LES HOSPITALIÈRES DE SAINT-JOSEPH DE MONTRÉAL

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(Photo: Pedro Ruiz. LE DEVOIR, 5 mars 2014)

 

62659-v6 hôtel-dieu(Illustration intitulée, Montréal: Hôtel-Dieu, ou l’Hôpital général catholique, publiée dans le Canadian Illustrated News, 24 avril 1875)

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(Plan partiel de l’enclos de l’Hôtel-Dieu de Montréal montrant l’état des lieux de 1734-1828. Dressé par Aristide Beaugrand-Champagne, Architecte. Sur les plans de l’époque et d’après des descriptions conservées dans les Archives des Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal)

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(Jeanne Mance au secours d’un blessé. Bronze de Louis-Philippe Hébert placé devant l’Hôtel-Dieu de Montréal)

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Nous pouvons toujours nous targuer de connaître un tant soit peu Jeanne Mance et le célèbre hôpital de l’Hôtel-Dieu. Mais qu’en est-il de ces femmes qui pendant trois siècles ont tenu à bout de bras et dirigé le plus ancien hôpital de Montréal. Hélas, peu de choses.

Ces femmes se sont les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal (RHSJ). Le devoir de reconnaissance nous incite à vous présenter d’une manière très succincte leur origine et leur histoire.

Leur origine se confond avec celle de la fondation du bourg de Ville-Marie. Le tout commence dans la France dévote du XVIIème siècle. En 1630, un pieux laïc du nom de Jérôme Le Royer sieur de La Dauversière (1597-1659) suite à une vision qui le conduira à vouloir édifier une mission catholique sur l’île de Montréal, mais ne pouvant mettre immédiatement son projet à exécution, invite en 1636 de jeunes filles séculières à oeuvrer auprès des malades dans le nouvel Hôtel-Dieu de La Flèche (département de Sarthe). C’est une nommée Marie de la Ferre (1589-1652) qui co-présidera avec lui à la fondation des Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche. Elle en sera la première supérieure. Puis ayant été reconnues en 1643 par l’évêque d’Angers, les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche sont officiellement nées.

Entre 1640-1641, le projet de Jérôme Le Royer d’un établissement missionnaire auprès des amérindiens de l’île de Montréal commence à prendre forme. De son côté, Maisonneuve persuadera Jeanne Mance de se joindre à l’entreprise. Elle aura le mandat de fonder et de s’occuper d’un hôpital. Ce qu’elle fit quelques trois ans après l’arrivée de la première recrue soit en 1645 . Bien que l’on puisse supposer qu’il existait entre 1642 et 1645, un proto-hôpital à l’intérieur du Fort de Ville-Marie.

En 1659, lors d’un voyage en France, Jeanne Mance recrute trois hospitalières de La Flèche afin de la soutenir dans son travail d’infirmière. C’est à partir de cette date que, petit à petit, les soeurs Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal prendront leur place dans l’histoire de Montréal.

Les débuts des Hospitalières en Amérique sont difficiles même Mgr Laval leur est un peu hostile. En vain pour lui, car en 1666, le pape Alexandre VI érige canoniquement la communauté lui donnant ainsi toute sa respectabilité.

Avec le temps, la communauté montréalaise des Hospitalières se « canadianise ». En effet, dès 1700, la majorité des trente hospitalières sont nées au pays. Tous s’accorde pour reconnaître que la vie d’infirmière, surtout en cette époque où l’on procède avec les moyens du bord et les connaissances du temps, est exigeante. Cela sans compter qu’en moins de quarante ans, le bâtiment d’époque de l’Hôtel-Dieu fut à trois reprises la proie des flammes (1695,1721,1734).

Lors de la Conquête anglaise de la Nouvelle-France (1759), il y eu un temps d’incertitude où l’on a craint un possible rapatriement en France mais qui au final n’aura pas lieu.

Le vent tourne au XIXème siècle avec une progression numérique des vocations ainsi qu’une expansion territoriale allant du Nouveau-Brunswick au Vermont. En 1860, les Hospitalières cèdent la direction médicale à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Puis dans le même élan, l’on abandonne les installations du Vieux-Montréal pour se rabattre dans une zone plus champêtre située un peu plus au nord que l’on nomme le Mont Sainte-Famille qui est, en quelque sorte, le site actuel de l’Hôtel-Dieu sis à l’angle de la rue Saint-Urbain et de l’avenue des Pins.

Puis dans les années 70 avec l’étatisation progressive des soins de santé au Québec, la communauté des Hospitalières est amenée à diversifier ses activités. Aujourd’hui, avec l’arrivée du méga-hôpital que représente le CHUM, l’on sait qu’à très court terme le pavillon de l’Hôtel-Dieu sera fermé. Un énième défi se pointe pour les Hospitalières mais aussi pour l’ensemble des citoyens montréalais à savoir que fait-on de ces bâtiments patrimoniaux? Peuvent-ils (ces bâtiments) revendiquer et soutenir une autre vocation? La question est déjà sur la table et de vifs débats sont à prévoir.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE:

CLÉMENT, Béatrice, Marie de la Ferre 1589-1652. Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal, 1964. Ouvrage recensé par Lionel Groulx, Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 18, no 2, 1964, p. 301-302/ http://id.erudit.org/iderudit/302378ar

GAGNON, Hervé, Soigner le corps et l’âme: Les Hospitalières de Saint-Joseph et l’Hôtel-Dieu de Montréal, XVIIè-XXè siècle, éditions GGC, Sherbrooke, 2002.

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LOUIS-PHILIPPE HÉBERT

(Louis-Philippe Hébert (1850-1917), célèbre sculpteur québécois. Une oeuvre de plus d’une quarantaine de monuments célèbres et reconnus)

ENFIN EN LIGNE!

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VILLE-MARIE EXPRESS est enfin en ligne. Après quelques mois d’incubation, nous sommes en ce 1er septembre 2015 accessible à tous ceux et celles qui fréquentent la toile mais surtout à ceux et celles qui veulent découvrir ou redécouvrir Montréal, son histoire et son futur sans négliger son présent.

Il était de mise pour ce court article de lancement officiel de reprendre la photo qui fait office d’en-tête de VILLE-MARIE EXPRESS. Nous redisons à nouveau toute notre reconnaissance au photographe Michaël Vesia de nous avoir aimablement autorisé à utiliser sa splendide photo de Montréal qui exprime le projet de ce journal-web à savoir écrire et parler du Montréal d’antan et de celui d’aujourd’hui. Particulièrement, de ce Montréal qui se prépare fébrilement à célébrer son 375ème anniversaire de fondation en 2017.

En plus des Actualités montréalaises, nos lecteurs et lectrices y retrouveront au fil des semaines et au gré de nos disponibilités pour écrire, une chronique Livres, des Notices biographiques succinctes, une chronique Histoire et Patrimoine, des entrevues, une page Montréal en chansons et un peu plus tard une chronique Journal d’époque.

Nous devons tout de même vous avouer que nous sommes en mode rodage et que les articles déjà publiés et ceux qui vont suivre sous peu ne sont pas complétés de manière définitive. D’ailleurs tout au long de ces mois qui nous conduirons  au seuil du 375ème, l’ensemble des textes et des montages sera revu, corrigé, amélioré et amplifié.

En conclusion, afin d’éviter des redites, nous vous convions d’abord à aller lire l’onglet Qui sommes-nous? Au plaisir de vous garder dans notre lectorat tout au long de ce parcours vers le 375ème de VILLE-MARIE/MONTRÉAL.

LA RUELLE BEAU DOMMAGE

 

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(La murale reproduit à l’identique ou presque la photo-pochette du premier album de Beau Dommage de 1974*: photo de la murale l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie)

* Je précise à l’identique ou presque puisque fenêtre oblige, il était impossible pour les muralistes de masquer la fenêtre de la maison qui donne sur le côté de la ruelle.

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C’est le lundi 22 juin 2015, que l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie a rendu hommage à la formation musicale Beau Dommage. D’abord en nommant une ruelle au nom du groupe et en imageant le tout par le dévoilement d’une murale reproduisant la photo-pochette de leur premier album en 1974. Accompagné des sept membres du groupe, le maire de l’arrondissement, François William Croteau a procédé à l’inauguration officielle.

La murale est l’œuvre de Jérôme Poirier, artiste-peintre et sculpteur originaire de Rosemont. La murale a requis l’équivalent de deux cents heures de travail. Travail colossal partagé entre le muraliste en chef et deux assistantes, Geneviève Boudreau et Sylvie Caya.

(Source d’information première: le site web de l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie; Source seconde: ICI Radio-Canada Première)

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C’est dans cet album éponyme que l’on retrouve la célèbre chanson d’allure printanière et estivale Tous les palmiers dans laquelle est mentionnée le fameux 6760 St-Vallier, Montréal. Par le fait même de cette inauguration et de cet honneur, l’on a pu mettre fin à une très grande énigme.

En effet, tous les amateurs de Beau Dommage ont âprement discuté et débattu pour savoir si c’était bien 6760 ou 7760, car à l’écoute de la pièce ce n’était pas toujours évident. La preuve irréfutable est toute simple. La rue St-Vallier ne se prolongeant pas vers le nord plus haut que la rue Jean-Talon, il est techniquement impossible qu’existe une adresse civique 7760 St-Vallier! Et vlan!

À tout seigneur tout honneur la plage musicale Tous les palmiers sera la première du groupe qui figurera dans la rubrique Montréal en chanson. La première et non la dernière puisque s’il y a un groupe ou un interprète qui a chanté énormément Montréal, c’est bien Beau Dommage.

24 JUIN 1615 / 24 JUIN 2015

 

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(Peinture du frère Pascal-Marie Buisson, ofm, sur l’arrivée des Récollets avec Champlain. Œuvre peinte en 1909 dans le cadre du 7ème centenaire de la fondation de l’Ordre des frères mineurs par S. François d’Assise. Elle est conservée chez les Franciscains de Montréal, 5750 boul. Rosemont. Photo prise par Néhémie Prybinsky, ofm.)

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En ce 24 juin 2015, deux événements sollicitent notre mémoire historique par-delà quatre cents ans de distance. En effet, c’est le 24 juin 1615 que deux missionnaires Récollets (branche de la famille franciscaine), les pères Denys Jamet et Joseph Le Caron, accompagnant Champlain, célébrèrent l’une des premières messes historiquement connue, retenue et documentée*, sur le territoire de l’Île de Montréal et ce tout au bord de la rivière des Prairies au lieu dit du Sault-au-Récollet.

C’est dans ce contexte de commémoration que cette année, la traditionnelle messe de la Saint-Jean-Baptiste à Montréal sera célébrée. À l’occasion de cette célébration, l’on soulignera le 400ème anniversaire de la venue des Récollets (franciscains) en Nouvelle-France ainsi que celui de l’une des premières messes en sol montréalais.

L’on me permettra une toute petite digression mais en lien tout de même avec ce qui précède. En effet, il m’est impossible de terminer ce texte sans évoquer l’église patrimoniale de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie-du-Sault-aux-Récollets, mieux connue sous l’appellation courante de l’église de la Visitation sise sur le boulevard Gouin dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Cette église est la plus ancienne de Montréal. Elle fut érigée entre 1749 et 1751. Elle est classée désormais monument historique depuis 1974. Cette église est non seulement la plus ancienne mais elle est aussi la seule pouvant se revendiquer de la période du Régime français qui subsiste encore sur le territoire montréalais.

L’église abrite l’équivalent d’une cinquantaine d’œuvres d’art allant de peintures et de sculptures en passant par des pièces de mobilier et d’orfèvrerie. Sans oublier la voûte sculptée, les tombeaux des autels, les portes en bois sculptées polychrome, l’orgue centenaire et finalement le clocher d’où l’on peut voir la ville dans son entièreté.

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* Par respect pour l’histoire, celle que l’on écrit et qui laisse des traces dans des textes que l’on peut justement « retracer », il importe de faire dans la nuance et dans la distinction. En effet, il est toujours hasardeux de prétendre que tel événement en l’occurrence ici la célébration d’une messe soit hors de tout doute raisonnable la première. Il importe de ne pas perdre de vue que des navigateurs-explorateurs tel Cartier et Champlain avaient dans « leurs bagages » des religieux ministres du culte. Donc des messes non officielles, c’est-à-dire non documentées non retraçables historiquement parlant, ont pu être célébrées à différents endroits du Nouveau Monde. C’est pourquoi si par commodité de langage voire par raccourci de langage, l’on parle de première messe ici et là, il nous faut avoir l’humilité de reconnaître plutôt l’une des premières messes connues, retenues et documentées par l’écriture de l’histoire que certains nous ont laissés.

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(église patrimoniale de la Visitation. Source: Wikipédia.)

LA PHOTO D’ARRIÈRE-PLAN DE VILLE-MARIE EXPRESS

Montréal. Crédit photo: Michael Vesia

Montréal.
Crédit photo: Michael Vesia

Lorsque fut proposée la photo qui ferait office d’arrière-plan ou d’en-tête de notre journal-web, la rédaction de VILLE-MARIE EXPRESS n’a pas hésité une seconde. Cette capture d’image exprimait à elle seule la prétention de notre projet.

Cette photographie est en image ce que VILLE-MARIE EXPRESS sera par le texte et l’écriture à savoir une passerelle voire un pont entre le Montréal des origines et le Montréal moderne et contemporain.

Quoi de plus expressive que cette photo prise du Vieux-Port de Montréal qui nous montre en premier plan la rue de la Commune, le bâtiment du marché Bonsecours et de la chapelle du même nom qui évoquent la trace du passé puis en arrière-plan ces gratte-ciel emblèmes architecturaux du Montréal moderne et contemporain.

Plaise à Monsieur Michael Vesia de nous avoir aimablement autorisé à utiliser cette photo, quoiqu’ici le mot « utiliser » n’est point approprié pour dire toute notre gratitude. Disons plutôt merci de nous permettre de « partager » avec nos lecteurs et lectrices cette photo si évocatrice pour le projet et le propos de ce journal-web.

MONTRÉAL EN CHANSONS

De tout temps, les artistes et chansonniers ont chanté un coin de pays, une région particulière mais aussi et surtout les villes. Cette rubrique Montréal en chansons mettra à la disposition de nos lecteurs et lectrices une discographie sélective de chansons qui expriment non seulement Montréal mais aussi ses rues, ses quartiers et surtout ceux et celles qui l’habitent. En guise de première capture de chanson, VILLE-MARIE EXPRESS vous offre cette pièce composée et interprétée par Éric Charden (1970) tout simplement intitulée Montréal.

Paroles

Dieudonné vit dans les montagnes/Son fils est parti pour Montréal/Comme ses vieux arbres il rougit/Le sang de son sang à la ville est parti

Na, na, na, na/Perdu dans Montréal/Na, na, na, na/Il oublie les montagnes/ Na, na, na, na/Perdu dans Montréal/Na, na, na, na/Il oublie toute sa vie

Ford Mustang rue St-Laurent/Il regarde passer les gens/Bric à brac il veut tout faire/Quand soudain il pense à son vieux père

Reprise du refrain

Valérie rue Ste-Catherine/Un coup de soleil dans un film/La liberté c’est plus fort que lui/Un jour Montréal aura grandi

Reprise du refrain

JACQUES VIGER (1787-1858)

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(Photographie: Portrait de Jacques Viger (vers 1850) copie réalisée pour J. Lovell en 1891 par  Wm. Notman & Son. Plaque sèche à la gélatine, 17 X 12 cm. Musée McCord). En version bleutée pour nos lecteurs.

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Lorsque l’on évoque le nom de Jacques Viger, l’on pense d’abord à celui qui fut le premier maire de Montréal (1833-1836) puis en second à l’un des quatre membres-fondateurs de la Société historique de Montréal (1858). Pourtant, l’on ne peut réduire l’ensemble de l’œuvre et de l’action à ces deux éléments. En effet, l’homme est en quelque sorte un monument du Bas-Canada. Jacques Viger est un touche-à-tout. Il est selon les moments de sa vie, journaliste, officier de milice, fonctionnaire et homme politique.

Au plan familial, il est entre autre cousin de Denis-Benjamin Viger, de Louis-Joseph Papineau et de Mgr Jean-Jacques Lartigue. Au cœur de ce réseau familial, il fera office d’informateur et de conseiller informel. C’est un érudit et un fonctionnaire méticuleux. À l’époque, il n’y a pas de ville de Montréal proprement dite avec une charte et attribution des fonctions et responsabilités mais une administration municipale embryonnaire dont les juges de paix font office d’administrateurs. Le principal fonctionnaire municipal est alors l’inspecteur des grands chemins, rues, ruelles et ponts. On est vraiment dans le basic. C’est ce poste qu’obtiendra Viger en décembre 1813.

C’est un homme d’action et de dossiers. Il initie une certaine planification urbaine avant l’heure. Il a entre autre chose élaboré deux registres des rues de Montréal, l’un en 1817 et le second en 1837. En 1825, il est nommé avec un certain Louis Guy commissaire du recensement pour ce qu’on appelait à l’époque le comté de Montréal qui couvrait l’ensemble de l’île de Montréal. Sa méticulosité légendaire fit en sorte qu’il ajouta une série de questions de son cru à ce recensement dont la compilation a permis de prendre une radiographie sociale et économique de grande qualité pour l’histoire de la ville de Montréal.

Pendant le mandat de trois ans où il fut maire (1833-1836), il fit entreprendre d’importants travaux de drainage dans les faubourg de Montréal. Il faut dire qu’en juin 1832, Montréal est frappée par une épidémie de choléra qui fera au bas mot au moins 2000 victimes. À l’époque, on a attribué cette poussée de choléra en partie à l’état marécageux de la zone de Montréal qui s’étend au nord de la rue Sainte-Catherine, au pied de la côte de la rue Sherbrooke.

Finalement, en 1836, l’on change les règles du jeu de la politique municipale: le poste de maire est aboli et l’administration de la Ville revient aux juges de paix. Puis quatre ans plus tard, il est écarté de son poste d’inspecteur des chemins. Ses accointances familiales ainsi qu’un certain mauvais entretient des rues de la ville auraient joué en sa défaveur.

Qu’à cela ne tienne, en 1834, il préside le premier banquet de la Société Saint-Jean-Baptiste. Nous sommes à l’aube de la Rébellion de 1837-1838. Bien qu’il ne jouera aucun rôle durant ces troubles politiques, il se portera à la défense de Ludger Duvernay lors de son emprisonnement en 1836. Puis en 1858, quelques mois avant sa mort, il fondera avec quelques collaborateurs la Société historique de Montréal.

En guise de conclusion, comme nous le disions plus haut, cet homme aux multiples facettes conjugue l’action, les travaux savants et la curiosité de l’érudit au service de sa société. Il mérite amplement d’être mieux connu particulièrement par les Montréalais.

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(Une présentation sommaire de Jacques Viger dans le cadre de Chronique Montréalité sur MA.tv)

 

 

(Jacques et Marguerite Viger. Une correspondance de guerre/1812-1813)

 

(Un document de Jacques Viger en tant qu’inspecteur de la cité et de la paroisse de Montréal datant de 1825). (Archives de Montréal).

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

BEAUDOIN, Léo et Renée BLANCHET, Jacques Viger, une biographie (suivi des lettres de Jacques et Marguerite 1808-1813), Coll. Études québécoises, VLB, Montréal, 2009. (272 pages).

 

 

JEANNE MANCE (1606-1673)

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(Image classique de Jeanne Mance. Bibliothèque et Archives nationales du Québec/52327/1956775)

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(Signature de Jeanne Mance. Archives de Montréal)

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(La Pointe-à-Callière avec emplacement du premier Hôtel-Dieu. Archives de Montréal)

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(La maison familiale de Jeanne Mance aujourd’hui. 11 rue Barbier d’Aucourt (Langres). Anciennement rue de l’Homme Sauvage. Source: ICI Radio-Canada Première. Hugo Lavoie, émission C’EST PAS TROP TÔT, 23 octobre 2014)

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Jeanne Mance nous est connue d’abord comme fondatrice et administratrice du premier hôpital de Montréal à savoir l’Hôtel-Dieu (1645) puis depuis quelques années comme co-fondatrice de Montréal avec Maisonneuve. Jeanne Mance est née à Langres (France) le 12 novembre 1606 et meurt à Montréal le 18 juin 1673 à l’âge de 66 ans. Puisqu’elle faisait partie de la première recrue de colons de 1642, c’est pendant trente et un de sa vie qu’elle fut administratrice de l’Hôtel-Dieu. C’est sous le patronage et le soutien financier d’une riche veuve ayant gardée l’anonymat à l’époque mais connue plus tard comme étant Mme De Bullion que Jeanne Mance a reçu le « mandat » de faire bâtir un Hôtel-Dieu dans la nouvelle colonie. L’on convient tout de suite, qu’un tel bâtiment qui permettra de soigner, guérir et soulager non seulement les colons mais aussi les Amérindiens du territoire est indispensable. La fondation d’une colonie et sa pérennité et particulièrement d’un Hôtel-Dieu a nécessité des allers-retours récurrents pour Jeanne Mance et Maisonneuve. En effet, l’infirmière-administratrice a dû faire la navette à trois reprises entre Ville-Marie et Paris (1649-1650; 1658-1659; 1662-1664). Considérant la pénibilité des conditions de voyage cela mérite respect. Mlle Mance meurt, comme on disait à l’époque, en odeur de sainteté le 18 juin 1673.

Il importe de signaler que sa cause de béatification a été introduite, il y a déjà très longtemps soit en 1959 dans l’Archidiocèse de Montréal et que tout récemment soit le 7 novembre 2014, l’actuel pape François a donné l’autorisation à la Congrégation pour la cause des saints de promulguer le décret de reconnaissance des vertus héroïques de Jeanne Mance afin qu’elle soit reconnue vénérable, première des trois étapes menant à la canonisation.

Au plan civil, la fondatrice de l’Hôtel-Dieu est désormais reconnue officiellement par la Ville de Montréal comme co-fondatrice à l’instar et à l’égal de Maisonneuve (17 mai 2012).

Précédemment, elle fut désignée personnage historique national le 15 juillet 1998 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Puis encore plus récemment soit le 17 mai 2013 elle fut reconnue personnage historique par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec.

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE RECOMMANDÉE

DAVELUY, Marie-Claire, Jeanne Mance, Fides, Montréal, 1962.

DEROY-PINEAU, Françoise, Jeanne Mance, de Langres à Montréal, la passion de soigner, Bellarmin, Montréal, 1995.

DOLLIER, DE CASSON, Histoire de Montréal, Eusèbe Sénécal, Montréal,1871.

FAILLON, Michel, Vie de Mademoiselle Mance et histoire de l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie en Canada, Paris, 1854.

 

LIENS UTILES:

http://museedeshospitalieres.qc.ca/accueil/

http://www.jeanne-mance.fr/

CHRONIQUE LIVRES

VILLE-MARIE EXPRESS tiendra régulièrement une chronique portant sur des publications ayant trait à l’histoire de Montréal. En stricte rigueur de termes ce sera moins une recension en bonne et due forme qu’une présentation général d’un livre ou d’un article en faisant ressortir ses lignes de force et ses informations pertinentes.

À tout seigneur tout honneur, notre première présentation portera sur un livre intitulé Les Origines de Montréal *. Ce livre est le fruit d’un colloque organisé par la Société historique de Montréal tenu il y a 23 ans dans le cadre du 350ème anniversaire de Montréal (Mai 1992).

Jean-Rémi Brault s’est assuré de colliger les seize textes qui ont été lus lors de ce colloque et en signe l’introduction. Le résultat donne un livre de 277 pages où l’on revisite à frais nouveau différents aspects des débuts de la colonie/bourgade de Ville-Marie.

L’ensemble de l’ouvrage nous permet autant de mieux connaître l’arrière-plan socio-religieux de la France catholique de la première moitié du XVIIème siècle sur lequel s’est édifiée cette folle aventure en terre nord-américaine que le rôle des différents protagonistes qui ont donné naissance à un projet original de « colonisation » et d’évangélisation.

Puisque chacun des textes figurant dans cette publication méritent une présentation adéquate et un commentaire particulier, VILLE-MARIE EXPRESS échelonnera sur plusieurs semaines la présentation des seize articles regroupés dans le volume.

Ainsi, vous retrouverez sous peu une appréciation du texte de l’historienne Dominique Deslandres intitulé Réforme catholique et altérité: arrière-plan socio-religieux de la fondation de Montréal.

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* Jean-Rémi BRAULT (dir.). Les Origines de Montréal. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal. Leméac. Montréal. 1993

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(page couverture de la maquette du livre Les Origines de Montréal)

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Jean-Rémi Brault est maître en histoire de l’Université d’Ottawa. Il a fait carrière dans l’enseignement et dans la gestion de bibliothèques. Il a été directeur général à la Bibliothèque Nationale du Québec.

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE MONTRÉAL (1858)

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(Les armoiries de la Société historique de Montréal et sa devise « Rien n’est beau que le vrai / Boileau)

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D’emblée, il importe de dire qu’il est de mise que le premier article de notre journal-web porte sur la Société historique de Montréal puisque par définition cette société savante se veut le lieu, le lien et le diffuseur de la mémoire de Montréal. Fondée le 11 avril 1858, cet organisme à but non lucratif est la plus ancienne Société d’histoire au Canada. Elle se voue à l’étude et à la diffusion de l’histoire de Montréal des origines jusqu’à aujourd’hui. Elle résulte d’une réunion à laquelle participait quatre personnes dont le premier maire de Montréal à savoir Jacques Viger (1787-1858). Membre-fondateur de la Société, Jacques Viger fut maire de Montréal de 1833 à 1836. Elle est à l’origine d’une autre société savante de l’époque connue sous le nom de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal (1862).

Comme toutes les sociétés savantes, la Société historique de Montréal aime remettre des distinctions et des honneurs. Ainsi, une fois l’an, elle remet le prix Percy W. -Foy ainsi que le prix Robert-Prévost, celui-ci à tous les trois ans afin de soutenir et d’encourager la diffusion d’un livre prometteur portant sur l’histoire de Montréal ou sur un élément d’histoire en lien avec le Québec.

Occasionnellement, elle remet la grande distinction qu’est la Médaille de la Société afin de souligner une contribution particulière à la vie montréalaise et à son histoire. Notre historien national Lionel Groulx en fut un jour bénéficiaire. En effet, le 20 avril 1933, dans le cadre de son 75è anniversaire, la SHM lui décerne la « Médaille vermeille » laquelle lui fut remise des mains du maire de Montréal de l’époque, Fernand Rinfret. Sans oublier les promotions aux titres de Membre d’honneur et la reconnaissance officielle à titre d’insigne bienfaiteur ou bienfaitrice que l’on souligne périodiquement.

Depuis l’automne 2010, la Société historique de Montréal publie une revue portant sur le rayonnement culturel de la métropole. Cette revue a pris le relais de ce qui au départ était un bulletin de l’organisme depuis 1993 qui fut fondée par Lise Montpetit-Cadotte, présidente de la SHM de 1991 à 1995. De plus, toujours à son actif, la Société, en collaboration avec Radio Ville-Marie et la Fondation Lionel-Groulx, produit et anime une émission radiophonique diffusée, bien sûr, sur les ondes de RVM (91,3 FM) intitulée Nouveaux regards sur notre histoire. On peut retrouver les audios des émissions sur le site web de la SHM. La Société historique de Montréal organise aussi des conférences mensuelles sous le titre Les samedis de l’histoire, tenues le premier samedi du mois au Musée Pointe-à-Callière. Finalement, l’une des grandes activités sous l’égide de la Société historique de Montréal depuis 1917 est la commémoration annuelle de la fondation de notre ville. Cette commémoration fut créée à l’occasion du 275ème anniversaire de la ville à l’instigation de Victor Morin, à l’époque président de la Société Saint-Jean-Baptiste et de la Société historique de Montréal. Cette activité commémorative se tient tous les ans sur la place d’Armes le dimanche le plus près du 17 mai, date de l’arrivée des fondateurs et fondatrices de Montréal. Cette cérémonie civique dès 1917 est précédée d’une messe célébrée en la basilique Notre-Dame par l’archevêque de Montréal. Cette année (2015 ndlr), le hasard du calendrier veut que le 17 mai soit un dimanche. Donc, les astres sont bien alignés pour cette 98ème commémoration. Au plaisir de vous y voir.

P.S. (1) La Société historique de Montréal est sous la présidence de Monsieur Jean-Charles Déziel depuis l’an 2000.

P.S. (2) Depuis février 2018, l’historien Robert Comeau assume désormais la présidence de la Société historique de Montréal.

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LIEN UTILE:

http://www.societehistoriquedemontreal.org/