DE SAINT-HENRI-DES-TANNERIES AU CHANTIER TURCOT

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(Portrait de Jean Talon par Claude François dit Frère Luc. Une huile. 72,7 X 59,3 cm. 1671. Monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.)

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(Vue prise de la Côte des Tanneries-des-Rolland. Aquarelle. James Duncan. Octobre 1839. Archives de la Ville de Montréal)

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(Village des Tanneries. Saint-Henri, 1859. Photographie: Alexander Henderson. Sels d’argent sur papier monté sur papier. 20,3 X 25,4 cm. Musée McCord.)

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(Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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(La romancière Gabrielle Roy entourée de neufs gamins. Saint-Henri, 29 août 1945. Fonds Conrad Poirier. BAnQ.)

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(Le réputé Louis Cyr. Sculpture de Robert Pelletier (1914-1984) située dans le quartier Saint-Henri. Elle fut inaugurée en juin 1973 dans le square Elizabeth renommé depuis 1994 parc des Hommes-Forts. Photo: Jean Gagnon, juillet 2012.)

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Depuis au moins 2008, la mise en chantier du nouvel échangeur Turcot sous l’égide du Ministère des Transports du Québec (MTQ) a intégré une composante archéologique. Puis, en plein milieu de l’été 2015, l’on nous annonce des découvertes intéressantes en matière d’archéologie. D’abord, il y a confirmation que nous sommes au coeur de ce qui fut l’ancien village des tanneries, le fameux Saint-Henri-des-tanneries.

À tout près de 2,5 mètres de profondeur du sol, l’on a pu repérer des fondations de bâtiments tels une grande maison ou un commerce ainsi que la canalisation qui servait à dévier le ruisseau Glenn. Sans oublier, des objets et des artéfacts de toutes sortes: outils ad hoc pour le travail des peaux, des bouteilles, des pièces de vaisselle ainsi que des articles de la vie quotidienne et un fragment de bénitier avec des angelots.

Ces objets et ses artéfacts vont prendre la route pour le laboratoire afin d’y être nettoyés, analysés et inventoriés et ce, jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’au moment où l’on aura accouché d’un réel projet de valorisation et de diffusion. De plus, afin d’en préserver tous les détails, les archéologues du MTQ procèderont à la numérisation 3D de l’ensemble du site grâce à l’utilisation d’une caméra laser à très haute définition permettant ainsi d’en reconstituer une copie virtuelle conforme au réel mais définitivement sans plus de support matériel car au moment où ce texte est écrit, la décision a été prise de détruire le site excavé. Nous y reviendrons plus loin.

Le quartier Saint-Henri, c’est bien sûr, Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. C’est aussi, notre illustre homme fort que fut Louis Cyr. C’est ces églises détruites ou encore en service. C’est la rue Notre-Dame, le théâtre Corona. Mais c’est aussi quelque chose qui prend racine au début de la colonisation de l’île de Montréal.

Autochtones et coureurs des bois sont familiers de ce territoire dont ils contournent les rapides du fleuve en empruntant ces terres connues maintenant sous le nom de Saint-Henri.

Si plusieurs ouvrages font remonter la fondation d’une première tannerie à Montréal en 1685, cela est dû à un certain malentendu aux dires de monsieur Guy Giasson président actuel de la Société historique de Saint-Henri. Prenant appui sur un document judiciaire daté du 27 novembre 1686, cette date n’est pas liée à la fondation de la tannerie mais plutôt à une passation de propriété d’une manufacture de tannage de peaux qui existait préalablement à cet acte de vente.

C’est ainsi que sur la foi du travail de recherche de Guy Giasson, l’on doit remonter jusqu’à la période de l’intendance de Jean-Talon en Nouvelle-France (1665-1672). Ce qu’on appellera éventuellement Saint-Henri-des-tanneries fut l’endroit où l’on fonda la deuxième tannerie en Nouvelle-France sous l’instigation de l’intendant Talon alors que la première apparut à Pointe-Lévy (Lévis) en 1668. D’ailleurs, dès 1671, Jean Talon s’énorgueillissait d’être vêtu de la tête au pied de produits du pays.

Cette première tannerie (montréalaise) était située près de la décharge de la rivière Saint-Pierre, à proximité de la falaise Saint-Jacques. Le traitement des peaux et du cuir avec ses odeurs nauséabondes nécessitent l’éloignement physique d’une telle entreprise donc loin des fortifications de Ville-Marie où se condense la population. De plus, comme l’apport en eau est primordial, il faut s’installer là où l’accès à l’eau est facile et disponible.

L’une des grandes familles de tanneurs est certes celle de Gabriel Lenoir dit Rolland. D’abord, en 1713. Lenoir dit Rolland entre au service de la tannerie. L’année suivante, il épouse la fille du propriétaire (Charles de Launey) et devint associé de ce marchand. La lignée des Lenoir dit Rolland s’étant beaucoup multipliée et s’étant installée dans ce secteur de Montréal, l’on appela familièrement l’endroit le côteau des tanneries des Rolland (1780). Un recensement datant de 1781, nous indique que des onze maisons se trouvant à l’emplacement du village des tanneries, six d’entre elles sont la propriété des rejetons (voire frères, cousins) Lenoir dit Rolland. En passant, pour la petite histoire, Gabriel Lenoir dit Rolland, est le fils de l’un des soldats du régiment Carignan-Salières venu défendre la colonie à la demande de l’intendant Jean Talon (1665). Arrivée dont on commémorait justement cette semaine à l’Hôtel de Ville de Montréal le 350ème (LE DEVOIR, 15 septembre 2015).

C’est finalement en 1813 que l’on parle officiellement de Saint-Henri-des-tanneries. Parallèlement au développement de cette vie économique se développe la vie sociale et paroissiale du territoire. En 1867, on érige canoniquement la paroisse Saint-Henri par détachement de celle de Notre-Dame comme il est coutume à l’époque. Se greffe ainsi avec le temps une agglomération autour des tanneries. Et ce territoire paroissial couvre celui des villages de Délisle, Saint-Augustin, la ferme Saint-Gabriel, la Rivière-Saint-Pierre et Saint-Henri-de-la-Côte-Saint-Paul.

En 1894, la ville de Saint-Henri devient la Cité de Saint-Henri puis croulant sous le poids des dettes se laisse annexer par la ville de Montréal le 30 octobre 1905. Aujourd’hui, comme tout un chacun sait, le quartier Saint-Henri est un secteur de l’arrondissement du sud-ouest de Montréal.

Après ce petit détour historique forcément incomplet et sur lequel nous reviendrons ultérieurement dans un autre article complémentaire à celui-ci, retournons aux vestiges excavés du chantier du nouvel échangeur Turcot. La semaine dernière 13 septembre 2015, les différentes instances au dossier MTQ, MCC (ministère de la Culture et des Communications) ainsi que la mairie de Montréal ont indiqué deux choses. La création d’un comité ayant pour mandat de mettre en valeur les 150 caisses d’objets et d’artefacts récupérés sur le site afin d’en assurer un suivi de diffusion.

Quant au site excavé dont on nous dit qu’il équivaut à 3 à 4 terrains de football, il sera irrémédiablement détruit puisque ce sol est trop instable et marécageux donc impropre à soutenir correctement les dalles et les bretelles du nouvel échangeur Turcot. Sans oublier, l’installation prévue d’un collecteur d’eaux usées devant transiter par le site pour le bénéfice de 140 000 ménages du secteur.

N’étant pas en mesure de nous faire une tête bien précise sur ce dossier tout en saisissant les tenants et aboutissants d’un tel projet de destruction, mais de surplus, étant conscient de l’enjeu patrimonial sous-jacent, nous mettons la question suivante sur la table. À supposer que le MTQ doive aller de l’avant avec la destruction du site suivi du remblaiement, est-il techniquement possible de préserver un espace-témoin d’un certain périmètre et qui ne viendrait pas mettre en péril la solidité et la fiabilité de la structure du nouvel échangeur Turcot? Autrement dit, faut-il irrémédiablement tout détruire ou peut-on se permettre grâce à notre ingénierie doublée de notre ingéniosité permettre un espace-témoin de nature matérielle et non pas simplement virtuelles?

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BIBLIOGRAPHIE ET LIENS UTILES

1- MARTIN, André. Les charmes discrets de Saint-Henri, Vie des Arts, vol. 26, no 105, 1981-1982, p. 23-25. Dans Erudit.org

http://www.erudit.org/culture/va1081917/va1174852/54479ac.pdf

2- LE POTIN DES TANNERIES. LE BULLETIN D’INFORMATION DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-HENRI

http://acqc.ca/wp-content/uploads/2015/09/potins-sp%C3%A9cial-%C3%A9t%C3%A9-2015.pdf

 

 

 

 

 

 

LES ORIGINES DE MONTRÉAL (1) « Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal »

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(Portrait du roi Henri IV qui régna de 1589 à 1610)

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Comme convenu, voici la recension du premier texte du livre Les Origines de Montréal* intitulé Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal de l’historienne Dominique Deslandres**.

Appuyée sur une bibliographie solide où l’on y retrouve entre autre l’historien des mentalités et du Moyen-Âge, Jean Delumeau ainsi que George Duby, lui aussi historien médiéviste, Dominique Deslandres nous brosse un tableau voire un état des lieux de la France de la fin du XVIème et de la première moitié du XVIIème siècle.

Comme le titre l’indique, elle nous offre l’arrière-plan socio-religieux à savoir la toile de fond sur laquelle s’est développée le projet missionnaire des Montréalistes comme on les appelait parfois à l’époque.

Mais d’entrée de jeu, elle nous décrit d’abord l’état dans lequel se trouve le Royaume de France ainsi que l’Église de France. Avec l’arrivée du roi Henri IV (1589-1610), c’est le début d’une relative paix sociale qui succède à quelques décennies de guerre civile avec son lot de violence, de destructions matérielles et de déliquescence sociale.

À partir de 1604, Henri IV avec le soutien des évêques de France verra à « normaliser » l’ordre des choses autant dans la vie civile que dans la vie religieuse. Dans la foulée du renouveau pastoral insufflé par les décrets du Concile de Trente (1645-1665), l’Église de France n’ayant pas attendu la réception complète de ceux-ci est engagée dans un processus de réforme intérieure et de réforme institutionnelle qui conjuguées ensemble favorisera une remontée en puissance du catholicisme français.

La France d’alors est dans un processus de mutation au plan économique et social. Bien que 85% des 18 à 20 millions de français soient liés à la terre, le moins de 1/10ème que représente les citadins-urbains impulse une dynamique économique et c’est sur ce phénomène urbain que prendra appui la monarchie et l’Église de France.

Le propos de l’auteure nous montre comment une élite socio-religieuse nourrie d’un idéal de chrétienté se veut en phase non seulement avec les décrets tridentins mais aussi avec le nouvel ordre économique et social qui pointe à l’horizon.

C’est en quelque sorte un projet encadreur et encadrant que vise les autorités ecclésiales afin de donner naissance à un nouveau moule de chrétien qui à terme donnera un Français moderne, catholique et tridentin. Mais pour ce faire, le premier grand obstacle à surmonter est l’ignorance religieuse.

Plus de cent ans après avoir découvert un nouveau continent, après quelques décennies où des missions catholiques se sont déployées ça et là sur différents continents pour la conversion de sociétés inconnues, l’Église de France constate que la majorité de son peuple chrétien est en quelque sorte sous-christianisé.

Dominique Deslandres fait bien ressortir que nous sommes ici dans un processus de réforme par le haut c’est-à-dire par une élite cultivée, dévote et en mesure de financer des projets de missions d’évangélisation autant à l’intérieur du pays qu’en dehors. Foncièrement, ce grand effort de rénovation et de réformation « visait à populariser le modèle chrétien et moral des élites » (p.29).

Et c’est dans ce contexte qu’un certains nombre de dévots ont imaginé le projet d’une mission particulière d’évangélisation en terre d’Amérique française, plus précisément sur l’île de Montréal.

Nous avons résumé de manière très schématique le travail de recherche de Dominique Deslandres qui ouvre l’ensemble des textes colligés dans ce livre portant sur les origines de Montréal. Ce texte met agréablement la table pour le second qui porte nommément sur la Compagnie du Saint-Sacrement (1630-1667) qui sera maître-d’oeuvre du projet missionnaire relayée par la Société de Notre-Dame de Montréal (1639-1663) et ses différents protagonistes.

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* BRAULT, Jean-Rémi. Les Origines de Montréal, Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, Leméac, Montréal, 1993.

** Dominique Deslandres, historienne, est professeure titulaire au département d’histoire de l’Université de Montréal et a participé à la fondation du Centre d’Études des Religions (CERUM).

6 SEPTEMBRE 2015, MESSE D’ACTION DE GRÂCE: JEANNE MANCE

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(Une scène ayant comme protagonistes, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et un membre de la colonie victime d’un scalp. Archives du musée historique canadien du chemin de la Reine-Marie. Mieux connu sous l’appellation populaire du musée de cire. Institution désormais fermée.)

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Ce dimanche matin 6 septembre 2015, une messe d’action de grâce pour souligner et célébrer la vénérabilité de Jeanne Mance, co-fondatrice de Montréal et fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal mais avant tout, et on a tendance à l’occulter, la première infirmière de la colonie de Ville-Marie. Mais aussi une administratrice avertie qui sût en 1651 prendre les décisions qui s’imposaient afin de non seulement sauver l’Hôtel-Dieu de l’époque mais le projet de colonie tout entier. Et cela aussi, nous avons tendance à l’oublier.

LE MUSÉE DES HOSPITALIÈRES DE L’HÔTEL-DIEU DE MONTRÉAL

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(Photo: Alain Laforest, 2001; Le site officiel du Mont-Royal)

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(Une partie de l’escalier de chêne du musée. Source: Itinéraires Musées)

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C’est dans le cadre du 350ème anniversaire de la fondation de Montréal que fut inauguré le 18 mai 1992 le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et ce dans le même élan que l’inauguration du Musée de Pointe-à-Callière.

Ainsi, c’est dans la foulée des préparatifs menant à la commémoration du 350ème de Montréal (1992) que nous nous sommes dotés de deux musées ayant trait à l’histoire de Montréal et à ses origines (1642) à savoir le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, mieux connu sous l’appellation de musée Pointe-à-Callière et un peu moins connu le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

Aujourd’hui dans le cadre de cet article, nous nous intéressons au musée des Hospitalières. D’entrée de jeu, il importe de souligner qu’un projet muséal ne s’improvise pas. il faut être en mesure de répondre aux exigences de la muséographie. Il faut procéder à l’inventaire de la collection: documents d’archives, objets, artefacts, oeuvres d’art.

Puis suite à une étude de faisabilité et d’évaluation du patrimoine conservé, l’on peut procéder à l’étape de la mise sur pied physique d’un musée. C’est ce à quoi se sont astreintes les soeurs Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Les différentes expertises requises se firent entre 1985 et 1987. Tout ce travail d’inventaire et d’analyse a été validé par des spécialistes et des muséologues. La table était mise pour la réalisation d’un projet muséal dont la décision fut prise en 1988.

Il faut dire que les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph (RHSJ) qui au fil des trois derniers siècles avait accumulé une imposante collection d’objets et de documents n’en étaient pas à leurs premières armes. En effet, sporadiquement au cours du XXème siècle, elles avaient commémoré certains événements et anniversaires liés à la vie de leur communauté. On pense, entre autre chose, au tricentenaire de la mort de Jeanne Mance en 1973 où une année entière, elles tinrent une exposition d’objets et de documents en leur possession.

C’est cette longue tradition de commémoration d’événements et d’anniversaires qui conduisit, petit à petit, les Hospitalières à envisager le projet d’un vrai musée avec un lieu physique permanent, doté d’une exposition permanente et complété par des expositions temporaires. En 1983, l’on crée au sein de la communauté des RHSJ un secteur des biens historiques doublé d’un comité du musée dont le tout se concrétise vers la fin des années 80 comme mentionné plus-haut.

Tout en étant de taille modeste, le musée des Hospitalières de l’avenue des Pins répond aux normes les plus modernes de la muséographie. Il se meut dans les entrelacs de l’histoire, de la médecine, de la science des soins, de la religion et de l’architecture. C’est un lieu intimement lié à la mémoire et à l’origine de Montréal.

On ne peut terminer cet article sans parler de ce fameux escalier de chêne installé dans le hall d’entrée. Cet escalier vient de l’ancien prieuré de Saint-Thomas de La Flèche (Sarthe). Il est de chêne sculpté datant du XVIème siècle et il est un modèle classique de l’artisanat angevin de l’époque. Cet escalier de chêne monte deux étages de vingt et une marches chacun. La hauteur du sol au premier est de 3,42 m et du premier au second de 3,38 m.

Cet escalier offert en 1963 par le département de la Sarthe (France) à la Ville de Montréal fut entièrement rénové par les Compagnons du Devoir. Une rénovation qui nécessita l’ajout d’élément en chêne canadien d’où certains contrastes avec le brun foncé du bas de chêne d’origine. Puis la Ville de Montréal en fit cession aux Hospitalières dans le cadre du projet de leur musée en 1992.

Voici comment s’est exprimé le préfet de la Sarthe de l’époque, Monsieur Pierre-Marcel Wiltzer qui en fit cadeau au maire de Montréal Jean Drapeau. « Ce don de la Sarthe à la mairie de Montréal constitue le témoignage le plus éclatant de la solidité des liens séculaires et familiaux qui existent entre nos deux peuples ».

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

ETTER, Éric, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Continuité, no 55, 1992-1993, p. 42-45/ http://id.erudit.org/iderudit/16342ac

LANDRY, Armour, L’escalier de chêne de La Flèche: souvenir au pays angevin, Vie des Arts, no 32, 1963, p.62-63/ http://id.erudit.org/iderudit/58503ac

MIRANDETTE, Marie-Claude, Deux musées en marge des grandes institutions, Vie des Arts, vol. 137, no 148, 1992, p. 44-53/ http//id.erudit.org/iderudit/53646ac

PAYER, Thérèse et Nicole Bussières, L’Hôtel-Dieu de Montréal fondé par Jeanne Mance célèbre son 350è anniversaire, Pierres vivantes, 1991, p.8-9.

TRUDEL, Jean, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal: un musée à visiter, Histoire Québec, vol. 2, no 1, 1996, p. 30/ http://id.erudit.org/iderudit/71379ac

LIEN UTILE:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/

LES HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH DE MONTRÉAL

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(Photo: Pedro Ruiz. LE DEVOIR, 5 mars 2014)

 

62659-v6 hôtel-dieu(Illustration intitulée, Montréal: Hôtel-Dieu, ou l’Hôpital général catholique, publiée dans le Canadian Illustrated News, 24 avril 1875)

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(Plan partiel de l’enclos de l’Hôtel-Dieu de Montréal montrant l’état des lieux de 1734-1828. Dressé par Aristide Beaugrand-Champagne, Architecte. Sur les plans de l’époque et d’après des descriptions conservées dans les Archives des Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal)

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(Jeanne Mance au secours d’un blessé. Bronze de Louis-Philippe Hébert placé devant l’Hôtel-Dieu de Montréal)

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Nous pouvons toujours nous targuer de connaître un tant soit peu Jeanne Mance et le célèbre hôpital de l’Hôtel-Dieu. Mais qu’en est-il de ces femmes qui pendant trois siècles ont tenu à bout de bras et dirigé le plus ancien hôpital de Montréal. Hélas, peu de choses.

Ces femmes se sont les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal (RHSJ). Le devoir de reconnaissance nous incite à vous présenter d’une manière très succincte leur origine et leur histoire.

Leur origine se confond avec celle de la fondation du bourg de Ville-Marie. Le tout commence dans la France dévote du XVIIème siècle. En 1630, un pieux laïc du nom de Jérôme Le Royer sieur de La Dauversière (1597-1659) suite à une vision qui le conduira à vouloir édifier une mission catholique sur l’île de Montréal, mais ne pouvant mettre immédiatement son projet à exécution, invite en 1636 de jeunes filles séculières à oeuvrer auprès des malades dans le nouvel Hôtel-Dieu de La Flèche (département de Sarthe). C’est une nommée Marie de la Ferre (1589-1652) qui co-présidera avec lui à la fondation des Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche. Elle en sera la première supérieure. Puis ayant été reconnues en 1643 par l’évêque d’Angers, les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche sont officiellement nées.

Entre 1640-1641, le projet de Jérôme Le Royer d’un établissement missionnaire auprès des amérindiens de l’île de Montréal commence à prendre forme. De son côté, Maisonneuve persuadera Jeanne Mance de se joindre à l’entreprise. Elle aura le mandat de fonder et de s’occuper d’un hôpital. Ce qu’elle fit quelques trois ans après l’arrivée de la première recrue soit en 1645 . Bien que l’on puisse supposer qu’il existait entre 1642 et 1645, un proto-hôpital à l’intérieur du Fort de Ville-Marie.

En 1659, lors d’un voyage en France, Jeanne Mance recrute trois hospitalières de La Flèche afin de la soutenir dans son travail d’infirmière. C’est à partir de cette date que, petit à petit, les soeurs Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal prendront leur place dans l’histoire de Montréal.

Les débuts des Hospitalières en Amérique sont difficiles même Mgr Laval leur est un peu hostile. En vain pour lui, car en 1666, le pape Alexandre VI érige canoniquement la communauté lui donnant ainsi toute sa respectabilité.

Avec le temps, la communauté montréalaise des Hospitalières se « canadianise ». En effet, dès 1700, la majorité des trente hospitalières sont nées au pays. Tous s’accorde pour reconnaître que la vie d’infirmière, surtout en cette époque où l’on procède avec les moyens du bord et les connaissances du temps, est exigeante. Cela sans compter qu’en moins de quarante ans, le bâtiment d’époque de l’Hôtel-Dieu fut à trois reprises la proie des flammes (1695,1721,1734).

Lors de la Conquête anglaise de la Nouvelle-France (1759), il y eu un temps d’incertitude où l’on a craint un possible rapatriement en France mais qui au final n’aura pas lieu.

Le vent tourne au XIXème siècle avec une progression numérique des vocations ainsi qu’une expansion territoriale allant du Nouveau-Brunswick au Vermont. En 1860, les Hospitalières cèdent la direction médicale à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Puis dans le même élan, l’on abandonne les installations du Vieux-Montréal pour se rabattre dans une zone plus champêtre située un peu plus au nord que l’on nomme le Mont Sainte-Famille qui est, en quelque sorte, le site actuel de l’Hôtel-Dieu sis à l’angle de la rue Saint-Urbain et de l’avenue des Pins.

Puis dans les années 70 avec l’étatisation progressive des soins de santé au Québec, la communauté des Hospitalières est amenée à diversifier ses activités. Aujourd’hui, avec l’arrivée du méga-hôpital que représente le CHUM, l’on sait qu’à très court terme le pavillon de l’Hôtel-Dieu sera fermé. Un énième défi se pointe pour les Hospitalières mais aussi pour l’ensemble des citoyens montréalais à savoir que fait-on de ces bâtiments patrimoniaux? Peuvent-ils (ces bâtiments) revendiquer et soutenir une autre vocation? La question est déjà sur la table et de vifs débats sont à prévoir.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

CLÉMENT, Béatrice, Marie de la Ferre 1589-1652. Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal, 1964. Ouvrage recensé par Lionel Groulx, Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 18, no 2, 1964, p. 301-302/ http://id.erudit.org/iderudit/302378ar

GAGNON, Hervé, Soigner le corps et l’âme: Les Hospitalières de Saint-Joseph et l’Hôtel-Dieu de Montréal, XVIIè-XXè siècle, éditions GGC, Sherbrooke, 2002.

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LOUIS-PHILIPPE HÉBERT

(Louis-Philippe Hébert (1850-1917), célèbre sculpteur québécois. Une oeuvre de plus d’une quarantaine de monuments célèbres et reconnus)

ENFIN EN LIGNE!

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VILLE-MARIE EXPRESS est enfin en ligne. Après quelques mois d’incubation, nous sommes en ce 1er septembre 2015 accessible à tous ceux et celles qui fréquentent la toile mais surtout à ceux et celles qui veulent découvrir ou redécouvrir Montréal, son histoire et son futur sans négliger son présent.

Il était de mise pour ce court article de lancement officiel de reprendre la photo qui fait office d’en-tête de VILLE-MARIE EXPRESS. Nous redisons à nouveau toute notre reconnaissance au photographe Michaël Vesia de nous avoir aimablement autorisé à utiliser sa splendide photo de Montréal qui exprime le projet de ce journal-web à savoir écrire et parler du Montréal d’antan et de celui d’aujourd’hui. Particulièrement, de ce Montréal qui se prépare fébrilement à célébrer son 375ème anniversaire de fondation en 2017.

En plus des Actualités montréalaises, nos lecteurs et lectrices y retrouveront au fil des semaines et au gré de nos disponibilités pour écrire, une chronique Livres, des Notices biographiques succinctes, une chronique Histoire et Patrimoine, des entrevues, une page Montréal en chansons et un peu plus tard une chronique Journal d’époque.

Nous devons tout de même vous avouer que nous sommes en mode rodage et que les articles déjà publiés et ceux qui vont suivre sous peu ne sont pas complétés de manière définitive. D’ailleurs tout au long de ces mois qui nous conduirons  au seuil du 375ème, l’ensemble des textes et des montages sera revu, corrigé, amélioré et amplifié.

En conclusion, afin d’éviter des redites, nous vous convions d’abord à aller lire l’onglet Qui sommes-nous? Au plaisir de vous garder dans notre lectorat tout au long de ce parcours vers le 375ème de VILLE-MARIE/MONTRÉAL.