LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE MONTRÉAL (1858-2018)

LIMINAIRE

Le 11 avril 1858, un quatuor de personnes impliquées dans la vie de Montréal décida de fonder pour le présent de leur époque et pour la postérité la Société historique de Montréal. Cette société savante célèbre cette année son 160è anniversaire de fondation. Pour le bénéfice de nos lecteurs et lectrices, nous reproduisons l’article inaugural* de VILLE-MARIE EXPRESS de mars 2015 portant à juste titre sur la Société historique de Montréal fondée, entre autre, par le maire de Montréal et inspecteur-surintendant de l’époque, Jacques Viger (1787-1858).

*  Cet article fut revu, corrigé et amélioré le 11 avril 2018 par le rédacteur de VILLE-MARIE EXPRESS.

http://ville-marie-express.quebec/index.php/2015/03/

 

 

 

 

 

LA CROIX DU MONT-ROYAL (1643-2018) 375 ANS APRÈS MAISONNEUVE

(photo: Olivier Jean. Archives La Presse)

(Vue de soir de la croix illuminée. Photo: source inconnue)

(Vitrail représentant le geste de Maisonneuve du 6 janvier 1643. Photo: Basilique de Montréal)

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Quelques deux centaines tout au plus de valeureux et de valeureuses catholiques montréalais et montréalaises ont bravé le froid sibérien de texture québécoise afin de se mettre dans les pas de Paul Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Montréal avec sa collègue Jeanne Mance en refaisant un petit parcours sur la montagne montréalaise afin de commémorer l’installation de la première croix (en bois) fait par Maisonneuve.

L’on sait que fin décembre 1642, le fort de la jeune colonie étant installé sur une pointe jouxtant le fleuve, la formation d’une embâcle sur la petite rivière Saint-Pierre menaçait de sortir de son lit et ainsi inonder le fort de la colonie. Priant instamment la Vierge de les préserver d’un tel malheur, Paul Chomedey promit en retour d’aller planter une croix sur la montagne.

C’est ainsi que le 6 janvier 1643, honorant sa promesse, les membres de la jeune colonie, Maisonneuve en tête, escalade la montagne pour y planter une croix. Cette croix de bois nul n’en trouve la trace maintenant et la croix que l’on voit tant le jour que la nuit à l’un des sommets de la montagne, c’est la croix de 1924.

Afin de bien en apprécier les tenants et aboutissants de cette croix du Mont-Royal qui surplombe la ville de Montréal, nous allons comme à notre habitude faire un petit détour par l’histoire. Et nous allons y découvrir beaucoup plus de choses que l’on y aurait pensé auparavant.

En effet, c’est en 1924 à l’initiative de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal qu’un projet d’une croix métallique et illuminée prend forme. La SSJB-M reprend une idée lancée par l’abbé Alexandre-Marie Deschamps, alors curé de Saint-Sulpice, à l’occasion de la fête de la Saint-Jean-Baptiste de 1874 lors d’un sermon dans lequel il exhortait à reprendre le geste du premier gouverneur de Montréal.

Le projet était tombé dans l’oubli jusqu’à ce qu’il soit repris en 1924 par la SSJB-M. Mais, attention, la relance du projet s’inscrit dans un vaste projet d’affirmation patriotique et de résistance nationale. Il faut se remettre en mémoire que dans les années 20, nous sommes au Québec en pleine fièvre nationale pour ne pas dire nationaliste.

C’est la grande époque de Henri Bourassa et son nationalisme canadien, de Lionel Groulx et de son nationalisme typiquement canadien-français. À l’époque les différentes Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Canada français et même des États-Unis en mènent large. Et particulièrement la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal sous la présidence de Victor Morin.

Nous vous avions déjà parlé de ce Victor Morin. C’est lui qui avait organisé la première célébration et première commémoration de la fondation de Montréal en 1917 avec au menu une messe suivie d’activités familiales dans tout le Vieux-Montréal, berceau historique de la fondation de Montréal.

De 1891 à 1930, une frénésie de commémoration pullulent ici et là dans tout l’Occident et particulièrement au Québec et à Montréal. C’est une époque de recherche de marqueurs identitaires. Tiens! Tiens! Comme les temps se ressemblent étrangement. Ici, à Montréal, les nobles élites tant francophones et qu’anglophones se disputent l’espace public. Mais les francophones marquent le coup.

En allant installer une croix métallique et illuminée sur un promontoire du Mont-Royal c’est une manière pour les Canadiens-français de prendre symboliquement possession d’un territoire historiquement associé à l’élite économique anglophone. Un peu à l’instar de Mgr Bourget au XIXè siècle qui suite à l’incendie de la cathédrale sise sur la rue Saint-Denis décide reconstruire la nouvelle cathédrale dans l’ouest de la ville, partie de la ville historiquement associé à l’élite anglophone. Sans oublier que depuis 1904, se trouve sur un autre versant de la montagne un petit oratoire dédié à Saint-Joseph dont une grande basilique émergera dans les décennies à venir. Et que dire de l’éventuelle installation de l’Université de Montréal.

En effet, depuis 1860 la ville de Montréal est redevenue majoritairement francophone et c’est pourquoi dans les premières décennies du XXè siècle des leaders nationalistes tels que Bourassa et le chanoine Groulx s’évertuent à secouer l’apathie atavique des canadiens-français. Nous sommes français et catholiques et cela doit se voir selon les ténors nationalistes.

C’est ainsi que l’installation d’une croix s’inscrira dans un vaste projet d’affirmation nationale dans une ambiance effervescente. D’abord, le tout commence en mai 1924 par la cession officiel par la Ville de Montréal, d’une portion du territoire de la montagne pour l’installation d’une grande croix. En juin, il y aura un grand congrès auquel participera Lionel Grouxl, et le 24 juin, précisément, il y aura une cérémonie de bénédiction de la pierre angulaire par Mgr Emmanuel-Alphonse Deschamps alors vicaire général du diocèse de Montréal le tout suivi d’un énorme défilé de la Saint-Jean à caractère historique et patriotique contenant pas moins de 24 chars allégoriques ayant pour thème « Ce que l’Amérique doit à la race française  » .

Rappelons tout de suite, pour ne pas heurter les frilosités des uns et des autres, qu’à l’époque le vocable race était utilisé en lieu et place des mots peuple ou nation et que l’un et l’autre s’équivalaient.

Il serait bon de spécifier que pour les organisateurs, l’installation de la croix sur la montagne ne se résume pas au geste accomplie par Maisonneuve. La croix de la montagne se veut aussi liée au geste de Jacques Cartier qui arrivant à Gaspé planta une croix au nom du roi de France. La plantation d’une croix est la réalité et la symbolisation d’une prise de possession d’un territoire à l’instar de la plantation d’un drapeau. N’en déplaise à nos amis autochtones. Tels étaient les us et coutumes de l’époque.

Alors, désormais, lorsque nous regarderons la croix du Mont-Royal, il faudra se remémorer tout cela afin de mieux comprendre tout ce qui se cache de sens et de significations dans cette croix métallique et illuminée de 1924. Il n’y a plus de Mgr Bourget, de Bourassa, de Groulx. Le Québec malgré ses grands succès est en panne. On doit se contenter de fonctionnaires et de notables de la chose politique et de la chose religieuse. Notre apathie atavique est à son comble. Ici, le nationalisme et le catholicisme sont des cadavres en sursis. Qui aura l’audace d’y insuffler le souffle de la résurrection? Excusez-m’en le pléonasme.

Malheureusement, pour terminer, je ne peux m’empêcher, et cela bien humblement et en toute fraternité, de réagir à un propos de Mgr Christian Lépine. Bien qu’il est toujours hasardeux de faire un commentaire sur un propos alors que l’on a qu’un extrait et qu’il peut être malhonnête d’en faire le procès. Je me risque quand même. Dans le topo rapporté par Radio-Canada, l’évêque de Montréal affirme péremptoirement que les gens de la colonie de Ville-Marie n’étaient pas venus pour établir une ville française mais plutôt une ville où les Français et les autochtones vivraient ensemble.

Il est vrai que le projet de la colonie de Ville-Marie est un projet privée d’une mission évangélique financée par Jérôme Le Royer de La Dauversière et par Pierre Chevrier, baron de Fancamp. Mais cela s’inscrit tout de même dans le processus de colonisation française du continent nord-américain. Les gens de la colonie de Ville-Marie, ils sont, et Français, et Catholiques. Le problème de la langue ne se pose pas à l’époque. La colonie de Ville-Marie est et sera implicitement française et catholique. Cela tombe sous le sens.

Alors pourquoi l’évêque de Montréal fait-il ce distinguo? Cette petite phrase n’est pas anodine d’autant plus que les caméras de Radio-Canada sont sur les lieux. Et puisqu’elle n’est pas anodine cela veut dire qu’il s’adresse à ses contemporains montréalais. L’évêque de Montréal exprime-t-il son malaise face à la revendication de Montréal ville française? Si oui, il doit s’en expliquer un peu plus. Sinon, pourquoi tenir un tel propos.

Peut-être s’est-il invité sans nécessairement le vouloir dans l’éternel débat linguistique auquel sont confrontés les francophones de Montréal que l’on n’ose plus appeler canadiens-français depuis qu’on est devenu au final Québécois? Qu’a cela ne tienne, qu’on se le cache ou non, la colonie de Ville-Marie et son projet d’évangélisation des Amérindiens était par définition une colonie française en terre d’Amérique et ce projet de nature privée parce que financé par des particuliers ne pouvait se faire que dans le cadre du processus des projets de colonisation des terres du Nouveau Monde par la France monarchique de l’époque.

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http://http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1076601/mont-royal-montreal-croix-375-anniversaire-paul-chomedey-maisonneuve

ÉDITORIAL: VALÉRIE PLANTE, MAIRESSE DE LA BOURGADE DE MONTRÉAL!

(Valérie Plante à l’Hôtel de Ville le lendemain de l’élection. 6 novembre 2017. Photo: Paul Chiasson .Canadian Press.)

(Soir de l’élection. Valérie Plante entourée de son conjoint et de ses deux fils. Photo: Graham Hughes. Canadian Press.)

(Emission de télé «  Tout le monde en parle « . À gauche, le maire Coderre. À droite, Valérie Plante. Photo: Radio-Canada.)

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Par un heureux hasard, les élections municipales à travers le Québec ont coïncidé avec l’année jubilaire du 375è anniversaire de fondation de Montréal. Les Montréalais et Montréalaises en ont profité pour se faire un cadeau. Un leg du 375è en quelque sorte.

Sur les 42% de Montréalais qui se sont déplacés pour déposer leur bulletin de vote dans l’urne, 51,4% ont décidé de faire confiance à l’illustre inconnue qu’était Valérie Plante au grand détriment du maire sortant Coderre.

Bien qu’il pouvait se targuer d’un bilan somme toute avantageux pour lui, le maire Coderre s’est empêtré inutilement dans la reddition de compte concernant le dossier de la Formule E qui est venu, comme prévu par les observateurs de la scène municipale, empoisonner sa campagne voire même sa non campagne.

En contre-partie, Valérie Plante prenant appui sur un slogan de campagne plutôt audacieux en s’affichant comme « l’homme de la situation » a su au fur et à mesure de ses différentes apparitions publiques gagner la sympathie des Montréalais qui s’est traduit en vote concret dans l’urne.

Valérie Plante qu’on se le tienne pour dit est une force tranquille et une battante. En effet, c’est elle qui a battu Louise Harel dans Ville-Marie en 2013. C’est elle qui a battu à la chefferie du parti Projet Montréal en 2016 le favori Guillaume Lavoie. Pour finalement donner congé à Denis Coderre en ce 5 novembre 2017.

La nouvelle mairesse de Montréal a une formation académique en anthropologie et en muséologie et elle est plutôt proche du milieu communautaire. On pourrait la situer dans la mouvance de la philosophie du care présent surtout en milieu anglo-saxon et tentant de se frayer un chemin en Europe.

Pour ceux qui ne sont pas familier avec la philosophie du care disons que c’est une approche du prendre soin et de la sollicitude envers l’autre. Dans le contexte d’une administration municipale cela peut se traduire par une préoccupation axée sur les besoins concrets des individus vivants dans une ville-métropole comme Montréal plutôt que sur des projets de développement uniquement bon pour la croissance économique et parfois pour certains promoteurs. Bien que l’un peut soutenir l’autre.

Qu’a cela ne tienne, pour paraphraser notre nouvelle mairesse, 375 ans après Jeanne Mance, dont la force de caractère n’est plus à démontrer, les Montréalistes se sont donnés une femme pour tenir le fort et les cordons de la bourse. En espérant, qu’après les politesses d’usage, les gouvernements d’Ottawa et de Québec ainsi que le milieu des affaires de Montréal et du Montréal métropolitain soient capables de travailler avec la nouvelle administration montréalaise.

En passant, on attend toujours la publication d’un communiqué officiel de la part du diocèse de Montréal prenant acte du résultat de l’élection pour féliciter la victoire de Valérie Plante, nouvelle mairesse de Montréal et surtout première mairesse de Montréal en ce 375è anniversaire la notre fondation. Doit-on comprendre que le projet de béatification de la princesse Zita de feu le royaume Austro-Hongrois obnubile « nos saintetés » diocésaines au point de passer outre à la vie montréalaise?

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LE CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE MONTRÉAL (1910): QUAND HENRI BOURASSA FAIT LA POLITESSE À MGR BOURNE

 

(Arche au coin des rues Cherrier et Saint-Hubert. 1910. Bibliothèque et Archives nationales du Québec/BAnQ. CP 5897.

(Grand’Messe en plein air du Congrès eucharistique. BAnQ. CP 5889)

(L’immense et majestueux Reposoir. Parc Jeanne-Mance. Congrès eucharistique de Montréal 1910. Dessin publié par le journal protestant Montreal Witness. Centre d’histoire de Montréal)

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Si dans nos livres d’histoire d’ici et dans nos revues savantes, l’on parle du congrès eucharistique de 1910, c’est moins pour ses processions de l’ostensoir que pour ce fameux discours de Henri Bourassa tenu le 10 septembre 1910 en réplique aux propos de Mgr Bourne, archevêque de Westminster (R.U.).

En ce début de XXè siècle,dans le Québec tricoté à la laine catholique et de mailles de langue française s’est tenu du 6 au 11 septembre 1910, le XXIè Congrès eucharistique international. C’était le premier tenu en sol américain. Presque une semaine de rassemblements, de célébrations eucharistiques, de processions d’ostensoir dans les rues de ville sans oublier les discours politiques à connotation religieuse et les sermons de toutes sortes.

Pourtant nos évêques n’avaient pas lésiné sur les moyens pour en faire une réussite et pour plaire aux différents convives et invités d’honneurs. En effet, le chanoine Georges Gauthier, alors curé de la Cathédrale, fut délégué pour accompagner Mgr Bourne pendant son parcours vers Montréal à bord du célèbre paquebot Empress of Ireland. Navire qui, comme on le sait, fit naufrage quelques années plus tard dans l’estuaire du Saint-Laurent le 29 mai 1914 tout près de Rimouski.

Pour mettre nos lecteurs et lectrices en contexte concernant la réception du discours de Mgr Bourne, il importe de dire que la plupart des évêques irlandais du Canada français de l’époque et particulièrement ceux de l’Ontario, qui avaient abandonné depuis belle lurette le gaëlique pour mieux embrasser la langue d’Angleterre et du pays de Galles, auraient bien trouvé avantageux que les Canadiens-français vivants sous l’Acte de l’Amérique du nord britannique fassent de même. L’on constatera la chose avec le Règlement 17 concernant le régime scolaire en Ontario (1912-1927)

Dans cette optique, sans pour autant vouloir, intentionnellement, conforter « nos » évêques irlandais ainsi que la minorité anglophone, l’Archevêque de Westminster au Royaume-Uni, Mgr Bourne, qui avait pris soin de visiter l’ouest canadien avant de se pointer un samedi soir 10 septembre 1910, à la basilique Notre-Dame eut le malheur de proposer, plus ou moins subtilement aux Canadiens-français, que le meilleur moyen de gagner les immigrants de l’époque et des générations futures à la foi catholique, aurait avantage à se faire dans la langue anglaise.

Si l’Église catholique veut gagner les immigrants cela ne s’accomplira qu’en faisant connaître à une grande partie du peuple canadien, dans les générations qui vont suivre, les mystères de notre foi par l’intermédiaire de notre langue anglaise.

C’était sans compter sur l’impétuosité mesurée de Henri Bourassa, fondateur et directeur du tout nouveau journal montréalais Le Devoir. En effet, le journaliste et homme politique, le moment venu, répliqua ce qui suit

La meilleure sauvegarde de la conservation de la foi chez trois millions de catholiques d’Amérique, le meilleur garant de cette foi, c’est la conservation de l’idiome dans lequel, pendant trois cents ans, ils ont adoré le Christ.

Il n’en fallut pas plus pour que l’assistance chiffrée au nombre de 15 000 personnes se lève d’un bond et se mit à crier et à applaudir à tout rompre.

Connu désormais sous le nom du « Discours de Bourassa », bien que l’on pourrait l’intituler plutôt « Réplique de Bourassa à Mgr Bourne » le texte fait partie de l’histoire des textes et discours incontournables pour connaître l’histoire d’un peuple.

Selon le chercheur Guy Laperrière, le Congrès eucharistique de 1910 est l’un des trois événements avec les funérailles du frère André en 1937 et la visite de Jean-Paul II en 1985 à Montréal ayant éveillé la ferveur religieuse de la société montréalaise.

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PÉRIL EN LA DEMEURE?

(Le Penseur. Bronze d’Auguste Rodin (1840-1917). 1882. Cour de justice de l’Union européenne, Luxembourg.)

(Le Cri. Edvard Munch. Peinture. Oeuvre impressionniste. 1893. L’une des cinq versions.)

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Par définition et en lien avec la mission que nous nous sommes donnée, il nous arrive occasionnellement, d’écrire un texte en mode éditorial qui est évidemment relié à un événement historique concernant Montréal ou tout simplement à l’actualité montréalaise en lien avec l’histoire.

Notre lectorat nous permettra de dévier un tant soit peu à cette ligne éditoriale afin d’aborder une question de société, ou plus précisément à une question ayant trait au vivre ensemble. Mais puisqu’il s’agit d’une question qui est révélatrice de la vie contemporaine de la société montréalaise mais surtout de la société québécoise dans son ensemble, nous pensons que notre propos est de mise. À tout le moins, on se sera positionné sur notre manière de concevoir nos rapports collectifs. Ainsi comme on dit en philosophie politique, vous saurez encore plus et mieux d’où l’on parle.

Certains Québécois, et certains plus que d’autres, aiment nous introduire dans des psycho-drames qu’une société mature devrait se passer. Cela dit, il nous est loisible et permis de soulever certaines questions sur la manière dont les pouvoirs publics gèrent ses dossiers et orientent incidemment l’opinion publique.

Nous ne reprendrons pas tout ce qui s’est dit et écrit sur toutes les plate-forme à propos de cette arrivée que l’on dit massive des migrants venants de notre voisin de frontière qu’est les États-Unis d’Amérique. Frontière qui s’étend sur 6 414 km mis à part celle séparant le Canada de l’Alaska (2 472 km). Quant à la frontière, Québec-USA, l’on parle à peine de 813 km. Pas de quoi faire un mur! Nous soulèverons plutôt les écueils et les dangers à éviter avant, pendant et après la discussion publique. Nous disons bien discussion publique. Les Grecs de l’Antiquité usaient du terme de délibération, confrontation suivie d’une décision, inhérent à la chose publique, la res publica romaine.

Doit-on rappeler que pour le meilleur et pour le pire, au Québec, comme dans une quarantaine de pays de la planète nous vivons dans une démocratie libérale avec tous les défauts que ce genre de gouvernance comporte. Mais si l’on veut mieux comme modèle de démocratie « libérale », l’on peut toujours tenter de refaire sa vie ou de demander un permis de travail temporaire ou un permis de séjour au Vénézuéla de Maduro, à la Turquie d’Erdogan, à la Russie de Poutine, à la Chine de Xi Jinping, ai-je besoin dans rajouter?

Une des caractéristiques des démocraties libérales mise à part la séparation des trois pouvoirs, c’est le parlementarisme. Le mot le dit bien, c’est le règne de la « parole » qui parle. À défaut de se battre avec des armes destructrices, nous avons opté plutôt pour l’art de parler, c’est-à-dire, prendre le temps de s’expliquer afin de régler nos différends. Malgré que l’on sache, qu’à sa manière, la prise de parole puisse être puissamment destructrice, c’est ce que l’homme a trouvé de mieux et de moins sanglant comme alternative.

C’est pourquoi dans un premier temps, l’on convie nos hommes et femmes politiques à mesurer et soupeser leur parole. Commençons d’abord par ceux qui font office d’Opposition à Sa Majesté (régime de monarchie constitutionnelle oblige). Ils ont le droit et le devoir de poser des questions sur la manière de faire du gouvernement mais la façon dont ils posent leurs questions doit éviter les sous-entendus qui permettraient d’ouvrir un boulevard aux intolérants ou aux individus insécures. Quoiqu’il faut être beaux joueurs et reconnaître que les intolérants ou les gens qui sont allergiques à ce qui ne leur ressemble pas ont le droit de s’exprimer publiquement dans les limites de la loi et de l’ordre public comme prescrit en démocratie.

En ce qui concerne les gouvernements du Canada et du Québec, dans le cas du premier, il doit faire attention à ne pas vendre des illusions passagères alors qu’au second, on lui demande d’éviter de donner des leçons d’une manière hautaine quoiqu’il puisse avoir raison sur le fond. Il se doit de prendre le temps de justifier sa façon de faire afin que lui-même, à sa manière ne souffle pas sur les braises de l’intolérance et attise bien malgré lui le feu des passions irrationnelles.

Quant à nous qui sommes le peuple souverain, nous devons nous comporter justement comme un peuple souverain et prendre le temps de faire la part des choses. Dans l’Affaire des migrants de notre été 2017, migrants d’origine haïtienne dans sa vaste majorité, s’entremêle, insidieusement, à cause du projet de loi sur la laïcité, la question non encore réglée de nos rapports avec les Algériens, les Marocains et les Tunisiens pour ne nommer que ceux-là qu’on n’arrête jamais de nous présenter presqu’exclusivement comme des musulmans. Les récents événements à Québec, bien que très circonscrits, ont de quoi donner la nausée.

Sans oublier, le rassemblement de ce qu’on appelle une extrême-droite qu’est venu combattre les valeureux chevaliers cagoulés de l’extrême-gauche afin de montrer son attachement à la démocratie libérale! Cette extrême-gauche (vraisemblablement montréalaise) qui se donne le rôle de police des moeurs, une sorte de Tchéka (police secrète russe imposant la Terreur rouge pendant l’ère soviétique) envers les malotrus racistes (Terreur blanche!) de la ville de Québec et ses environs. À vrai dire, il ne faut pas avoir connu ce qu’est vraiment une extrême-droite et une extrême-gauche pour les nommer ainsi.

Un petit voyage dans l’Italie fasciste de Mussolini (1922-1945), dans l’Allemagne fasciste hitlérienne (1933-1945) sans oublier dans la Russie bolchévique et soviétique de Lénine (1917-1989) et de la Tchéka, nous permettrait de remettre les pendules à l’heure et de dégonfler les baudruches médiatiques qui donnent l’impression que le Québec en son entier est sur le point d’accoucher d’une guerre civile entre l’ultra-gauche et l’ultra-droite.

Revenons à nos migrants de la frontière sud qui s’adonnent à être des Haïtiens pour la vaste majorité dont on sait qu’ils peuvent non seulement compter sur notre aide institutionnelle mais aussi sur le réseau d’entraide haïtien bien implanté à Montréal. Même si le premier ministre du gouvernement fédéral dans sa générosité proverbiale et surtout pour moquer le président d’une grande nation a fait savoir à tous les damnées de la terre que le Canada organisait pour l’été 2017 des Journée Portes ouvertes, il semble que si l’on se fie aux statistiques d’Immigration Canada près de 50% de ces migrants qui se sont pointés ici risque de vivre, plus tôt que tard, une Journée Portes tournantes!

Pour parler plus particulièrement du chef du parti du vaisseau amiral des indépendantistes, même si de l’autre côté de notre frontière là où au Texas et en Louisiane, dans les lieux d’accueil, l’on appelle « invités », les déplacés temporaires victimes de l’ouragan Harvey, afin de leur éviter tout sentiment d’humiliation, il ne peut en être de même ici dans le cas de cette migration soudaine.

En effet, sous couvert de faire de l’ironie politique envers le chef du gouvernement libéral d’Ottawa, le chef de l’Opposition à Québec, par ses propos, risque de faire preuve d’insensibilité envers des gens en situation difficile. Ce n’est pas à l’avantage de qui que ce soit mais surtout cela risque de creuser encore un peu plus le fossé entre ce qu’on appelle le « eux » et le « nous » du Québec.

Qu’est-ce à dire? Le Canada et par conséquent le Québec sont signataires de chartes de droits et libertés, d’ententes internationales de toutes sortes, de pacte de droits sociaux qui en font des démocraties libérales exemplaires malgré tout et qui par définition ont des obligations à respecter. L’accueil de ces demandeurs d’asile malgré l’emprunt d’une voie irrégulière c’est ce qu’on appelle tenir parole face à nos obligations. Cela peut évidemment exiger de nous un certain dérangement dans notre confort et occasionner une certaine dépense imprévue. Mais qu’on ne vienne pas nous faire croire que pour habiller Paul on déshabille Pierre pour inverser la locution proverbiale*.

Nous faire croire, particulièrement sur les réseaux sociaux, voire plutôt asociaux, qu’on a déjà assez de nos pauvres et de nos itinérants qui grèvent le budget de l’aide de dernier recours c’est tenter malicieusement de hiérarchiser les situations pénibles de tout un chacun vivant déjà ici ou s’apprêtant peut-être à y vivre.

De plus, en tout respect, nous serions curieux de savoir si ces mêmes individus qui tout d’un coup pensent à nos pauvres et à nos itinérants sans oublier nos vieux en CHSLD au prise avec les pommes de terre en poudre et l’unique bain possible par semaine, ne sont pas les mêmes qui parfois voire souvent nous tiennent des discours intempestifs sur les chômeurs, les sociaux-assistés en permanence de l’État et les artistes subventionnés.

Alors, comment conclure. Non, il n’y a pas péril en la demeure. Un peuple mature et souverain dans son être national, dans sa fibre citoyenne et dans sa mémoire catholique (universelle) n’a pas à se sentir assiégé dans son budget et dans son identité par une petite crise de migration soudaine venant de la frontière sud. On en a vu d’autres. Elle exige d’être gérée avec doigté et humanité et cela sans naïveté de notre part. Car on aura beau dire que ces gens qui viennent d’ailleurs, viennent prendre « nos » emplois, il faut savoir qu’ils ne viennent prendre que les emplois pénibles que nous ne voulons plus. Parlez-en à nos agriculteurs!

P.S. Un peu plus haut dans notre texte, nous parlions du fascisme. Nous aimerions ajouter que ce qui fait le lit du fascisme c’est moins les démonstrations de rue que notre manière de critiquer nos démocraties libérales et leurs insuffisances. À force d’entendre, « Tous pourris », « Tous pareils » , « Tous corrompus », on met, sournoisement, la table pour le possible avènement de gens qui vont vouloir instaurer ce qui s’appelle « La loi et l’ordre ». En version ultra-gauche ou en version ultra-droite ça s’appellera toujours « La loi et l’ordre » que nous le voulions ou non. Et « La loi et l’ordre » qu’elle soit appliquée par l’un ou l’autre des extrêmes politiques, au final c’est la Raison d’État qui prédomine sur l’individu. Parlez-en à Nicolas Machiavel.

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 * « Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul ». (Locution complète et habituelle).

« ENCORE DEBOUTTE » L’ACADIE 413 ANS DÉJÀ (1604-2017)

(Le drapeau de l’Acadie. Le Tricolore de la France révolutionnaire et républicaine mais avec en plus une étoile jaune sur la bande bleu.)

(Carte de l’Acadie d’aujourd’hui. Société nationale de l’Acadie)

(Vue d’ensemble de la reconstitution de l’établissement de Port-Royal. Photo: l’abbé Marcel Lessard. 14/07/2017)

(Vue de l’intérieur de l’établissement de Port-Royal. Photo: l’abbé Marcel Lessard. 14/07/2017)

(Henry Wadsworth Longfellow. Buste. sculpteurs: Philippe et Henri Hébert. 1920. Grand-Pré. Photo: Dena Vassallo)

(Évangéline. Statue de bronze. 1920. Grand-Pré. Sculpteur: Philippe Hébert. Photo: Dena Vassallo)

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Les Acadiens et les Québécois ont une parenté lointaine. Nous partageons de glorieux aïeux en les personnes de Champlain, de Marc Lescarbot et du lieutenant général de Henri IV, Pierre Du Gua de Mons.

Pour beaucoup d’entre-nous, l’Acadie nous est connue par les chansons d’Édith Butler et d’Angèle Arsenault, par les prestations théâtrales de Viola Léger incarnant le personnage de la Sagouine, ainsi que des romans d’Antonine Maillet sans oublier la poésie de l’incontournable Herménégilde Chiasson. Quant à Zachary Richard, il nous a fait découvrir non seulement les Cajuns mais aussi le parler cajun!

Mais à vrai dire l’Acadie est un pays sans pays. Un pays sans État, sans frontière juridique. État de coeur plutôt qu’entité politique et juridique. L’Acadie c’est un concept géographique mais un concept vivant au coeur de chaque Acadien et de chaque Acadienne. L’Acadie c’est là où il y a un Acadien.

Il y a, bien sûr, l’Acadie des Maritimes ou l’Acadie de l’Atlantique à savoir les Acadiens du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du- Prince-Edouard et un petit reste à Terre-Neuve-Labrador. Mais il y a aussi les Acadiens de la dispersion. Pensons à la Louisiane et à toutes les petites « Cadies » du Québec ou aux États-Unis voire même en France.

L’Acadie, «ceste terre de bénédictions», comme le disait en 1639 son gouverneur Isaac de Razilly dans une lettre à Marc Lescarbot, l’auteur et créateur du Théâtre de Neptune, fut aussi une terre au climat relativement hostile et ravageur d’hommes. En effet, c’est en juin 1604 que sous la direction de Du Gua de Mons qu’on procéda à une première tentative d’établissement en terre d’Amérique septentrionale sur l’île Sainte-Croix où sévit un hiver désastreux pour une bonne partie de l’équipage soit près de la moitié de ses hommes y sont passés à la trappe.

On déménagea les pénates du côté de Port-Royal dans la Nouvelle-Écosse d’aujourd’hui. Et pour briser la monotonie du grand « hivernement » et raviver l’esprit de la troupe, Samuel de Champlain, l’illustre second de Du Gua de Mons, fonda à Port-Royal, l’Ordre de Bon Temps pendant l’hiver 1606-1607.

Hélas! le territoire de l’Acadie représentait un lieu stratégique pour assurer la suprématie en terre d’Amérique septentrionale à l’un des deux empires coloniaux de l’époque qu’étaient la France et l’Angleterre. C’est ainsi que de 1604 à 1713, l’Acadie changea de mains à sept reprises.

De 1604 à 1755 donc sur 151 ans, l’Acadie de l’époque est sous juridiction anglaise pendant environ 80 ans donc plus de la moitié. Mais les choses se corsent de plus en plus pour la souveraineté française en terre d’Acadie. Finalement, en 1710, Port-Royal tombe définitivement aux mains des Britanniques et qui mènera au fameux traité d’Utrecht de 1713.

Un traité est un traité, il ne dure que le temps où l’un des belligérants décide de le transgresser. Entre 1713 et 1755, il y a toujours possibilité que la France récupère ses territoires perdus en Acadie. Les Acadiens sont toujours pris entre l’exigence d’un serment d’allégeance à la couronne britannique et un certain lien de parenté avec la France métropolitaine.

Mais il faut dire qu’au fil du temps et des générations, autour de 1750 les Acadiens se sentent beaucoup plus Acadiens que Français. À l’instar des Français de la Nouvelle-France qui sont petit à petit devenus Canadiens- Français et que les Anglais des colonies britanniques le long de la côte est se sont de plus en plus sentis Américains vers 1775-1776 que Britanniques, mis à part les Loyalistes, s’entend.

Mais entre le fameux serment d’allégeance et le soutien à la France reconquérante, l’ensemble des Acadiens de l’époque ont épousé le principe de neutralité entre les deux. C’était le début du ni-ni, qui en bout de ligne ne plaisait ni aux Français mais surtout ni aux Britanniques.

Bien qu’un projet de déportation soit dans les cartons de l’administration anglaise depuis 1720 ce n’est que vers 1755 que le choix s’impose définitivement afin d’assurer la sécurité militaire mais aussi pour effacer et éradiquer toute trace de présence française de l’Acadie et éventuellement de toute la Nouvelle-France et ainsi prendre possession du territoire. Ne pouvant plus tolérer les Neutrals French que sont les Acadiens, l’on procède à la Déportation massive des Acadiens. D’abord, ceux de la Nouvelle-Écosse suivi de ceux de l’Île Saint-Jean.

Mieux connu sous le nom du « Grand Dérangement », de 6 000 à 7 000 habitants sur 14 000 à 15 000 habitants sont dispersés entre les colonies anglaises du littoral est qui n’en veulent pas nécessairement. Ils sont souvent fait prisonniers. En 1758, 2 000 à 3 000 habitants sont expédiés en France.

Ne restant pas passifs, des Acadiens sauvent leur peau en se cachant ici et là, dans les forêts. Ils sont souvent aidés et protégés par les Mics Macs et les Etchemins qui sont plus favorables aux Français qu’aux Anglais. D’autres se réfugient au Canada (Nouvelle-France), à l’Île Saint-Jean, au cap Breton, dans les Antilles, sur la Baie-des-Chaleur sans oublier Saint-Pierre-et-Miquelon. Quant à la Louisiane, les Acadiens n’y furent pas déportés. Ce sont plutôt eux qui l’on rejoint en pensant y trouver un territoire français mais à cette période, la Louisiane appartenait aux Espagnols! C’est ainsi que les Acadiens de la Louisiane sont devenus des Cajuns.

Malgré les turpitudes et les aléas du temps, l’époque de la survivance a cédé le pas au temps de l’affirmation nationale acadienne. En 1881, à Memramcook, lors du premier Congrès national des Acadiens, il y avait sur la table, une proposition demandant que la fête nationale soit le jour de la Saint-Jean-Baptiste afin de favoriser un rapprochement avec les Canadien-Français de tout le Canada mais particulièrement de ceux du Québec.

Finalement, pour se singulariser mais aussi parce que les Acadiens se considéraient, en quelque sorte, comme une société distincte, tiens, tiens, les congressistes optent pour adosser leur fête nationale à une autre fête religieuse catholique à savoir l’Assomption de Marie. C’est ainsi que depuis ce temps, le 15 août de chaque année, l’on célèbre la Fête nationale des Acadiens des Maritimes, des Acadiens de la dispersion mais aussi des petites « Cadies » du Québec et des États-Unis d’Amérique.

En 1884, soit trois ans plus tard, lors du Congrès de Miscouche, les Acadiens par la voix des ses congressistes se donnent un drapeau national.  Le Tricolore, soit celui de la France révolutionnaire et républicaine ce que les Acadiens de l’époque ne sont point. Ils y fixent sur la bande bleue une étoile jaune or, le jaune papal pour y signifier leur attachement à l’Église catholique et souligner le rôle de l’Église dans la vie des Acadiens. L’étoile pour saluer la Vierge Marie, l’étoile de la mer. Puis, les délégués entonnent l’Ave Maris Stella qui devient officiellement l’hymne national des Acadiens et des Acadiennes.

Mais cette Acadie, à l’instar du Québec, est « tombée » dans la modernité dans les années soixante du siècle précédent. Elle reste tiraillée entre son passé et son possible destin. Si elle ne peut revendiquer un pays acadien qui s’étalerait sur trois voire quatre provinces de l’État canadien, l’Acadie d’aujourd’hui continue de reposer sur la force de ses réseaux associatifs tout en s’impliquant dans l’arène politico-politique, là où se trouve le vrai pouvoir politique.

Sa littérature, est évidemment plurielle, mais elle se berce ou se balance entre le traumatisme de la Déportation et la possibilité d’entrer, tout de même, dans la modernité des sociétés de démocraties libérales occidentales en voyant dans la Dispersion une manière diversifiée d’être Acadiens. Selon qu’on lise Michel Roy et L’Acadie perdue (1978/Québec-Amérique) ou des auteurs plus jeunes enjambant la tragédie du Grand Dérangement pour en faire le marche-pied d’une Acadie plus que survivante. Un peu comme l’essayiste Léonard Forest qui tente et expérimente La jointure du temps (1997/Perce-Neige) afin de pouvoir malgré tout concilier l’Acadie historique voire traditionnelle et l’Acadie contemporaine.

Comment ne pas parler du poème Évangéline de Henry Wadsworth Longfellow dont un buste se trouve à Grand-Pré, lieu devenu symbole des déportations grâce à cet écrit. Cette sculpture est l’oeuvre de Philippe et Henri Hébert. Elle fut dévoilée, en juillet 1920, par une lady britannique. Fallait le faire! Non mais, il faut avoir l’esprit visiblement tordu pour demander à une représentante du Conquérant de dévoiler le buste de l’auteur d’un poème si accablant pour ses « illustres » ancêtres comme Lawrence, Winslow et j’en passe. Ah! L’arrogance insouciante du conquérant! Dans un tel contexte, on ne se surprendra pas que les Acadiens ont boycotté la cérémonie.

Bon. Tout ce grand détour par l’histoire parce qu’en ce 15 août 2017, jour de Fête nationale et de Fête patronale de Notre-Dame-de-L’Assomption, la rédaction de VILLE-MARIE EXPRESS veut saluer nos cousins et cousines de l’Acadie. Ils sont de quatre années nos aînés. Comme nous, ils sont issus de la même tige. Lors des États généraux du Canada français (1966-1969), l’on a consacré et confirmé la fracture de celui-ci. Le Canada français s’est divisé en trois: l’Acadie, le Québec et l’ensemble des minorités francophones des autres provinces du Canada. Les trois vont leur destin comme ils peuvent mais les trois entités d’origine française se doivent de garder et de nourrir les liens de leur francité et de leur histoire peut importe le statut politique que pourrait choisir un jour le Québec.

Vive l’Acadie. Vive l’Acadie d’antan. Vive l’Acadie de 2017. Vive l’Acadie libre…dans un Canada uni!

P.S. Nous apprenions aujourd’hui même 15 août 2017 par ICI-RADIO-CANADA que la cathédrale Notre-Dame-de-L’Assomption (diocèse de Moncton) inaugurée en 1940 est officiellement désignée monument historique national par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

«VIVE MONTRÉAL, VIVE LE QUÉBEC…VIVE LE QUÉBEC LIBRE» – CHARLES DE GAULLE. 24 JUILLET 1967.

(Le général de Gaulle au balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal. À gauche, la tête entre deux gerbes de fleurs, le maire de Montréal de l’époque, Jean Drapeau. 1967. Photo: AFP)

(Le général de Gaulle avec vue sur la place Jacques-Cartier dans le Vieux-Montréal. 1967. Photo: Archives de Montréal)

(La Une du Journal de Montréal. 25 juillet 1967.)

(Carte de la Nouvelle-France. De la Baie d’Hudson au Golfe du Mexique en passant par l’Océan Atlantique, les Grands Lacs et le Mississipi. C’était tout cela la Nouvelle-France. En bleu sur la carte.)

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Que de fois pour un événement somme toute banal ou pour le moindre exploit, l’on en fait un événement dit historique. En fait, tout événement est par nature historique puisqu’il s’accomplit dans l’histoire mais un événement vraiment historique est, en quelque sorte, un moment qu’on nomme transhistorique. Cela pour dire que c’est un événement qui a non seulement un impact au moment où il se produit mais surtout qu’il continue d’exercer une certaine résonance après son accomplissement.

Les Allemands ont un mot pour signifier cette réalité transhistorique et dont la prononciation comme vous le constaterez est d’une simplicité rare, Wirkungsgeschichte. C’est en quelque sorte l’épaisseur, la profondeur que peut prendre une parole, un événement, voire même une oeuvre d’art à travers les couches de l’Histoire.

Tout ce grand détour, pour parler de ce 24 juillet de l’an de grâce 1967. Il s’en est passé des choses « historiques » en 1967. Qu’on nous fasse grâce de ne pas les nommer ici, vous n’avez qu’à suivre l’actualité.

Notre historien national, l’abbé Lionel Groulx venait tout juste de nous quittés en mai 1967 qu’arrive le général de Gaulle sous l’invitation du premier ministre du Québec Daniel Johnson que le président français appelait affectueusement « mon ami Johnsonnne »!

On a beaucoup péroré sur le fait de savoir si cette déclaration d’amour politique au Québec était improvisée, faite sous le coup de l’émotion ou quelque chose de bassement préméditée de la part de celui qui jadis c’était résolu à se délester de l’Algérie française.

Ce que l’on peut dire, c’est que son arrivée par bateau lui permettait de faire un accroc au protocole. S’il avait pris l’avion, il aurait été obligé de commencer sa visite par Ottawa, capitale, unilingue anglaise, dans un Canada bilingue, là où le nombre le justifie. « Notre » général était résolu à marquer cette visite sous le signe de la France qui se souvient qu’elle a une certaine dette envers ce qui fut jadis la Nouvelle-France.

Son parcours le long du Chemin du Roy en ce 24 juillet 1967 fut en quelque sorte son chemin de Damas avec les héritiers de l’Amérique française. L’enthousiasme des foules tout au long de son périple commencé à Québec pour se terminer en apothéose à Montréal semble avoir insuffler une émotion telle qu’on n’en peut imaginer au pays de Descartes et du cartésianisme.

Mais il est évident qu’en s’appropriant le slogan du mouvement indépendantiste du Québec, il savait sûrement, à sa manière, qu’il mettait le pied sur la ligne Maginot afin de franchir le Rubicon ce qui le mettrait en délicatesse avec le gouvernement canadien et qu’ainsi le sort des relations triangulaires Québec-France-Canada en était jeté « Alea jacta est  » comme disait l’autre.

De Gaulle est mort avant d’avoir terminé la rédaction de ses Mémoires nous privant ainsi de son explication et de son explicitation de cette journée mémorable du 24 juillet 1967. Mais en novembre 1967, il s’en est expliqué un peu dans une entrevue. En effet, lors de cette entrevue, il avait, entre autre chose, laissé entrevoir la possibilité d’un Québec pays souverain.

À l’époque, il est vrai qu’il a pu passer pour un malpoli de venir cracher, in situ, dans la soupe constitutionnelle canado-québécoise. Mais un certain devoir face à l’histoire exigeait de lui de jouer la ligne de risque. Il s’était souvenu qu’une bouture française avait été semée en terre d’Amérique plus de trois cents ans auparavant et qu’il était du devoir de l’ancienne mère-patrie de dire à ce peuple d’ascendance française «Je vous ai compris» . (À suivre).

SOEUR MONIQUE TREMBLAY, C.N.D., L’AU REVOIR DE LA RÉDACTION DE VMEx

 

(Monique Tremblay, c.n.d., photo tirée de la vidéo d’une conférence sur Jeanne Le Ber. 4 octobre 2015 à la Maison Notre-Dame, Longueuil.)

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Il n’est pas dans les habitudes de VILLE-MARIE EXPRESS de faire dans la nécrologie, mais quand il est question du départ d’une personne que nous affectionnions, on ne peut faire autrement.

En effet, dans la nuit du 24 au 25 juin 2017, soeur Monique Tremblay, c.n.d., nous a quittés pour voir en face celui qu’elle avait tant aimé en espérance. Elle nous quitte au moment de la Fête de la nativité de Jean, le baptiste, elle qui à sa manière à tenter de préparer les chemins du Seigneur, ici et maintenant dans cette ville née d’un projet mystique et missionnaire.

Parmi ses nombreuses tâches et affectations, l’on sait qu’elle était depuis au moins 2003, la coordonnatrice de la pastorale de la basilique Notre-Dame de Montréal et que c’est à ce titre qu’elle pilotait à tous les ans avec la Société historique de Montréal, la messe solennelle de Montréal suivant la tradition établie par Victor Morin en 1917 et dont on vient tout juste de fêter le 100è anniversaire (1917-2017) lors de la célébration du 17 mai dernier.

Malheureusement, cette année, elle n’a pu tenir la route longtemps auprès du comité organisateur car la maladie qui l’affligeait depuis plusieurs mois l’a mise hors-combat dans le courant de l’hiver.

Pour nous, elle était aussi, la personne-ressource qui fut nommée postulatrice diocésaine de la cause de Jeanne Le Ber (1662-1714) auprès de la Curie romaine. On sait combien il peut être très difficile d’établir un dossier pertinent pouvant mener à la reconnaissance d’un degré quelconque de sainteté que ce soit la vénérabilité, la béatification ou la sainteté même. Mais il n’y avait rien à l’épreuve de soeur Monique.

On dit de soeur Monique Tremblay qu’elle avait une formation de musicienne ainsi qu’une connaissance intime de notre patrimoine religieux et architectural, particulièrement, celui du Vieux-Montréal dont elle se plaisait les dimanches après-midi, entre autre jour, à faire connaître aux touristes, aux pèlerins voire même aux badauds. Elle pouvait d’un parcours du doigt nous montrer où se situait originellement, la maison des LeBer-LeMoyne, le premier Hôtel-Dieu de Montréal et le reste…

Quant à nous, notre plus récent et notre plus beau souvenir que nous gardons de soeur Monique et nous l’avions raconté récemment dans l’article de la Messe centenaire (édition 2017) commémorant la fondation de Montréal c’était justement après la célébration de l’édition 2016 de cette messe.

C’était un beau dimanche après-midi sur la place d’Armes face à notre belle basilique Notre-Dame, on causait, soeur Monique et moi, de l’édition 2017 qui serait la messe du 375è de la fondation de Montréal et simultanément celle du 100è de sa célébration solennelle en cette même église organisée par la Société historique de Montréal. Tout en ayant hâte à ce moment particulier, nous nous désolions un peu du fait que par souci historique le protocole de la Ville de Montréal dans le cadre du 375è anniversaire exigeait que la célébration ait lieu le 17 mai 2017 (un mercredi) au lieu comme le voulait la tradition le dimanche le plus près du 17 mai. M’enfin.

Et pendant que soeur Monique et moi parlions de ceci et de cela, une troisième personne se joignit à nous subrepticement, c’était notre cher maire Monsieur Coderre. Vous imaginez le trio que nous formions, la spécialiste du Vieux-Montréal, le maire de Montréal et le rédacteur de VILLE-MARIE EXPRESS.

Au moins deux communautés religieuses seront touchées par ce départ. Bien sûr, les consoeurs de soeur Monique de la communauté de Notre-Dame mais aussi les Recluses missionnaires (communauté religieuse inspirées par la recluse Jeanne Le Ber) qui se témoignaient de l’amitié réciproquement. Nous pensons aussi à toute l’équipe de pastorale de la basilique Notre-Dame et aux paroissiens de la première paroisse de Montréal.

Quant à nous, nous voulons saluer une femme généreuse, d’une détermination enveloppée d’une grande douceur et qui désormais peut conférer avec ses amies de toujours, Marguerite Bourgeoys et Jeanne Le Ber.

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SOEUR MADELEINE JUNEAU, CHEVALIÈRE DE L’ORDRE NATIONAL DU QUÉBEC 2017

(Soeur Madeleine Juneau devant la Maison Saint-Gabriel lors de la remise du prix Thomas Baillargé en 2012. Photo: Serge Boisvert. Journal Métro)

(Le bâtiment principal de la Maison Saint-Gabriel. Photo officielle: Pierre Guzzo)

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Annoncé le 13 juin dernier mais décorés officiellement jeudi 22 juin 2017, lors de la cérémonie annuelle tenue à la salle du conseil législatif de l’Hôtel du Parlement à Québec, soeur Madeleine Juneau, c.n.d., avec trente-deux autres illustres Québécois ont accédé à l’un des trois grades de l’Ordre national du Québec

Le premier palier de cet Ordre du Mérite national fait des Chevaliers ou Chevalières, le deuxième fait des Officiers ou Officières et finalement certains Québécois se rendent jusqu’au grade de Grands officiers.

C’est ainsi qu’hier, le premier ministre de l’État du Québec, Philippe Couillard, au nom du peuple québécois a décoré, entre quelques autres Québécois, Hubert Reeves (Grand officier), Francine de Montigny, Irwin Cotler et Florian Sauvageau ( Officière, Officiers) et Soeur Madeleine Juneau, Yolande Cohen et le comédien Jacques Godin (Chevalières et   Chevalier) pour ne nommer que ceux-là.

Notre fille de Marguerite Bourgeoys, Madeleine Juneau fut honorée pour avoir fait de la Maison Saint-Gabriel dans le quartier de la Pointe-Saint-Charles un site muséal et socio-culturel. Elle et son équipe de travail ont permis de protéger et de restaurer un bâtiment tricentenaire qui au dire de l’Ordre des architectes du Québec est l’un des plus beaux exemples de l’architecture traditionnelle de la Nouvelle-France.

Félicitation à tous les récipiendaires de la cuvée 2017 de l’Ordre national du Québec et particulièrement à soeur Madeleine Juneau, de la Congrégation de Notre-Dame.

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LIENS UTILES

https://www.ordre-national.gouv.qc.ca/index.asp

http://www.maisonsaint-gabriel.qc.ca/index.php

« ÉVÉNEMENT JEANNE MANCE »

 

(Photos-Montage. ICI Radio-Canada.12 mai 2012.)

(Jeanne Mance. Timbre-Poste. D’après une peinture de L. Dugardin. 1865. Musée des Hospitalières de Saint-Joseph. Montréal.)

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Décidément, le Centre le Pèlerin et ses congrégations religieuses affiliées ne sont pas en reste dans ces commémorations et célébrations du 375è de Montréal.

Dans le cadre du projet Rêver Montréal 375è, le Centre le Pèlerin et les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph nous invitaient le vendredi 19 mai au pavillon Jeanne-Mance de l’Hôtel-Dieu à un mini-colloque portant sur Jeanne Mance, co-fondatrice à égalité avec Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve.

Sous la présidence d’honneur de France Chrétien-Desmarais (présidente de la Société du 375è) et de Catherine Feuillet, Consule Générale de France, nous avons eu droit à une table-ronde qui n’était pas piqué des vers comme le disait le poète.

Jean-Paul Pizelle, le président de l’Association Langres-Montréal qui était de passage chez nous pour quelques jours afin de donner quelques conférences mais aussi pour mousser en douce son nouvel ouvrage en collaboration et intitulé Jeanne Mance. De Langres à Montréal: Une femme bâtisseuse. Un très bel ouvrage bien illustré mais encore bloqué à nos douanes canado-montréalaises au moment de sa présentation.

Si Monsieur Pizelle s’est contenté de nous présenter de façon structurée et agréable la vie pré-montréalaise de Jeanne Mance c’est-à-dire de sa naissance et de son départ de Langres (1606-1641), Louise Harel avec sa voix douce et enjoleuse nous a plutôt livré un témoignage de sa découverte, un peu sur le tard, de la personnalité de la soignante de Langres.

De son côté la socio-historienne et romancière Françoise Deroy-Pineau, connue, entre autre, pour son livre Jeanne Mance, de Langres à Montréal, la passion de soigner nous a convié à un voyage dans le temps, où elle imaginait un dialogue entre Maisonneuve et Jeanne Mance. Puis, pour terminer, la cinéaste Annabel Loyola à qui l’on doit le film-documentaire La Folle entreprise. Sur les pas de Jeanne Mance s’est amusée à nous faire remarquer comment en parcourant un certain nombre de journaux, jamais les mêmes et selon les années, le nom de Jeanne Mance, apparaît et disparaît comme co-fondatrice de Montréal.

Puis, pour clore le tout, un petit mot de nos présidentes d’honneur. Mme Chrétien-Desmarais, en tant que présidente de la Société du 375è de Montréal, financée entre autre, par le gouvernement fédéral, s’est fendue d’un paragraphe en langue anglaise afin de faire plaisir aux deux anglophones et demi qu’elle imaginait être dans la salle ou pire pour nous rappeler notre statut de ville conquise et bilingue de force.

Ce fut un bel après-midi de quatre présentations avec des angles d’approche différents et complémentaires sur la personne de Jeanne Mance, sur son héritage et sur sa réception actuelle dans notre société montréalaise et québécoise.Malheureusement, le temps a manqué pour un échange entre le panel d’invités et l’auditoire. Il fut remplacé par un bon vin d’honneur dans les jardins de nos Religieuses Hospitalières où tout un chacun faisait ou refaisait connaissance.

N’eut été de ce manque temps pour un échange panel-auditoire, nous aurions aimé aborder deux questionnements sur Jeanne Mance que nous vous livrons ici et que nous espérons pouvoir débattre ou discuter, si le mot débattre en fait sourciller.Les deux questions nous permettraient comme nous y invitait Louise Harel d’élargir le cercle ou d’atteindre d’autres cercles afin de faire découvrir Jeanne Mance et son importance dans la fondation de la colonie.

La première question est ancienne et concerne les qualités administratrices de Jeanne Mance. D’où vient cette espèce de rumeur qui laisse circuler que Jeanne Mance aurait été, malgré tout son dévouement, une mauvaise administratrice? Même dom Guy-Marie Oury, o.s.b., dans sa biographie de Jeanne Mance abonde dans ce sens. Tandis que le père Lucien Campeau, s.j., reconnaît une imprudence voire une négligence lorsqu’elle est partie en France chercher finalement, « ses » soeurs hospitalières sans assurance du montant d’argent pour assurer le soutien des hospitalières qu’elle amenait à Ville-Marie. Devra-t-on écorcher au passage Monsieur de La Dauversière et ses propres difficultés financières?

Quant au deuxième questionnement, il est plutôt récent. À vrai dire, il date d’au moins 2012, année où l’on a reconnu officiellement Jeanne Mance fondatrice de Montréal à égalité avec Maisonneuve. Mais plus particulièrement, il origine surtout de la plume du journaliste du quotidien montréalais Le Devoir, Christian Rioux qui questionne, intelligemment, cette reconnaissance de Jeanne Mance comme fondatrice de Montréal. Il l’avait fait il y a quelques années dans sa chronique habituelle et il récidive en cette année du 375è. Le fond de la question pourrait se formuler ainsi: Jeanne Mance est-elle fondatrice, co-fondatrice voire même l’Autre fondatrice de Montréal ou est-elle tout simplement la fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal ainsi que la première infirmière de Montréal?

Vaste programme, n’est-ce pas? Nous soumettons bien humblement trois requêtes aux instigatrices de Rêver Montréal 375è, peut-être même en collaboration avec la Société historique de Montréal. Premièrement, Serait-il possible de nous convier à nouveau à une table ronde portant sur les débuts de Ville-Marie et particulièrement sur le dilemme de la fondation ou de la co-fondation de Montréal par Jeanne Mance? Deuxième requête pourrait-on tenter d’y inviter Monsieur Christian Rioux? Et, finalement, troisième requête, pourrait-on joindre à cette table-ronde le signataire de ces lignes à savoir le rédacteur de VILLE-MARIE EXPRESS?

P.S. Et sans oublier un petit vin d’honneur!

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