ÉDITORIAL: LA SECONDE GUERRE DE SÉCESSION AMÉRICAINE

(LE SÉNAT AMÉRICAIN. PHOTO: DAVID AKE (AP). 7 NOVEMBRE 2018.)

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Se pourrait-il que nous soyons les témoins proches et lointains de la seconde guerre de Sécession des États-Unis d’Amérique? Suite à l’élection d’Abraham Lincoln à la présidentielle de 1860, sept États du sud esclavagistes décident de faire sécession avant même que Lincoln soit officiellement en fonction (mars 1861). Quelques autres suivront plus tard. De toutes les guerres, la guerre de Sécession (1861-1865) aura coûté le plus cher en vie humaine à la nation américaine soit 650 000 hommes. Même en additionnant le nombre de morts des deux Guerres mondiales, de la guerre de Corée, de la guerre du Vietnam et toutes les guerres du Proche-Orient, on serait très loin du compte.

Cette seconde guerre civile américaine qui pointe à l’horizon est devenue plus manifeste le mercredi 6 janvier 2021 avec l’invasion et le saccage du Capitole à Washington par la horde des simili-patriotes de l’extrême-droite américaine de plus en plus décomplexés depuis la présidence Trump (2016-2020). À l’instar de 1940 alors que l’on pouvait dire que les loups étaient dans Paris. Désormais, l’on peut dire que les loups sont dans Washington.

Nous sera-t-il permis de faire un troublant rapprochement entre ce saccage au Capitole de Washington et l’incendie du palais du Reichstag à Berlin dans la nuit du 27 et 28 février 1933 qui sonna le glas de la démocratie en Allemagne. Profitant de l’occasion, le régime hitlérien accusa les communistes du méfait et promulgua des lois liberticides afin de protéger le peuple et l’État allemand. On connaît la suite.

Les événements du 6 janvier 2021 sont le résultat d’un certain mot d’ordre venant d’une nébuleuse ayant pour nom Q Anon, les diverses phalanges d’extrême-droites américaines, une bonne partie du personnel politique du parti Républicain sans oublier le citizen Trump. Les Américains feintent d’ignorer que leur plus dangereux ennemi n’est point arabe encore moins tchétchène mais plutôt blanc et typiquement américain. Les statistiques montrent de manière évidente que le terrorisme américano-domestique a fait plus de ravage en terme d’humains depuis au moins les trente dernières années (Oklahoma City, 1993).

Non seulement, l’homme politique Trump aura dépassé les bornes pendant tout son mandat électif comme président de la puissance mondiale que tente encore d’être les États-Unis d’Amérique mais sa façon lamentable de quitter sa présidence est un autre pied-de-nez à la république américaine et à la démocratie. À partir du jour où les résultats électoraux dans différents États ont commencé à faire basculer la présidentielle en faveur de Joe Biden, citizen Trump n’a cessé d’affirmer avec sang-froid qu’il était victime d’un vol électoral. Se faisant, il susurrait à sa Trump Nation que la présidence Biden serait marquée du sceau de l’illégitimité.

Rappelons aussi que tout au long de son mandat cet homme s’en est pris à toutes les instances et les piliers qui font de l’Amérique étatsunienne une démocratie, certes pas toujours exemplaire, mais quand même la démocratie la plus achevée. Pendant au moins les deux premières années de son mandat présidentiel, il a hurlé contre les différents services du renseignement et de sécurité de son propre pays au risque de mettre en danger le territoire américain ou les intérêts américains, ici et là, à travers le monde.

Il a aussi pesté contre toute la presse américaine (papier, numérique et télé) en inventant le concept de nouvelle alternative ou de vérité alternative pour contrebalancer les fausses nouvelles véhiculée par celle-ci au point où dans l’esprit de ses supporteurs le vrai devient le faux et le faux devient le vrai. Ce lessivage du cerveau d’une bonne portion des américains lui permet de travestir une cinglante défaite électorale en vol qualifié de sa présidence.

Sa manière de souffler le chaud et le froid via twitter ou lors de certains meetings lui permet, indirectement, de manière obvie, d’inciter ses supporteurs mais surtout la frange la plus droitière politiquement d’utiliser la violence pour contester le résultats de l’élection présidentielle. Cela me rappelle la théorie de la double contrainte (double bind theory) de Gregory Bateson. Ou pour le dire autrement, l’injonction paradoxale: dans la même phrase Trump sermonnera un peu les gens qui ont fait du grabuge puis dans le second terme de sa phrase, il parlera de la colère légitime de ceux qui se sont fait voler leur élection. D’un côté, il joue à celui qui apaise puis d’un autre il réveille le pourquoi de cette colère.

Le triste spectacle de l’envahissement du Sénat américain par une horde de djihadistes typiquement américain qui prétend se nourrir, d’une main de la Loi et l’Ordre et de s’en balancer de l’autre, selon ses intérêts devrait sonner enfin la fin de la récréation voire même de la fin de l’intermède Trump dans l’histoire américaine. Les images en boucle qui nous montraient le déroulement des événements au Capitol étaient dignes d’une scène de la saga de La Planète des Singes avec en prime l’indécent chaman à moitié-nu un sanctuaire de la démocratie moderne.

Ce président narcissique est un vieux voyou libidineux qui profite de la fin de sa présidence pour narguer, une dernière fois, espérons-le, la démocratie américaine et ses piliers. Nous osons croire qu’il existe dans l’arsenal juridique de la république américaine une clause qui s’apparenterait à la notion de crime d’intelligence avec l’ennemi que l’on retrouve dans le code pénal français (section du livre IV) qui se veut être un crime ou un délit contre la Nation, l’État et la paix civile. Voilà, en effet, le triste bilan de cette administration: il a divisé la nation américaine au maximum, il a fragilisé l’État américain face à ses ennemis et finalement il appelle insidieusement à la désobéissance civile face aux résultats électoraux de la présidentielle portant ainsi atteinte à la paix civile.

Nous osons croire qu’un procureur quelconque quelque part aux États-Unis d’Amérique se lèvera et prendra le temps de documenter une accusation de crime d’intelligence avec l’ennemi de la part du citoyen Trump. Celui-ci s’est livré de manière habile et indirecte à affaiblir le poids et l’influence de l’Amérique à travers le monde. En s’en prenant à la CIA, au FBI et aux différentes agence du renseignement américain, il a miné le travail de toutes ces entités. En ne reconnaissant pas la victoire de Biden, il laisse entendre que c’est un président illégitime. C’est loin d’être banal.

Par sa manière de commenter les différents événements sociaux qui ont secoué la société américaine pendant son mandat présidentiel, il a préféré attiser les haines et le ressentiment au lieu de tenter de rassembler. Tout au long de son mandat, il a cherché à être le porte-drapeau de la frange djihadiste typiquement américaine de son pays au détriment de la paix sociale.

Cet homme, le citoyen Trump, a abusé de sa fonction de président pour berner la Nation américaine, pour affaiblir l’État et ses institutions autant à l’interne qu’à l’externe et finalement en défiant le résultat des élections présidentielles de novembre 2020 en instillant l’idée d’un vol électoral dans la tête d’une large portion de la société américaine, ce président-voyou entretient la discorde au sein de la nation et met à mal la paix civile pour ses seuls intérêts au détriment des intérêts de la nation américaine.

En serinant sans arrêt depuis le 6 novembre 2020 que la Nation Trump s’est fait volée l’élection présidentielle, il instille auprès de cette même Nation les raisins de la colère. Et le résultat de cette colère on l’a vu au Capitole de Washington. Trump ne se fait aucun souci de jeter les Américain dans une guerre civile larvée. D’ailleurs, les déficiences des services de sécurité du Capital, les possibles complicités du personnel politique du parti Républicain, l’incapacité des services de renseignement américains à prévoir ce genre de grabuge nous porte à penser qu’il faudra peut-être que l’administration Biden-Harris y aille d’une bonne purge en début de mandat.

Quant à nous qui sommes que les voisins de ce grand empire aux pieds de plus en plus d’argile, nous ne pouvons que souhaiter une administration Biden-Harris de la plus haute qualité. Jusqu’à maintenant, le président Biden a su trouver les mots et le ton justes mais il faudra d’une manière ou d’une autre neutraliser le citoyen Trump le plus vite possible car comme on le sait, celui-ci a un agenda plus ou moins caché qui entachera le mandat du président Biden.

Alors, pourquoi pas pour celui qui est encore quelques jours président des USA et par conséquent le commandant en chef des Forces Armées, une accusation formelle de crime d’intelligence avec l’ennemi dans le cadre d’une cour martiale.

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1 réflexion sur « ÉDITORIAL: LA SECONDE GUERRE DE SÉCESSION AMÉRICAINE »

  1. Tout ce grabuge a été accepté par le parti républicain qui a soif de pouvoir! Tout ce grabuge était à prévoir depuis que Trump était au pouvoir depuis 4 ans!
    Espérons que le parti démocratique saura réunifier le pays !!

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