JACQUES VIGER (1787-1858)

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(Photographie: Portrait de Jacques Viger (vers 1850) copie réalisée pour J. Lovell en 1891 par  Wm. Notman & Son. Plaque sèche à la gélatine, 17 X 12 cm. Musée McCord). En version bleutée pour nos lecteurs.

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Lorsque l’on évoque le nom de Jacques Viger, l’on pense d’abord à celui qui fut le premier maire de Montréal (1833-1836) puis en second à l’un des quatre membres-fondateurs de la Société historique de Montréal (1858). Pourtant, l’on ne peut réduire l’ensemble de l’œuvre et de l’action à ces deux éléments. En effet, l’homme est en quelque sorte un monument du Bas-Canada. Jacques Viger est un touche-à-tout. Il est selon les moments de sa vie, journaliste, officier de milice, fonctionnaire et homme politique.

Au plan familial, il est entre autre cousin de Denis-Benjamin Viger, de Louis-Joseph Papineau et de Mgr Jean-Jacques Lartigue. Au cœur de ce réseau familial, il fera office d’informateur et de conseiller informel. C’est un érudit et un fonctionnaire méticuleux. À l’époque, il n’y a pas de ville de Montréal proprement dite avec une charte et attribution des fonctions et responsabilités mais une administration municipale embryonnaire dont les juges de paix font office d’administrateurs. Le principal fonctionnaire municipal est alors l’inspecteur des grands chemins, rues, ruelles et ponts. On est vraiment dans le basic. C’est ce poste qu’obtiendra Viger en décembre 1813.

C’est un homme d’action et de dossiers. Il initie une certaine planification urbaine avant l’heure. Il a entre autre chose élaboré deux registres des rues de Montréal, l’un en 1817 et le second en 1837. En 1825, il est nommé avec un certain Louis Guy commissaire du recensement pour ce qu’on appelait à l’époque le comté de Montréal qui couvrait l’ensemble de l’île de Montréal. Sa méticulosité légendaire fit en sorte qu’il ajouta une série de questions de son cru à ce recensement dont la compilation a permis de prendre une radiographie sociale et économique de grande qualité pour l’histoire de la ville de Montréal.

Pendant le mandat de trois ans où il fut maire (1833-1836), il fit entreprendre d’importants travaux de drainage dans les faubourg de Montréal. Il faut dire qu’en juin 1832, Montréal est frappée par une épidémie de choléra qui fera au bas mot au moins 2000 victimes. À l’époque, on a attribué cette poussée de choléra en partie à l’état marécageux de la zone de Montréal qui s’étend au nord de la rue Sainte-Catherine, au pied de la côte de la rue Sherbrooke.

Finalement, en 1836, l’on change les règles du jeu de la politique municipale: le poste de maire est aboli et l’administration de la Ville revient aux juges de paix. Puis quatre ans plus tard, il est écarté de son poste d’inspecteur des chemins. Ses accointances familiales ainsi qu’un certain mauvais entretient des rues de la ville auraient joué en sa défaveur.

Qu’à cela ne tienne, en 1834, il préside le premier banquet de la Société Saint-Jean-Baptiste. Nous sommes à l’aube de la Rébellion de 1837-1838. Bien qu’il ne jouera aucun rôle durant ces troubles politiques, il se portera à la défense de Ludger Duvernay lors de son emprisonnement en 1836. Puis en 1858, quelques mois avant sa mort, il fondera avec quelques collaborateurs la Société historique de Montréal.

En guise de conclusion, comme nous le disions plus haut, cet homme aux multiples facettes conjugue l’action, les travaux savants et la curiosité de l’érudit au service de sa société. Il mérite amplement d’être mieux connu particulièrement par les Montréalais.

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(Une présentation sommaire de Jacques Viger dans le cadre de Chronique Montréalité sur MA.tv)

 

 

(Jacques et Marguerite Viger. Une correspondance de guerre/1812-1813)

 

(Un document de Jacques Viger en tant qu’inspecteur de la cité et de la paroisse de Montréal datant de 1825). (Archives de Montréal).

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

BEAUDOIN, Léo et Renée BLANCHET, Jacques Viger, une biographie (suivi des lettres de Jacques et Marguerite 1808-1813), Coll. Études québécoises, VLB, Montréal, 2009. (272 pages).

 

 

JEANNE MANCE (1606-1673)

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(Image classique de Jeanne Mance. Bibliothèque et Archives nationales du Québec/52327/1956775)

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(Signature de Jeanne Mance. Archives de Montréal)

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(La Pointe-à-Callière avec emplacement du premier Hôtel-Dieu. Archives de Montréal)

141023_vg4ar_cptt-hugo-lavoie_sn635 Maison de Jeanne Mance

(La maison familiale de Jeanne Mance aujourd’hui. 11 rue Barbier d’Aucourt (Langres). Anciennement rue de l’Homme Sauvage. Source: ICI Radio-Canada Première. Hugo Lavoie, émission C’EST PAS TROP TÔT, 23 octobre 2014)

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Jeanne Mance nous est connue d’abord comme fondatrice et administratrice du premier hôpital de Montréal à savoir l’Hôtel-Dieu (1645) puis depuis quelques années comme co-fondatrice de Montréal avec Maisonneuve. Jeanne Mance est née à Langres (France) le 12 novembre 1606 et meurt à Montréal le 18 juin 1673 à l’âge de 66 ans. Puisqu’elle faisait partie de la première recrue de colons de 1642, c’est pendant trente et un de sa vie qu’elle fut administratrice de l’Hôtel-Dieu. C’est sous le patronage et le soutien financier d’une riche veuve ayant gardée l’anonymat à l’époque mais connue plus tard comme étant Mme De Bullion que Jeanne Mance a reçu le « mandat » de faire bâtir un Hôtel-Dieu dans la nouvelle colonie. L’on convient tout de suite, qu’un tel bâtiment qui permettra de soigner, guérir et soulager non seulement les colons mais aussi les Amérindiens du territoire est indispensable. La fondation d’une colonie et sa pérennité et particulièrement d’un Hôtel-Dieu a nécessité des allers-retours récurrents pour Jeanne Mance et Maisonneuve. En effet, l’infirmière-administratrice a dû faire la navette à trois reprises entre Ville-Marie et Paris (1649-1650; 1658-1659; 1662-1664). Considérant la pénibilité des conditions de voyage cela mérite respect. Mlle Mance meurt, comme on disait à l’époque, en odeur de sainteté le 18 juin 1673.

Il importe de signaler que sa cause de béatification a été introduite, il y a déjà très longtemps soit en 1959 dans l’Archidiocèse de Montréal et que tout récemment soit le 7 novembre 2014, l’actuel pape François a donné l’autorisation à la Congrégation pour la cause des saints de promulguer le décret de reconnaissance des vertus héroïques de Jeanne Mance afin qu’elle soit reconnue vénérable, première des trois étapes menant à la canonisation.

Au plan civil, la fondatrice de l’Hôtel-Dieu est désormais reconnue officiellement par la Ville de Montréal comme co-fondatrice à l’instar et à l’égal de Maisonneuve (17 mai 2012).

Précédemment, elle fut désignée personnage historique national le 15 juillet 1998 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Puis encore plus récemment soit le 17 mai 2013 elle fut reconnue personnage historique par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE RECOMMANDÉE

DAVELUY, Marie-Claire, Jeanne Mance, Fides, Montréal, 1962.

DEROY-PINEAU, Françoise, Jeanne Mance, de Langres à Montréal, la passion de soigner, Bellarmin, Montréal, 1995.

DOLLIER, DE CASSON, Histoire de Montréal, Eusèbe Sénécal, Montréal,1871.

FAILLON, Michel, Vie de Mademoiselle Mance et histoire de l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie en Canada, Paris, 1854.

 

LIENS UTILES:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/

http://www.jeanne-mance.fr/

CHRONIQUE LIVRES

VILLE-MARIE EXPRESS tiendra régulièrement une chronique portant sur des publications ayant trait à l’histoire de Montréal. En stricte rigueur de termes ce sera moins une recension en bonne et due forme qu’une présentation général d’un livre ou d’un article en faisant ressortir ses lignes de force et ses informations pertinentes.

À tout seigneur tout honneur, notre première présentation portera sur un livre intitulé Les Origines de Montréal *. Ce livre est le fruit d’un colloque organisé par la Société historique de Montréal tenu il y a 23 ans dans le cadre du 350ème anniversaire de Montréal (Mai 1992).

Jean-Rémi Brault s’est assuré de colliger les seize textes qui ont été lus lors de ce colloque et en signe l’introduction. Le résultat donne un livre de 277 pages où l’on revisite à frais nouveau différents aspects des débuts de la colonie/bourgade de Ville-Marie.

L’ensemble de l’ouvrage nous permet autant de mieux connaître l’arrière-plan socio-religieux de la France catholique de la première moitié du XVIIème siècle sur lequel s’est édifiée cette folle aventure en terre nord-américaine que le rôle des différents protagonistes qui ont donné naissance à un projet original de « colonisation » et d’évangélisation.

Puisque chacun des textes figurant dans cette publication méritent une présentation adéquate et un commentaire particulier, VILLE-MARIE EXPRESS échelonnera sur plusieurs semaines la présentation des seize articles regroupés dans le volume.

Ainsi, vous retrouverez sous peu une appréciation du texte de l’historienne Dominique Deslandres intitulé Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal.

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* Jean-Rémi BRAULT (dir.). Les Origines de Montréal. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal. Leméac. Montréal. 1993

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(page couverture de la maquette du livre Les Origines de Montréal)

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Jean-Rémi Brault est maître en histoire de l’Université d’Ottawa. Il a fait carrière dans l’enseignement et dans la gestion de bibliothèques. Il a été directeur général à la Bibliothèque Nationale du Québec.