LE CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE MONTRÉAL (1910): QUAND HENRI BOURASSA FAIT LA POLITESSE À MGR BOURNE

 

(Arche au coin des rues Cherrier et Saint-Hubert. 1910. Bibliothèque et Archives nationales du Québec/BAnQ. CP 5897.

(Grand’Messe en plein air du Congrès eucharistique. BAnQ. CP 5889)

(L’immense et majestueux Reposoir. Parc Jeanne-Mance. Congrès eucharistique de Montréal 1910. Dessin publié par le journal protestant Montreal Witness. Centre d’histoire de Montréal)

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Si dans nos livres d’histoire d’ici et dans nos revues savantes, l’on parle du congrès eucharistique de 1910, c’est moins pour ses processions de l’ostensoir que pour ce fameux discours de Henri Bourassa tenu le 10 septembre 1910 en réplique aux propos de Mgr Bourne, archevêque de Westminster (R.U.).

En ce début de XXè siècle,dans le Québec tricoté à la laine catholique et de mailles de langue française s’est tenu du 6 au 11 septembre 1910, le XXIè Congrès eucharistique international. C’était le premier tenu en sol américain. Presque une semaine de rassemblements, de célébrations eucharistiques, de processions d’ostensoir dans les rues de ville sans oublier les discours politiques à connotation religieuse et les sermons de toutes sortes.

Pourtant nos évêques n’avaient pas lésiné sur les moyens pour en faire une réussite et pour plaire aux différents convives et invités d’honneurs. En effet, le chanoine Georges Gauthier, alors curé de la Cathédrale, fut délégué pour accompagner Mgr Bourne pendant son parcours vers Montréal à bord du célèbre paquebot Empress of Ireland. Navire qui, comme on le sait, fit naufrage quelques années plus tard dans l’estuaire du Saint-Laurent le 29 mai 1914 tout près de Rimouski.

Pour mettre nos lecteurs et lectrices en contexte concernant la réception du discours de Mgr Bourne, il importe de dire que la plupart des évêques irlandais du Canada français de l’époque et particulièrement ceux de l’Ontario, qui avaient abandonné depuis belle lurette le gaëlique pour mieux embrasser la langue d’Angleterre et du pays de Galles, auraient bien trouvé avantageux que les Canadiens-français vivants sous l’Acte de l’Amérique du nord britannique fassent de même. L’on constatera la chose avec le Règlement 17 concernant le régime scolaire en Ontario (1912-1927)

Dans cette optique, sans pour autant vouloir, intentionnellement, conforter « nos » évêques irlandais ainsi que la minorité anglophone, l’Archevêque de Westminster au Royaume-Uni, Mgr Bourne, qui avait pris soin de visiter l’ouest canadien avant de se pointer un samedi soir 10 septembre 1910, à la basilique Notre-Dame eut le malheur de proposer, plus ou moins subtilement aux Canadiens-français, que le meilleur moyen de gagner les immigrants de l’époque et des générations futures à la foi catholique, aurait avantage à se faire dans la langue anglaise.

Si l’Église catholique veut gagner les immigrants cela ne s’accomplira qu’en faisant connaître à une grande partie du peuple canadien, dans les générations qui vont suivre, les mystères de notre foi par l’intermédiaire de notre langue anglaise.

C’était sans compter sur l’impétuosité mesurée de Henri Bourassa, fondateur et directeur du tout nouveau journal montréalais Le Devoir. En effet, le journaliste et homme politique, le moment venu, répliqua ce qui suit

La meilleure sauvegarde de la conservation de la foi chez trois millions de catholiques d’Amérique, le meilleur garant de cette foi, c’est la conservation de l’idiome dans lequel, pendant trois cents ans, ils ont adoré le Christ.

Il n’en fallut pas plus pour que l’assistance chiffrée au nombre de 15 000 personnes se lève d’un bond et se mit à crier et à applaudir à tout rompre.

Connu désormais sous le nom du « Discours de Bourassa », bien que l’on pourrait l’intituler plutôt « Réplique de Bourassa à Mgr Bourne » le texte fait partie de l’histoire des textes et discours incontournables pour connaître l’histoire d’un peuple.

Selon le chercheur Guy Laperrière, le Congrès eucharistique de 1910 est l’un des trois événements avec les funérailles du frère André en 1937 et la visite de Jean-Paul II en 1985 à Montréal ayant éveillé la ferveur religieuse de la société montréalaise.

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