élément d’histoire en lien avec le Québec.

Occasionnellement, elle remet la grande distinction qu’est la Médaille de la Société afin de souligner une contribution particulière à la vie montréalaise et à son histoire. Notre historien national Lionel Groulx en fut un jour bénéficiaire. En effet, le 20 avril 1933, dans le cadre de son 75è anniversaire, la SHM lui décerne la « Médaille vermeille » laquelle lui fut remise des mains du maire de Montréal de l’époque, Fernand Rinfret. Sans oublier les promotions aux titres de Membre d’honneur et la reconnaissance officielle à titre d’insigne bienfaiteur ou bienfaitrice que l’on souligne périodiquement.

Depuis l’automne 2010, la Société historique de Montréal publie une revue portant sur le rayonnement culturel de la métropole. Cette revue a pris le relais de ce qui au départ était un bulletin de l’organisme depuis 1993 qui fut fondée par Lise Montpetit-Cadotte, présidente de la SHM de 1991 à 1995. De plus, toujours à son actif, la Société, en collaboration avec Radio Ville-Marie et la Fondation Lionel-Groulx, produit et anime une émission radiophonique diffusée, bien sûr, sur les ondes de RVM (91,3 FM) intitulée Nouveaux regards sur notre histoire. On peut retrouver les audios des émissions sur le site web de la SHM. La Société historique de Montréal organise aussi des conférences mensuelles sous le titre Les samedis de l’histoire, tenues le premier samedi du mois au Musée Pointe-à-Callière. Finalement, l’une des grandes activités sous l’égide de la Société historique de Montréal depuis 1917 est la commémoration annuelle de la fondation de notre ville. Cette commémoration fut créée à l’occasion du 275ème anniversaire de la ville à l’instigation de Victor Morin, à l’époque président de la Société Saint-Jean-Baptiste et de la Société historique de Montréal. Cette activité commémorative se tient tous les ans sur la place d’Armes le dimanche le plus près du 17 mai, date de l’arrivée des fondateurs et fondatrices de Montréal. Cette cérémonie civique dès 1917 est précédée d’une messe célébrée en la basilique Notre-Dame par l’archevêque de Montréal. Cette année (2015 ndlr), le hasard du calendrier veut que le 17 mai soit un dimanche. Donc, les astres sont bien alignés pour cette 98ème commémoration. Au plaisir de vous y voir.

P.S. (1) La Société historique de Montréal est sous la présidence de Monsieur Jean-Charles Déziel depuis l’an 2000.

P.S. (2) Depuis février 2018, l’historien Robert Comeau assume désormais la présidence de la Société historique de Montréal.

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LIEN UTILE:

http://www.societehistoriquedemontreal.org/