DE LA GRANDE PAIX DE 1701 À LA GRANDE RÉCONCILIATION DU XXIème SIÈCLE

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(Un moment de grands palabres. Illustration: Francis Back)

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(Montréal en 1700. Illustration: Francis Back)

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(Extrait de la copie du traité de la Grande Paix de Montréal 1701)

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La Commission de Vérité et Réconciliation du Canada a déposé son rapport final le mardi 15 décembre 2015 et nous exhorte de revoir de fond en comble les relations entre le Canada et les nations autochtones. Ici, il faut comprendre le Canada dans ses différentes entités gouvernementales et politiques à savoir les provinces, les territoires et les municipalités.

Mais c’est surtout un appel à refonder les relations ancestrales et contemporaines entre les autochtones et les allochtones que nous sommes. Le nouveau gouvernement fédéral en la personne du nouveau premier ministre Justin Trudeau s’est déjà commis à honorer et à mettre en application les 94 recommandations de la Commission.

Le défi de cette grande refondation des relations séculaires entre autochtones et allochtones basée sur la justice et l’égalité devrait à notre avis s’inspirer de la Grande Paix de Montréal de 1701 qui a permis l’établissement d’une période de paix pendant près de cinquante ans non seulement entre les colons français de l’époque et les différentes nations amérindiennes mais cette Grande Paix fut aussi le moment d’un grand apaisement entre les nations amérindiennes elles-mêmes.

Afin de prendre la mesure de l’importance de ce projet de traité de paix, il nous faut faire un bref détour par l’histoire. L’on sait le lien ambivalent et alambiqué que Cartier dès son deuxième voyage (1535) entretenait avec Donnacona, le chef huron de Stadaconé sans oublier leur défiance mutuelle. Mais dès ce premier contact entre l’explorateur maloin et une tribue amérindienne, l’on sut que la nation huronne-algonquienne était en brouille avec la nation iroquoise.

Du temps de Samuel de Champlain (1604-1635) soit quelques 75 ans plus tard, les guerres et escarmouches inter-amérindiennes persistent et prennent de l’ampleur. Il faut admettre que la confédération des Cinq-Nations iroquoises voyaient d’un très mauvais oeil, le soutien de Champlain à son ennemi héréditaire qu’était les Algonquiens. Mais cela n’a pas empêché en 1624 la conclusion d’un petit traité de paix entre les Cinq-Nations et les Français. Malheureusement, moins de trois ans plus tard, les Algonquiens, alliés « naturels » des Français ont saboté ce temps d’accalmie.

Toute la première période de l’établissement de la colonie de Ville-Marie (1642-1665) a vu alterner des périodes de grandes hostilités de la part des Iroquois envers les colons. Mais à la fin du XVIIème et début du XVIIIème, nous sommes loin de l’épopée mystique des premiers fondateurs.

En 1701, la petite bourgade fortifiée de Montréal, selon l’analyse des recensements de 1683 et 1715, amène à conclure approximativement le nombre d’habitants pour la ville à 1 200 âmes et 4 700 pour l’ensemble de l’île. On compte quelques 185 bâtiments à l’intérieur de l’enceinte fortifiée s’étendant sur plus de 2800 mètres.

Après les deux mandats désastreux de LaBarre (1682-1685) et Denonville (1685-1689) comme gouverneur de la Nouvelle-France, vivement le retour de Frontenac pour apaiser la situation. La méconnaissance des moeurs amérindiennes et des manières amérindiennes d’établir des relations « diplomatiques » avec l’étranger avait conduit LaBarre et Denonville à non seulement exacerber le contentieux avec les Iroquois mais comble de malheur a irrité au plus haut point ses alliés autochtones.

Maniant le bâton et la carotte, en bon stratège et en bon connaisseur des amérindiens, Frontenac réussit à rétablir les ponts et la confiance. À défaut de pouvoir ramener un semblant de paix, Frontenac doit se résoudre à au moins neutraliser les plus guerriers des Iroquois (campagnes militaires de 1693 et 1698).

Malheureusement, Frontenac n’aura pas le temps de consolider son plan de paix. Il meurt en 1698. Qu’a cela ne tienne, il aura un digne successeur en la personne de Louis-Hector de Callière qui était depuis 1684 gouverneur de Montréal et qui deviendra officiellement gouverneur de la Nouvelle-France le 20 avril 1699.

Louis-Hector Callière (1648-1703), troisième gouverneur de Montréal et douzième successeur de Champlain est l’homme de la situation bien qu’il n’ait que 38 ans. Sans dire que les rapports étaient toujours facile avec Frontenac, les deux hommes ont eu assez d’estime et de respect pour apprécier chez l’un et chez l’autre la même compréhension des enjeux de la situation de la colonie française surtout aussi face aux colonies anglaises d’Albany et de New York toujours en mal d’expansion territoriale afin de s’assurer du monopole du commerce des pelleteries.

C’est dans ce contexte historique et en ayant la fibre d’un grand diplomate s’adossant à une formation militaire rigoureuse et minutieuse que Callière mis un peu tout le monde à contribution. Il créa des petits groupes d’ambassadeurs (missionnaires jésuites, aventuriers, soldats) qui savaient se débrouiller dans les différentes langues autochtones. Ces ambassadeurs ont sillonné un vaste territoire qui s’étendait du bassin de la Baie James, au bassin des Grands Lacs et ce jusque dans la vallée du Mississipi.

Un traité préliminaire fut signé dès le 8 septembre 1700 avec plusieurs nations amérindiennes dont certaines de la confédération iroquoise. Ce n’était que le prélude à quelque chose de plus ambitieux. En effet, à partir de cette première réussite, le gouverneur Callière s’active afin de rallier toutes les nations amérindiennes foulant le sol de l’Amérique du nord.

L’on commence à parler d’un grand rassemblement à l’été 1701, du 24 juillet au 4 août pour être plus précis. Un grand congrès pour la paix se tiendra à Montréal, la petite bourgade fortifiée, au pied de la Pointe-à-Callière et le long d’une partie du Saint-Laurent. Les délégations amérindiennes arrivent l’une à la suite de l’autre tout au long du printemps 1701.

Pendant une dizaine de journées, 38 délégations amérindiennes plus de 1300 personnes. Le ballet diplomatique se met en branle. Callière en fin connaisseur et respectueux des manières amérindiennes de construire les liens et les alliances  les adopte et s’en accomode. Le défi se décline en deux volets, convaincre les nations iroquoises des avantages de faire la paix, convaincre aussi ses alliés algonquiens de la justesse d’une telle paix.

La diplomatie est une science et un art qui se déploie concrètement et matériellement par le dialogue, la négociation, le marchandage, le compromis, parfois le tordage de bras, la ruse mais la ruse à bon escient s’entend. Tout cela mené avec intelligence, tact, finesse et doigté. Sans oublier la bonne volonté des protagonistes.

Et c’est ainsi que dans la foulée de la mort du célèbre chef huron-wendat, Kondiaronk, en plein pourparler de paix (3 août) suivi de funérailles grandioses, le traité de La Grande Paix de Montréal fut signé le 4 août 1701 par les représentants des 38 délégations amérindiennes et par le gouverneur de Montréal. Le dessin de l’emblême de chaque clan ou village faisant office de signature pour les délégations amérindiennes.

Nous avons fait ce bref détour par l’histoire de certains épisodes des relations souvent tumultueuses et parfois marquées par le souci du respect et de la rencontre afin que dans la foulée du rapport Vérité et Réconciliation, nous puissions tabler sur ce grand projet que fut la convocation d’une assemblée entre les nations amérindiennes et les colons français dans le cours des années 1700-1701.

À l’instar, de nos ancêtres respectifs, nous sommes convoqués à faire preuve de la même audace et de la même clairvoyance. On ne peut effacer le passé mais on peut y prendre appui afin de rétablir les liens de confiance et apprendre à partager le même territoire et les mêmes ressources. Et surtout à établir sur un meilleur socle la rencontre et la compénétration réciproque des us et coutumes de tous un chacun.

En 1611, Samuel de Champlain a reçu de la part des Hurons la ceinture de wampum en guise de rappel du lien et de l’alliance entre les deux peuples. Puissions-nous dans les prochains mois et les prochaines années commencer à enfiler les perles de coquillages en vue de la création d’une nouvelle ceinture de wampum qui scellera le début d’un renouveau dans les relations multi-séculaires entre les autochtones et les allochtones que nous sommes.

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BIBLIOGRAPHIE

Boulet, Gilles, Lacoursière Jacques et Denis Vaugeois (éds), Le Boréal Express, Journal d’histoire du Canada, Tome 1, 1524-1760, p. 164-165, Septentrion, Québec.

Beaudoin, Léo. « Le tricentenaire de la Grande Paix de Montréal: août 1701 », Histoire Québec, vol. 7, no 2, 2001, p. 25-42.

http://id.eridit.org/iderudit/11445ac

Dayot-Fournier, Eva. « Histoire d’un traité de paix… », Vie des Arts, vol. 45, no 183, 2001, p. 64.

http://id.erudit.org/iderudit/52987ac

Delâge, Denys. « Les Amérindiens dans l’imaginaire des Québécois », Liberté, vol. 33, no 4-5, (196-197) 1991, p. 15-28.

http://id.erudit.org/iderudit/60532ac

Delâge, Denys. « La peur de passer pour des Sauvages », Les cahiers des dix, no 65, 2011, p. 1-45.

http://id.erudit.org/iderudit/1007771ar

De Lagrave, Jean-Paul. « La paix de Callière », Cap-aux-Diamants: la revue d’histoire du Québec, no 29, 1992, p. 71.

http://id.erudit.org/iderudit/8022ac

PARIS/13 NOVEMBRE 2015 (2)

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(Un timbre-poste à l’effigie de Charles Péguy)

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LIMINAIRE

La rédaction de VILLE-MARIE EXPRESS est heureuse d’accueillir en ses pages, la première contribution de l’abbé Marcel Lessard. Dans la foulée du multi-attentats qui a frappé Paris et Saint-Denis, l’abbé Lessard s’est rendu samedi 14 novembre, à l’instar de milliers de Montréalais, devant l’édifice du Consulat de France sis sur la rue McGill.

L’émotion ambiante et la beauté du rassemblement, lui ont inspiré cette réflexion qu’il a dans un premier temps communiqué à ses amis d’Outre-Atlantique puis nous a demandé de pouvoir la publier en nos pages.

Intitulée « À la manière de Charles Péguy », ce texte nécessite quelques données de lecture. Charles Péguy (1873-1914) est un écrivain français dont on vient de commémorer le 100ème anniversaire de sa mort. En effet, le samedi 5 septembre 1914, le lieutenant Charles Péguy fut tué près de Maux. Il est, par conséquent, l’un des premiers morts de la célèbre bataille de la Marne.

Dans ses oeuvres de nature poétique dont Le Porche du Mystère de la deuxième vertu (1912), il utilise un artifice littéraire qui laisse la parole à Dieu qui s’exprime par l’intermédiaire du personnage de Madame Gervaise dans un long monologue. Ici, l’abbé Lessard fait un clin d’oeil à Péguy en laissant la parole à Dieu non pas dans un long monologue mais dans une courte réflexion-prière.

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                      PRIÈRE À LA MANIÈRE DE CHARLES PÉGUY

Et Dieu dit:

« Dans toute ma création, il n’y a rien de plus beau qu’un rassemblement d’hommes et de femmes dans un silence recueilli et respectueux des valeurs les plus profondes et les plus dignes qui les animent! Ils sont là rassemblés dans la pudeur de leurs émotions les plus vraies, les plus naturelles.

Ils sont fiers d’être humains en ces moments-là et, dans leur recueillement, ils me rendent grâce, pour ce que j’ai semé de plus beau en eux. Ils disent leur souffrance et leur espérance…

Oui, je suis fier de ces hommes et des ces femmes qui se tiennent debout et qui sont résolus à vivre des valeurs déjà proposées dans l’Évangile. N’est-ce pas là toute la portée de cette Bonne Nouvelle du salut pour chaque personne et pour toute l’humanité.

Je les reconnais, bien créés à mon image et à ma ressemblance… Qu’ils sont beaux alors ces humains si vulnérables et si fiers et encore et toujours capables de fraternité et de prière. Je suis vraiment leur Père… Et j’envoie mon Fils à leur rencontre afin qu’ils puissent croire encore à la fraternité.

Amen.

Marcel Lessard, prêtre.

PARIS/13 NOVEMBRE 2015

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(La tour Eiffel à l’intérieur du pictogramme de la Paix)*

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(La devise de la ville de Paris: Fluctuat nec mergitur / Il est battu par les flots mais ne sombre pas)

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(Petit clin d’oeil à la devise de Paris dans une des célèbres aventures du petit Gaulois)

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La rédaction de VILLE-MARIE EXPRESS ne peut rester insensible aux multi-attentats perpétrés vendredi soir 13 novembre à Paris et Saint-Denis. Les liens qui nous unissent à plusieurs amis Français ne sont que plus ressoudés par ce genre de drame.

Nous compatissons à notre manière non seulement avec les familles éprouvées mais avec tout le peuple français et avec la République atteinte en plein coeur une seconde  fois en cette année 2015.

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« UNE CERTAINE IDÉE DE LA FRANCE »

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a en moi d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang: que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même; que notre pays tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, vise haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur. »

  Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 1, Plon, 1954.

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https://www.youtube.com/watch?v=o8uRawU7B2E

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* Le lundi 16 novembre 2015, à Ici Radio-Canada Première (radio), on a fait référence à ce dessin en décrivant une tour Eiffel insérée à l’intérieur du légendaire pictogramme de la paix. D’autant plus intitulé PEACE FOR PARIS, il n’y avait aucune ambiguïté possible sur la manière de percevoir visuellement le propos de l’auteur du dessin. Je concède que j’étais dans le champ. Mais dans les circonstances de ce drame qui m’habitait, j’y voyais, tout de même, une tour Eiffel ciblée. Peut-être, ai-je vu ce même dessin mais modifié et qui prenait l’allure d’une tour Eiffel insérée à l’intérieur d’une mire. Je me mets en recherche. GILLES GUY.

 

 

JEANNE LE BER: OUVERTURE DU PROCÈS DIOCÉSAIN (28 OCT. 2015)

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Nous vous avions déjà parlé de Jeanne Le Ber, la recluse de Ville-Marie (voir plus bas le lien sur VMEx). Le 28 octobre 2015 a eu lieu l’ouverture officielle du procès diocésain de la cause de Jeanne Le Ber à la chapelle Notre-Dame du Sacré-Coeur de la Basilique Notre-Dame.

Christian Lépine, l’archevêque de Montréal, a présidé la liturgie de la Parole donnant le coup d’envoi d’une grande attente. Pour cet événement ecclésial hors de l’ordinaire, il avait convié les membres de la Commission historique qui ont patiemment colligé les pièces du dossier, les membres du Tribunal diocésain, des membres de communautés religieuses notamment des religieuses de la Congrégation de Notre-Dame ainsi qu’un petit groupe de Recluses Missionnaires sans oublier quelques amis et familiers de la vie et de la spiritualité de Jeanne la recluse.

Comme on peut s’en douter, le processus canonique menant à la reconnaissance et à la recommandation positive d’une vie personnelle vouée à la sainteté n’est pas simple.

De prime abord, il a fallu le travail émérite de soeur Monique Tremblay, c.n.d., faisant office de postulatrice de la cause. S’en est suivi la mise sur pied d’une commission historique composée de Roland Litalien, p.s.s., de Réal Lévesque, p.s.s. afin d’en étudier le dossier.

Ce dossier piloté de main de maître par soeur Monique Tremblay qui a pu compter sur la collaboration de l’archiviste de la Maison Mère de la Congrégation Notre-Dame, soeur Marguerite L’Écuyer, c.n.d., ainsi que de l’archiviste du Musée Marguerite-Bourgeoys, Stéphan Martel. Sans oublier, soeur Hélène Tremblay, c.n.d., décédée en février dernier ainsi que soeur Denise Malo, c.n.d., qui lui a succédé au bureau Jeanne Le Ber.

L’archevêque de Montréal, Christian Lépine, a instauré et nommé les six membres du Tribunal dont le mandat est d’évaluer et de soupeser la solidité du dossier qui leur est soumis afin de l’acheminer jusqu’aux instances romaines, c’est-à-dire la Commission de la Cause des saints qui après étude du dossier recommandera ou non l’accession de la recluse de Ville-Marie au titre de vénérable. Première étape vers une possible reconnaissance vers la sainteté. Mais allons-y une étape à la fois.

Pour ceux et celles qui ne sont pas familier avec ce genre de processus ecclésial menant à la reconnaissance des vertus héroïques d’un membre de l’Église, précisons que ce tribunal diocésain après avoir pris connaissance du dossier établit par la commission historique procédera à un audit d’un certain nombre de personnes inspirées encore aujourd’hui par la spiritualité de Jeanne Le Ber avant d’acheminer le tout à Rome. VILLE-MARIE EXPRESS vous tiendra au courant de tout développement ultérieur au fur et à mesure où l’information sera connue.

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EN COMPLÉMENT

http://reclusesmiss.org/wp/ouverture-de-la-cause-de-jeanne-le-ber/

http://www.cnd-m.org/fr/jeanne_le_ber/biographie1.php

http://ville-marie-express.quebec/index.php/2015/10/04/jeanne-le-ber-1662-1714/

 

 

 

 

 

 

 

 

LANGRES (HAUTE-MARNE): DES PÈLERINS LANGROIS À MONTRÉAL (SEPT-OCT 2015)

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(UNE VUE AÉRIENNE DE LA VILLE FORTIFIÉE DE LANGRES)

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(CARTE GÉOGRAPHIQUE POUR SITUER LANGRES)

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(PHOTO D’UNE RUE DE LANGRES)

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(PHOTO: ARRIVÉE DES LANGROIS À L’AÉROPORT P. E. TRUDEAU. SOURCE : DIOCÈSE DE LANGRES)

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(PHOTO:DE GAUCHE À DROITE: L’ABBÉ LESSARD, MME FEISTHAUER, MGR JOSEPH DE METZ-NOBLAT ET LE GUIDE QUÉBÉCOIS, MARCEL BÉLANGER. SOURCE: DIOCÈSE DE LANGRES)

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(PHOTO: CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE À LA CHAPELLE NOTRE-DAME-DE- BONSECOURS. SOURCE: DIOCÈSE DE LANGRES)

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(PHOTO: RENCONTRE AVEC LES SOEURS HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH AU MUSÉE DES HOSPITALIÈRES. SOURCE: DIOCÈSE DE LANGRES)

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Langres en Haute-Marne (France), cette ville vous dit quelque chose voire plutôt quelqu’un? Oui, bien sûr la ville de Denis Diderot, le père de l’Encyclopédie et de la transmission des savoirs mais Langres c’est aussi la ville de Jeanne Mance.

Tout récemment, c’est-à-dire du 29 septembre 2015 au 8 octobre 2015, un groupe de pèlerins et pèlerines du diocèse de Langres est venu à Montréal et dans quelques autres villes du Québec.

Sous la direction de Marie-Claire Feisthauer et de Claude Feisthauer, le groupe Langrois est arrivé le 29 septembre à l’aéroport P. E. Trudeau pour un petit périple de quelques jours en terre québécoise. Le groupe de pèlerins fut accueilli dès l’aéroport par l’abbé Marcel Lessard.

Intitulé Sur les pas de Jeanne Mance et Marguerite Bourgeoys, ce pèlerinage s’inscrivait dans la perspective de souligner non seulement l’éventuelle canonisation de la co-fondatrice de Montréal mais aussi en vue de se préparer aux futures festivités et commémorations entourant le 375ème anniversaire de la fondation de Montréal en 2017.

L’abbé Marcel Lessard, profitant de sa vaste expérience en matière de relations franco-québécoises était la personne la plus avisée non seulement pour les accueillir dès leur arrivée à l’aéroport mais pour les guider vers des activités signifiantes pour le versant montréalais du pèlerinage des Langrois.

Lors de leur visite au Musée des Hospitalières de Montréal, il y eut, bien sûr, un moment intensément profond et émouvant devant le tombeau de Jeanne Mance. Sans oublier, la célébration eucharistique à la chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours, en ayant en pensée sainte Marguerite Bourgeoys.

Pour revenir à l’abbé Lessard, lors du 350ème anniversaire de la fondation de Montréal (1992), il était alors animateur de la pastorale de l’école secondaire Louis-Riel. Il était au coeur d’un projet d’un voyage d’échange franco-québécois entre des lycéens français et des étudiants du secondaire de Montréal.

C’est à partir de ce projet d’échange franco-québécois que l’abbé Lessard a continué à établir et entretenir des contacts personnels avec plusieurs de « nos cousins » d’Outre-Atlantique qui ont aussi le souci et l’intérêt des liens particuliers qui unissent les Montréalais et les Français, particulièrement ceux des villes de La Flèche, Langres, Troyes pour ne nommer que celles-ci.

En conclusion de tout cela, nous tenons à souligner et à rappeler que la commémoration du 375ème de la fondation de Montréal et des festivités inhérentes à ce genre de projet doivent tabler sur ce qui est déjà défriché et semé, c’est-à-dire sur les contacts personnels qui sont établies depuis au moins le 350ème de Montréal entre des Montréalais et des Français. En cela,  VILLE-MARIE EXPRESS se fait un point d’honneur de saluer le travail de l’abbé Marcel Lessard et espère vivement que lorsqu’il aura du temps libre, il pourra nous gratifier de textes nous racontant ses souvenirs précieux et parfois anecdotiques concernant les Fêtes du 350ème en attendant ceux du 375ème.

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VOICI UN EXTRAIT D’UNE ENTREVUE TÉLÉPHONIQUE AVEC L’ABBÉ MARCEL LESSARD SUR LES ONDES RCF-LANGRES DANS LE CADRE DE L’ÉMISSION RADIOPHONIQUE INTITULÉE L’INVITÉ DE LA RÉDACTION.

https://rcf.fr/actualite/pere-marcel-lessard#.VjE6qe2gElg.mailto

LIENS UTILES:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/

http://www.marguerite-bourgeoys.com/fr/index.asp

 

 

 

JEANNE LE BER (1662-1714)

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(Portrait de Jeanne Le Ber. Source: Collection du Musée Saint-Gabriel)

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(Peinture de soeur Jacqueline Poirier, recluse missionnaire, 1980)

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( Détail d’une verrière. Basilique Notre-Dame de Montréal)

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(Détail d’un parement brodé par Jeanne Le Ber. Source: Collection du Musée Saint-Gabriel)

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(Parement d’autel dit de la Colombe du Saint-Esprit terminé vers 1700. Broderie préservée à la sacristie de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal)

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Ce texte est une reprise revue, augmentée et améliorée voire corrigée de celui écrit lors de la célébration du troisième centenaire de la mort de Jeanne Le Ber (1714-2014)

Chaque fois que l’on parle de la fondation de Montréal, il est de mise de faire ressortir les figures historiques que sont Jeanne Mance (1606-1673) et Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve (1612-1676). Sans oublier, bien sûr, ceux et celles qui sont à l’initiative de cette folle entreprise, tel Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière (1597-1659). Comme dans toute entreprise humaine, il existe toujours des personnages hors du commun qui, de manière discrète, contribuent au succès d’un  projet de grande envergure. Ces personnages de l’histoire peuvent être classés dans la catégorie d’illustres inconnus qui sont dans les faits des personnes méconnues de notre histoire. Jeanne Le Ber en est un bel exemple.

Jeanne Le Ber était la fille unique au sein d’une fratrie de cinq enfants (Louis, Jacques, Jean-Vincent, Pierre). Son père Jacques Le Ber (1633-1706) était un riche marchand de la Nouvelle-France et du Montréal naissant. Quant à sa mère Jeanne Le Moyne, elle est la soeur de Charles Lemoyne (1626-1685) dont le fils homonyme et cousin de Jeanne sera connu comme sieur de Longueuil et de Châteauguay. Jacques Le Ber était arrivé en Nouvelle-France avec son frère aîné François en 1657. Nous sommes donc dans la deuxième étape de l’établissement de Ville-Marie commencé en 1642. En 1660, les Le Ber et les Lemoyne décident d’un commun accord de construire une maison à deux logements distincts sur la rue Saint-Paul juste en face du bâtiment de l’Hôtel-Dieu de l’époque. C’est là que naîtra Jeanne Le Ber le 4 janvier 1662 qui aura comme parrain Maisonneuve dont le sort dans la colonie est en sursis et qui finalement quittera (désavoué) Ville-Marie en 1665 pour retourner définitivement en France.

Autant Jacques Le Ber était voué au commerce et aux affaires de la jeune colonie de Ville-Marie autant Jeanne a priorisé la vie intérieure et spirituelle. Bien que sa vie de recluse la tenait loin des tribulations de ce temps de fondation, elle s’en faisait toute proche par sa vie de prière et d’oblation comme on le verra plus loin. Mais tout en étant recluse, elle ne renonça jamais à la gestion avisée de son patrimoine familial qui lui permit de soutenir financièrement ses oeuvres matérielles, religieuses et caritatives.

L’on peut sans l’ombre d’un doute affirmer que se sont les femmes de son entourage immédiat qui ont semé en elle, le désir d’un accomplissement plus large et plus profond de sa vocation. Qu’il nous suffise d’évoquer sa tante Marie Le Ber (1644-1714) dite de L’Annonciation à ne pas confondre avec Marie de L’Incarnation, Jeanne Mance (1606-1673) qu’elle avait comme marraine et comme proche voisine et qu’elle fréquentait beaucoup dès sa tendre enfance et enfin Marguerite Bourgeoys (1620-1700). Juste à l’évocation de toutes ces femmes, on peut légitimement dire que la jeune colonie de Ville-Marie était entre bonnes mains.

Mais alors que le leg de notre histoire française et coloniale nous rappelle que Jeanne Mance fut la fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, que Marguerite Bourgeoys fonda la Congrégation de Notre-Dame, qu’en est-il exactement de la contribution de Jeanne Le Ber? Pour les gens de son époque, mademoiselle Jeanne est non seulement la fille du riche marchand qu’est Jacques Le Ber mais elle est surtout la recluse de Ville-Marie.

Mais comment peut-on s’imaginer qu’une jeune fille dont la dot pouvait facilement se chiffrer à quelques 50 000 écus et qui était considérée comme l’un des meilleurs partis de la Nouvelle-France s’est « contentée » d’une vie de recluse? On peut risquer une réponse. Considérons simplement que sans rien enlever à la probité morale et à l’engagement religieux de Jacques Le Ber, sa fille Jeanne par sa vie de recluse fut en quelque sorte le pendant spirituel intérieur de la vie commerçante de son père. Bien que l’un ne dévalorise pas l’autre. D’ailleurs, l’aisance financière dont bénéficiat Jeanne, est tributaire de la réussite professionnelle de son père .

Cela dit, que savons-nous de Jeanne Le Ber? Que savons-nous de cette laïque-recluse que l’on nomme l’Ange de Ville-Marie? Elle est née le 4 janvier 1662 dans la colonie de Ville-Marie et baptisée le même jour par le père Gabriel Souart, celui-là même qui maria ses parents quelques années auparavant. De sa tendre enfance l’on sait peu sinon presque rien. De 1674 à 1677, donc entre 12 et 15 ans, elle fut pensionnaire au couvent des Ursulines à Québec. Elle est en bonne compagnie familiale puisque sa tante Marie Le Ber y enseigne.

Profitons-en pour présenter le projet éducatif dont bénéficiaient les jeunes pensionnaires des Ursulines. Au plan intellectuel, grammaire, arithmétique, catéchisme (cela va de soi) histoire et littérature. Bien que l’on puisse supputer qu’ici l’on parle d’histoire sainte et de littérature édifiante pour la vie de l’esprit, on ne doit pas perdre de vue que l’on avait le souci d’engendrer des filles lettrées.

Le second versant de ce projet éducatif était l’initiation aux arts dit féminins que sont la couture, le tricot, la dentelle, la broderie, le dessin et la calligraphie. Outre, l’appellation d’arts dits féminins qui peut nous faire sourire aujourd’hui, il appert que cette exigence de dextérité manuelle était vraiment hors du commun. Va pour la couture et le tricot qui permettaient la confection de vêtements du quotidien. Mais avec la dentelle, la broderie et la calligraphie, l’on peut vraiment parler d’art et de travail d’artiste.

Revenons maintenant à Jeanne. Alors que les Ursulines de Québec auraient bien apprécié la garder en leur sein, Jeanne rentre à Ville-Marie. Elle est maintenant âgée de 15 ans. À son retour, deux événements majeurs permettrons à la jeune fille de donner plus de lisibilité à sa vocation.

D’abord, en 1679, Jeanne est vivement affectée par la mort d’une jeune religieuse de la Congrégation de Notre-Dame dont elle s’était liée d’amitié. Année même où sa grande amie de quatre ans sa benjamine, Marie-Catherine Charly (1666-1719), entre au noviciat de la CND (elle sera supérieure générale de 1708 jusqu’à sa mort). Puis, un non-événement révélateur de sa vocation particulière. Par l’intermédiaire de son père, elle refuse une demande en mariage de ce qui à l’époque venait d’un bon parti. Ce refus confirma chez elle, et peut-être chez son entourage, la conviction que sa vocation personnelle, que l’état de vie qu’elle privilégiait, n’était point de nature conjugale et maternelle.

À l’âge de 18 ans, elle prend conseil auprès de l’abbé François Séguenot (1645-1727), un jeune prêtre sulpicien qui devint son confesseur jusqu’à la fin de sa vie. Ajoutons qu’en termes de direction de vie spirituelle, elle fut soutenue par les abbés Dollier de Casson, le supérieur des Messieurs de Saint-Sulpice à qui l’on doit une première rédaction d’une histoire de Montréal, l’abbé Vachon de Belmont et l’abbé Séguenot.

Mais si tant est que Jeanne ne soit pas attirée par le mariage, elle ne sent pas non plus le désir de vivre en communauté religieuse. Assez étonnant pour l’époque d’autant plus qu’elle en avait même l’embarras du choix puisqu’en Nouvelle-France, elle pouvait se faire Ursuline, Hospitalière de Saint-Joseph ou devenir membre de la Congrégation de Notre-Dame de sa grande amie Marguerite Bourgeoys.

Mais de par son tempérament et son type de dévotion, elle voulut une vie de recluse, c’est-à-dire une vie de solitude et d’oraison centrée sur le Saint-Sacrement de l’Eucharistie, sa pierre d’aimant comme elle aimait dire. L’abbé Séguenot en consultation avec son supérieur Dollier de Casson et l’abbé Vachon de Belmont qui sera son premier biographe, sont convenus d’un essai de cinq ans (1680-1685) d’une vie de recluse dans la maison familiale de Jeanne. Dans les circonstances, l’abbé Séguenot s’est employé à dresser à Jeanne une règle de vie où prière, lecture et travail manuel alternent.

Le 24 juin 1685, elle prononça un voeu simple de réclusion et de chasteté perpétuelle. En dépit de cela, Jeanne reste une femme libre d’esprit car autant en 1682 donc avant la prononciation de ses voeux, elle ne se rendit pas auprès de sa mère mourante (allant seulement prier au pied du lit à l’annonce de sa mort) autant en 1691 quand son frère Jean-Vincent fut tué par les Iroquois, elle se rendit près du corps et prit part aux préparatifs des obsèques. Elle fit de même en ce qui concerne la gestion de son patrimoine. Bien qu’elle épouse un style de vie qui la situe dans le sillage de la pauvreté évangélique, elle refusa, sous le conseil avisé de son directeur, d’aliéner ses biens et son patrimoine. Nous sommes loin ici d’un cas de contradiction. En effet, la situation matérielle de la jeune colonie exigeait une saine prudence au plan financier.

Puis après l’équivalent de quatorze années de vie dévote et de réclusion dans la demeure familiale (1680-1694), il est temps pour Jeanne de passer à autre chose et de franchir la grande étape qui correspondra au mieux à sa vie dévotionnelle et oblative. Le couvent de la soeur Bourgeoys ayant été la proie des flammes (1694), Jeanne s’engage à financer les travaux de reconstruction en échange de pouvoir habiter quelques trois petites pièces adjacentes à la chapelle d’où elle pourra à partir d’une petite lucarne (hagioscope) avoir une vue sur le tabernacle de la chapelle. La pièce du rez-de-chaussée lui servira de chapelle et de parloir avec fenêtre sur le tabernacle; le premier étage sera sa chambre à coucher et finalement, le grenier « hébergera », entre autres choses, le métier à tisser et le rouet de Jeanne.

Le 5 août 1695, la chapelle est prête pour accueillir Jeanne. Elle a maintenant 34 ans. Après la célébration des Vêpres, un cortège se met en branle pour se rendre à la maison familiale y cueillir Jeanne afin de l’escorter jusqu’à l’église où elle prendra « possession » de ses appartements qui lui feront office de réclusoir. C’est dans ce nouvel espace, qu’elle continuera à partager son temps entre la prière, la méditation, l’adoration, la messe et son travail manuel par lequel elle brodera des vêtements d’église, des linges d’autel et des vêtements pour les démunis. Sur sa porte, elle écrira C’est ici ma demeure pour les siècles des siècles. J’y demeurerai parce que je lay choisy.

À la faveur de la nuit, quand l’église est fermée et déserte, en toute discrétion, elle se rendait prier avec ferveur devant l’autel. C’est dans cette optique qu’elle institua la pratique de l’adoration diurne du Saint-Sacrement pour les religieuses de Marguerite Bourgeoys et qui deviendra plus tard une adoration perpétuelle (jour et nuit) pour la communauté religieuse dont elle est l’inspiratrice (les Recluses missionnaires).

Jeanne tombe malade vers la fin du mois septembre 1714 et meurt le 3 octobre de la même année soit le lendemain de la mort de sa tante Marie Le Ber, ursuline à Québec. Elle fut inhumée près de son père car ce dernier avait demandé d’être enterré dans l’église des soeurs afin d’être près de sa fille.

Jusqu’à présent, nous n’avons qu’effleuré la vie spirituelle de Jeanne, la recluse. Il serait de mise avant de terminer ce texte de nous y attarder un peu plus. Précisons tout de suite, que c’est vraiment à grands traits que nous allons esquisser ce sur quoi pouvait reposer la vie intérieure de Jeanne Le Ber.

Malheureusement, bien qu’étant lettrée, Jeanne Le Ber ne laisse aucun écrit qui nous permettrait de saisir précisément sa spiritualité. Par conséquent, nous devons nous rabattre sur deux éléments de sa vie nous permettant avec une certaine justesse d’inférer ce sur quoi reposait sa vie spirituelle.

Le premier élément concerne son désir d’être recluse et le deuxième a trait aux principaux personnages ecclésiastiques qui l’accompagnent dans son cheminement, en particulier, l’abbé Séguenot. On sait qu’elle avait lu dans les Écrits de Marie de l’Incarnation que celle-ci au moment de son veuvage retourna à la maison paternelle et y vécut en recluse dans une pièce de la maison. On sait que ce genre de vie de recluse en milieu familial est connu et documenté. Mais il y a plus, il semble que l’on peut rattacher ce vouloir-vivre comme recluse à l’institution médiévale des reclus et des recluses qui a perduré pendant plus ou moins un millénaire dans la vie de l’Église mais particulièrement du XIème au XVIIème siècle.

Le deuxième élément qui nous aide à saisir sa vie spirituelle concerne son entourage de conseillers en matière spirituelle. En effet, depuis 1657, les prêtres de la Société Saint-Sulpice sont arrivés à Ville-Marie pour pourvoir à la vie religieuse de la colonie. La spiritualité sous-jacente à ces prêtres s’inscrit dans le vaste mouvement de renouveau religieux et spirituel issu du Concile de Trente (1545-1563). Si le XVIème siècle avait été le Siècle d’or de l’Espagne catholique en matière de renouveau spirituel, le XVIIème fut selon l’expression de l’historien Henri Bremond le siècle de l’École française de spiritualité. Au coeur de cette École française, quatre grands noms Condren, Bérulle, Olier et Jean Eudes.

Ce sont surtout les écrits du cardinal Bérulle qui marquent les esprits de l’époque et qui vont faire école allant même jusqu’à parler d’École bérulienne plutôt que d’École française. De manière très synthétique et schématique disons que cette école de spiritualité met l’accent sur le mystère de l’Incarnation qui nous conduit inévitablement à la charité agissante. Jean-Jacques Olier, fondateur des prêtres de  Saint-Sulpice s’inscrit dans ce mouvement de renouveau et ce sont ces mêmes prêtre qui sont dans l’entourage de Jeanne Le Ber. Donc, il y a tout lieu de penser que tout le programme des exercices d’oraison et de dévotion dont on a parlé plus haut auxquels se prêtait Jeanne était nourri de cette spiritualité.

Ainsi, la vie intérieure de Jeanne Le Ber se trouve en quelque sorte aux confluents de deux traditions ecclésiales. La première ayant trait au mode de vie des reclus et recluses au Moyen-Âge et la seconde s’inscrivant dans le courant dominant du renouveau spirituel de son époque à savoir la spiritualité bérulienne.

En guise de conclusion disons simplement que si Jeanne Le Ber ne nous a laissé aucun écrit particulier, ses mains au lieu de manier la plume ont préféré coudre et broder nous laissant plutôt quelques oeuvres matérielles de linges d’autel et de vêtements liturgique. Mais le plus important à mes yeux, c’est que Jeanne Le Ber est cette recluse de chez nous dont la vie depuis une soixantaine d’années inspire une communauté religieuse de recluses qui subsiste comme un chêne à Montréal où une vingtaine de moniales recluses perpétuent, à leur manière et avec les adaptations nécessaires, la vie et le souvenir de Jeanne Le Ber. C’est autant cette communauté religieuse contemplative que Jeanne Le Ber que nous saluons aujourd’hui par ce texte.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

DEROY-PINEAU, Françoise, Jeanne Le Ber. La recluse au Coeur des combats, Bellarmin, Bellarmin, 2000.

DION, Marie-Paule, «La recluse de Montréal, Jeanne Le Ber», Église et Théologie, 22,1991, p.39

SIMARD, Thérèse, Jeanne Le Ber. Un itinéraire, Novalis, Montréal, 2014.

TREMBLAY, Monique, « Jeanne Le Ber en marche vers la vénérabilité », Signes, Vol. 50, Juillet-Septembre 2015.

LIENS UTILES

http://reclusesmiss.org/wp/

http://www.maisonsaint-gabriel.qc.ca/index.php

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DE SAINT-HENRI-DES-TANNERIES AU CHANTIER TURCOT

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(Portrait de Jean Talon par Claude François dit Frère Luc. Une huile. 72,7 X 59,3 cm. 1671. Monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.)

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(Vue prise de la Côte des Tanneries-des-Rolland. Aquarelle. James Duncan. Octobre 1839. Archives de la Ville de Montréal)

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(Village des Tanneries. Saint-Henri, 1859. Photographie: Alexander Henderson. Sels d’argent sur papier monté sur papier. 20,3 X 25,4 cm. Musée McCord.)

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(Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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Une partie des vestiges excavés sur le chantier du projet Turcot. Photo: Piter Rotool. Vanishingmontreal.com)

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(La romancière Gabrielle Roy entourée de neufs gamins. Saint-Henri, 29 août 1945. Fonds Conrad Poirier. BAnQ.)

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(Le réputé Louis Cyr. Sculpture de Robert Pelletier (1914-1984) située dans le quartier Saint-Henri. Elle fut inaugurée en juin 1973 dans le square Elizabeth renommé depuis 1994 parc des Hommes-Forts. Photo: Jean Gagnon, juillet 2012.)

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Depuis au moins 2008, la mise en chantier du nouvel échangeur Turcot sous l’égide du Ministère des Transports du Québec (MTQ) a intégré une composante archéologique. Puis, en plein milieu de l’été 2015, l’on nous annonce des découvertes intéressantes en matière d’archéologie. D’abord, il y a confirmation que nous sommes au coeur de ce qui fut l’ancien village des tanneries, le fameux Saint-Henri-des-tanneries.

À tout près de 2,5 mètres de profondeur du sol, l’on a pu repérer des fondations de bâtiments tels une grande maison ou un commerce ainsi que la canalisation qui servait à dévier le ruisseau Glenn. Sans oublier, des objets et des artéfacts de toutes sortes: outils ad hoc pour le travail des peaux, des bouteilles, des pièces de vaisselle ainsi que des articles de la vie quotidienne et un fragment de bénitier avec des angelots.

Ces objets et ses artéfacts vont prendre la route pour le laboratoire afin d’y être nettoyés, analysés et inventoriés et ce, jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’au moment où l’on aura accouché d’un réel projet de valorisation et de diffusion. De plus, afin d’en préserver tous les détails, les archéologues du MTQ procèderont à la numérisation 3D de l’ensemble du site grâce à l’utilisation d’une caméra laser à très haute définition permettant ainsi d’en reconstituer une copie virtuelle conforme au réel mais définitivement sans plus de support matériel car au moment où ce texte est écrit, la décision a été prise de détruire le site excavé. Nous y reviendrons plus loin.

Le quartier Saint-Henri, c’est bien sûr, Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. C’est aussi, notre illustre homme fort que fut Louis Cyr. C’est ces églises détruites ou encore en service. C’est la rue Notre-Dame, le théâtre Corona. Mais c’est aussi quelque chose qui prend racine au début de la colonisation de l’île de Montréal.

Autochtones et coureurs des bois sont familiers de ce territoire dont ils contournent les rapides du fleuve en empruntant ces terres connues maintenant sous le nom de Saint-Henri.

Si plusieurs ouvrages font remonter la fondation d’une première tannerie à Montréal en 1685, cela est dû à un certain malentendu aux dires de monsieur Guy Giasson président actuel de la Société historique de Saint-Henri. Prenant appui sur un document judiciaire daté du 27 novembre 1686, cette date n’est pas liée à la fondation de la tannerie mais plutôt à une passation de propriété d’une manufacture de tannage de peaux qui existait préalablement à cet acte de vente.

C’est ainsi que sur la foi du travail de recherche de Guy Giasson, l’on doit remonter jusqu’à la période de l’intendance de Jean-Talon en Nouvelle-France (1665-1672). Ce qu’on appellera éventuellement Saint-Henri-des-tanneries fut l’endroit où l’on fonda la deuxième tannerie en Nouvelle-France sous l’instigation de l’intendant Talon alors que la première apparut à Pointe-Lévy (Lévis) en 1668. D’ailleurs, dès 1671, Jean Talon s’énorgueillissait d’être vêtu de la tête au pied de produits du pays.

Cette première tannerie (montréalaise) était située près de la décharge de la rivière Saint-Pierre, à proximité de la falaise Saint-Jacques. Le traitement des peaux et du cuir avec ses odeurs nauséabondes nécessitent l’éloignement physique d’une telle entreprise donc loin des fortifications de Ville-Marie où se condense la population. De plus, comme l’apport en eau est primordial, il faut s’installer là où l’accès à l’eau est facile et disponible.

L’une des grandes familles de tanneurs est certes celle de Gabriel Lenoir dit Rolland. D’abord, en 1713. Lenoir dit Rolland entre au service de la tannerie. L’année suivante, il épouse la fille du propriétaire (Charles de Launey) et devint associé de ce marchand. La lignée des Lenoir dit Rolland s’étant beaucoup multipliée et s’étant installée dans ce secteur de Montréal, l’on appela familièrement l’endroit le côteau des tanneries des Rolland (1780). Un recensement datant de 1781, nous indique que des onze maisons se trouvant à l’emplacement du village des tanneries, six d’entre elles sont la propriété des rejetons (voire frères, cousins) Lenoir dit Rolland. En passant, pour la petite histoire, Gabriel Lenoir dit Rolland, est le fils de l’un des soldats du régiment Carignan-Salières venu défendre la colonie à la demande de l’intendant Jean Talon (1665). Arrivée dont on commémorait justement cette semaine à l’Hôtel de Ville de Montréal le 350ème (LE DEVOIR, 15 septembre 2015).

C’est finalement en 1813 que l’on parle officiellement de Saint-Henri-des-tanneries. Parallèlement au développement de cette vie économique se développe la vie sociale et paroissiale du territoire. En 1867, on érige canoniquement la paroisse Saint-Henri par détachement de celle de Notre-Dame comme il est coutume à l’époque. Se greffe ainsi avec le temps une agglomération autour des tanneries. Et ce territoire paroissial couvre celui des villages de Délisle, Saint-Augustin, la ferme Saint-Gabriel, la Rivière-Saint-Pierre et Saint-Henri-de-la-Côte-Saint-Paul.

En 1894, la ville de Saint-Henri devient la Cité de Saint-Henri puis croulant sous le poids des dettes se laisse annexer par la ville de Montréal le 30 octobre 1905. Aujourd’hui, comme tout un chacun sait, le quartier Saint-Henri est un secteur de l’arrondissement du sud-ouest de Montréal.

Après ce petit détour historique forcément incomplet et sur lequel nous reviendrons ultérieurement dans un autre article complémentaire à celui-ci, retournons aux vestiges excavés du chantier du nouvel échangeur Turcot. La semaine dernière 13 septembre 2015, les différentes instances au dossier MTQ, MCC (ministère de la Culture et des Communications) ainsi que la mairie de Montréal ont indiqué deux choses. La création d’un comité ayant pour mandat de mettre en valeur les 150 caisses d’objets et d’artefacts récupérés sur le site afin d’en assurer un suivi de diffusion.

Quant au site excavé dont on nous dit qu’il équivaut à 3 à 4 terrains de football, il sera irrémédiablement détruit puisque ce sol est trop instable et marécageux donc impropre à soutenir correctement les dalles et les bretelles du nouvel échangeur Turcot. Sans oublier, l’installation prévue d’un collecteur d’eaux usées devant transiter par le site pour le bénéfice de 140 000 ménages du secteur.

N’étant pas en mesure de nous faire une tête bien précise sur ce dossier tout en saisissant les tenants et aboutissants d’un tel projet de destruction, mais de surplus, étant conscient de l’enjeu patrimonial sous-jacent, nous mettons la question suivante sur la table. À supposer que le MTQ doive aller de l’avant avec la destruction du site suivi du remblaiement, est-il techniquement possible de préserver un espace-témoin d’un certain périmètre et qui ne viendrait pas mettre en péril la solidité et la fiabilité de la structure du nouvel échangeur Turcot? Autrement dit, faut-il irrémédiablement tout détruire ou peut-on se permettre grâce à notre ingénierie doublée de notre ingéniosité permettre un espace-témoin de nature matérielle et non pas simplement virtuelles?

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BIBLIOGRAPHIE ET LIENS UTILES

1- MARTIN, André. Les charmes discrets de Saint-Henri, Vie des Arts, vol. 26, no 105, 1981-1982, p. 23-25. Dans Erudit.org

http://www.erudit.org/culture/va1081917/va1174852/54479ac.pdf

2- LE POTIN DES TANNERIES. LE BULLETIN D’INFORMATION DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-HENRI

http://acqc.ca/wp-content/uploads/2015/09/potins-sp%C3%A9cial-%C3%A9t%C3%A9-2015.pdf

 

 

 

 

 

 

LES ORIGINES DE MONTRÉAL (1) « Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal »

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(Portrait du roi Henri IV qui régna de 1589 à 1610)

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Comme convenu, voici la recension du premier texte du livre Les Origines de Montréal* intitulé Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal de l’historienne Dominique Deslandres**.

Appuyée sur une bibliographie solide où l’on y retrouve entre autre l’historien des mentalités et du Moyen-Âge, Jean Delumeau ainsi que George Duby, lui aussi historien médiéviste, Dominique Deslandres nous brosse un tableau voire un état des lieux de la France de la fin du XVIème et de la première moitié du XVIIème siècle.

Comme le titre l’indique, elle nous offre l’arrière-plan socio-religieux à savoir la toile de fond sur laquelle s’est développée le projet missionnaire des Montréalistes comme on les appelait parfois à l’époque.

Mais d’entrée de jeu, elle nous décrit d’abord l’état dans lequel se trouve le Royaume de France ainsi que l’Église de France. Avec l’arrivée du roi Henri IV (1589-1610), c’est le début d’une relative paix sociale qui succède à quelques décennies de guerre civile avec son lot de violence, de destructions matérielles et de déliquescence sociale.

À partir de 1604, Henri IV avec le soutien des évêques de France verra à « normaliser » l’ordre des choses autant dans la vie civile que dans la vie religieuse. Dans la foulée du renouveau pastoral insufflé par les décrets du Concile de Trente (1645-1665), l’Église de France n’ayant pas attendu la réception complète de ceux-ci est engagée dans un processus de réforme intérieure et de réforme institutionnelle qui conjuguées ensemble favorisera une remontée en puissance du catholicisme français.

La France d’alors est dans un processus de mutation au plan économique et social. Bien que 85% des 18 à 20 millions de français soient liés à la terre, le moins de 1/10ème que représente les citadins-urbains impulse une dynamique économique et c’est sur ce phénomène urbain que prendra appui la monarchie et l’Église de France.

Le propos de l’auteure nous montre comment une élite socio-religieuse nourrie d’un idéal de chrétienté se veut en phase non seulement avec les décrets tridentins mais aussi avec le nouvel ordre économique et social qui pointe à l’horizon.

C’est en quelque sorte un projet encadreur et encadrant que vise les autorités ecclésiales afin de donner naissance à un nouveau moule de chrétien qui à terme donnera un Français moderne, catholique et tridentin. Mais pour ce faire, le premier grand obstacle à surmonter est l’ignorance religieuse.

Plus de cent ans après avoir découvert un nouveau continent, après quelques décennies où des missions catholiques se sont déployées ça et là sur différents continents pour la conversion de sociétés inconnues, l’Église de France constate que la majorité de son peuple chrétien est en quelque sorte sous-christianisé.

Dominique Deslandres fait bien ressortir que nous sommes ici dans un processus de réforme par le haut c’est-à-dire par une élite cultivée, dévote et en mesure de financer des projets de missions d’évangélisation autant à l’intérieur du pays qu’en dehors. Foncièrement, ce grand effort de rénovation et de réformation « visait à populariser le modèle chrétien et moral des élites » (p.29).

Et c’est dans ce contexte qu’un certains nombre de dévots ont imaginé le projet d’une mission particulière d’évangélisation en terre d’Amérique française, plus précisément sur l’île de Montréal.

Nous avons résumé de manière très schématique le travail de recherche de Dominique Deslandres qui ouvre l’ensemble des textes colligés dans ce livre portant sur les origines de Montréal. Ce texte met agréablement la table pour le second qui porte nommément sur la Compagnie du Saint-Sacrement (1630-1667) qui sera maître-d’oeuvre du projet missionnaire relayée par la Société de Notre-Dame de Montréal (1639-1663) et ses différents protagonistes.

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* BRAULT, Jean-Rémi. Les Origines de Montréal, Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, Leméac, Montréal, 1993.

** Dominique Deslandres, historienne, est professeure titulaire au département d’histoire de l’Université de Montréal et a participé à la fondation du Centre d’Études des Religions (CERUM).

6 SEPTEMBRE 2015, MESSE D’ACTION DE GRÂCE: JEANNE MANCE

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(Une scène ayant comme protagonistes, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et un membre de la colonie victime d’un scalp. Archives du musée historique canadien du chemin de la Reine-Marie. Mieux connu sous l’appellation populaire du musée de cire. Institution désormais fermée.)

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Ce dimanche matin 6 septembre 2015, une messe d’action de grâce pour souligner et célébrer la vénérabilité de Jeanne Mance, co-fondatrice de Montréal et fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal mais avant tout, et on a tendance à l’occulter, la première infirmière de la colonie de Ville-Marie. Mais aussi une administratrice avertie qui sût en 1651 prendre les décisions qui s’imposaient afin de non seulement sauver l’Hôtel-Dieu de l’époque mais le projet de colonie tout entier. Et cela aussi, nous avons tendance à l’oublier.

LE MUSÉE DES HOSPITALIÈRES DE L’HÔTEL-DIEU DE MONTRÉAL

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(Photo: Alain Laforest, 2001; Le site officiel du Mont-Royal)

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(Une partie de l’escalier de chêne du musée. Source: Itinéraires Musées)

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C’est dans le cadre du 350ème anniversaire de la fondation de Montréal que fut inauguré le 18 mai 1992 le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et ce dans le même élan que l’inauguration du Musée de Pointe-à-Callière.

Ainsi, c’est dans la foulée des préparatifs menant à la commémoration du 350ème de Montréal (1992) que nous nous sommes dotés de deux musées ayant trait à l’histoire de Montréal et à ses origines (1642) à savoir le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, mieux connu sous l’appellation de musée Pointe-à-Callière et un peu moins connu le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

Aujourd’hui dans le cadre de cet article, nous nous intéressons au musée des Hospitalières. D’entrée de jeu, il importe de souligner qu’un projet muséal ne s’improvise pas. il faut être en mesure de répondre aux exigences de la muséographie. Il faut procéder à l’inventaire de la collection: documents d’archives, objets, artefacts, oeuvres d’art.

Puis suite à une étude de faisabilité et d’évaluation du patrimoine conservé, l’on peut procéder à l’étape de la mise sur pied physique d’un musée. C’est ce à quoi se sont astreintes les soeurs Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Les différentes expertises requises se firent entre 1985 et 1987. Tout ce travail d’inventaire et d’analyse a été validé par des spécialistes et des muséologues. La table était mise pour la réalisation d’un projet muséal dont la décision fut prise en 1988.

Il faut dire que les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph (RHSJ) qui au fil des trois derniers siècles avait accumulé une imposante collection d’objets et de documents n’en étaient pas à leurs premières armes. En effet, sporadiquement au cours du XXème siècle, elles avaient commémoré certains événements et anniversaires liés à la vie de leur communauté. On pense, entre autre chose, au tricentenaire de la mort de Jeanne Mance en 1973 où une année entière, elles tinrent une exposition d’objets et de documents en leur possession.

C’est cette longue tradition de commémoration d’événements et d’anniversaires qui conduisit, petit à petit, les Hospitalières à envisager le projet d’un vrai musée avec un lieu physique permanent, doté d’une exposition permanente et complété par des expositions temporaires. En 1983, l’on crée au sein de la communauté des RHSJ un secteur des biens historiques doublé d’un comité du musée dont le tout se concrétise vers la fin des années 80 comme mentionné plus-haut.

Tout en étant de taille modeste, le musée des Hospitalières de l’avenue des Pins répond aux normes les plus modernes de la muséographie. Il se meut dans les entrelacs de l’histoire, de la médecine, de la science des soins, de la religion et de l’architecture. C’est un lieu intimement lié à la mémoire et à l’origine de Montréal.

On ne peut terminer cet article sans parler de ce fameux escalier de chêne installé dans le hall d’entrée. Cet escalier vient de l’ancien prieuré de Saint-Thomas de La Flèche (Sarthe). Il est de chêne sculpté datant du XVIème siècle et il est un modèle classique de l’artisanat angevin de l’époque. Cet escalier de chêne monte deux étages de vingt et une marches chacun. La hauteur du sol au premier est de 3,42 m et du premier au second de 3,38 m.

Cet escalier offert en 1963 par le département de la Sarthe (France) à la Ville de Montréal fut entièrement rénové par les Compagnons du Devoir. Une rénovation qui nécessita l’ajout d’élément en chêne canadien d’où certains contrastes avec le brun foncé du bas de chêne d’origine. Puis la Ville de Montréal en fit cession aux Hospitalières dans le cadre du projet de leur musée en 1992.

Voici comment s’est exprimé le préfet de la Sarthe de l’époque, Monsieur Pierre-Marcel Wiltzer qui en fit cadeau au maire de Montréal Jean Drapeau. « Ce don de la Sarthe à la mairie de Montréal constitue le témoignage le plus éclatant de la solidité des liens séculaires et familiaux qui existent entre nos deux peuples ».

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

ETTER, Éric, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Continuité, no 55, 1992-1993, p. 42-45/ http://id.erudit.org/iderudit/16342ac

LANDRY, Armour, L’escalier de chêne de La Flèche: souvenir au pays angevin, Vie des Arts, no 32, 1963, p.62-63/ http://id.erudit.org/iderudit/58503ac

MIRANDETTE, Marie-Claude, Deux musées en marge des grandes institutions, Vie des Arts, vol. 137, no 148, 1992, p. 44-53/ http//id.erudit.org/iderudit/53646ac

PAYER, Thérèse et Nicole Bussières, L’Hôtel-Dieu de Montréal fondé par Jeanne Mance célèbre son 350è anniversaire, Pierres vivantes, 1991, p.8-9.

TRUDEL, Jean, Le musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal: un musée à visiter, Histoire Québec, vol. 2, no 1, 1996, p. 30/ http://id.erudit.org/iderudit/71379ac

LIEN UTILE:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/