(La place d’Armes et le monument de Maisonneuve. Photo: Shane Mc Donald. Cliquez sur la photo. Le point focal se déplace)
(La basilique Notre-Dame. Vue de l’intérieur. Photo: Shane Mc Donald. Cliquez sur la photo. Le point focal se déplace)
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Il fut un temps dans notre Québec tricoté serré et trempé dans l’eau bénite où le mois de mai était connu comme le mois de Marie. Époque révolue, époque inconnue, sinon de celles et ceux qui ont un certain âge ou un minimum de culture générale.
Or, historiquement parlant, le mois de mai devrait devenir le mois de Montréal afin de pouvoir nous préparer annuellement à la commémoration de la fondation de notre ville. L’année prochaine (2017), dans le cadre des festivités du 375ème, s’invitera aussi le 100ème anniversaire de la messe annuelle ainsi que des cérémonies civique et militaire soulignant l’arrivée le 17 mai 1642 de la première recrue de colons sur la désormais Pointe-à-Callière avec à leur tête Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance.
En effet, c’est en 1917 qu’est formé un premier comité de citoyens de Montréal afin de commémorer les débuts de la bourgade de Ville-Marie. Victor Morin (1865-1960), alors président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, assumera aussi la présidence de ce comité et ce jusqu’en 1947. Cet éminent notaire et échevin municipal sera aussi président de la Société historique de Montréal de 1916 à 1928. Comme on le constate, Victor Morin est une figure incontournable de la première moitié du XXème siècle montréalais.
Les activités de commémoration des origines de Montréal tenues en 1917 s’étendent sur deux jours, soit les 17 et 18 mai. Elles débutent par une grand-messe pontificale célébrée, semble-t-il, non par l’archevêque de Montréal de l’époque Mgr Paul Bruchési (de santé fragile), mais plutôt par l’évêque auxiliaire Mgr Georges Gauthier (1871-1940) et le tout atteint son apothéose avec un Te Deum d’action de grâce entonné dans l’ancestrale basilique Notre-Dame.
Dans l’après-midi du 17 mai, la foule de participants est invitée à former des petits groupes pour une promenade historique dans les rues de Montréal. En fait, sous l’impulsion de Victor Morin, c’est le début d’une visite annuelle commentée du Vieux-Montréal afin de se coller à notre patrimoine historique situé dans ce lieu de mémoire de nos origines.
Et pour cette première promenade de 1917, d’éminentes personnes feront office de guides pour chacun des groupes constitués. Mis à part, M. Morin, que nous avons déjà présenté, l’on retrouve Aegidius Fauteux (1876-1941), historien, journaliste et auteur d’un dictionnaire biographique inachevé sur les Patriotes de 1837-1838 , Casimir Hébert (1879-1951), professeur de langue, bibliothécaire à la bibliothèque Saint-Sulpice ainsi que le président de la Société linguistique du Canada, Edouard-Zotique Massicotte (1867-1947), avocat de formation, journaliste, puis historien du folklore canadien-français avec son ami Marius Barbeau.
Cette promenade comme il se doit se termine à la place d’Armes où la foule réunie de nouveau entendra des discours dont celui de l’échevin du quartier Lafontaine de la Cité de Montréal mais avant tout, connu comme une sommité de l’époque, en médecine dentaire et qui fut aussi doyen de la faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal, Eudore Dubeau (1873-1953). Puis protocole oblige, une prise de parole du consul général de France, en la personne de Charles-Jules-Joseph Bonin.
Le lendemain 18, un comité est mandaté pour se rendre à l’Hôtel-de-Ville afin d’y cueillir le maire Médéric Martin (1869-1946) (celui-là même qui décida de mettre un terme à l’alternance d’un maire francophone et d’un maire anglophone en proclamant le droit des francophones d’élire un maire de leur langue à chaque élection) ainsi que les conseillers municipaux pour se rendre d’abord au monument Marguerite-Bourgeoys, puis au monument Jeanne-Mance, puis à la place D’Youville pour aboutir enfin au monument Maisonneuve sur la place d’Armes.
À chacune des étapes, tout un chacun des notables-citoyens y vont encore de leur discours respectifs à savoir l’archevêque, le maire et le président des fêtes. Quant aux écoliers de 1917, ils ne sont pas laissés pour compte. En effet, dans toutes les écoles de Montréal, on y va d’une activité en mémoire de Maisonneuve (à l’époque, on est loin de l’idée d’une Jeanne Mance co-fondatrice). Puis les gamins et gamines et même les grands ados entonnent à pleins poumons l’Ô Canada et, en guise de récompense, un congé de classe en après-midi est accordé à tous les élèves.
De nos jours, la commémoration civile et religieuse de la fondation de Montréal/Ville-Marie existe toujours sous le patronage de la Société historique de Montréal, commémoration qui fait la fierté de son président M. Jean-Charles Déziel ainsi que de tous les membres de la SHM. Elle se tient annuellement le dimanche le plus proche du 17 mai. Cette année, exceptionnellement, elle aura plutôt lieu le dimanche 22 mai 2016 au lieu du 15 mai. Il y aura d’abord, à 11h00, la célébration de la messe par l’archevêque de Montréal, Christian Lépine à la basilique Notre-Dame suivie d’une cérémonie civique, protocolaire et militaire sur la place d’Armes. Et, pour mémoire, il existe toujours des visites commentées du Vieux-Montréal le jour même pendant le reste de l’après-midi.
Dimanche prochain,vous pourrez voir et entendre les militaires du Régiment de Maisonneuve parader et tirer du fusil accompagnés des corps de cadets et cadettes qui se font un devoir et un honneur d’être présents surtout depuis que la Ville de Montréal leur a octroyé le droit de cité, et, par le fait même, donné l’autorisation au Régiment de Maisonneuve d’arborer les armoiries de la Ville sur son drapeau régimentaire.
Nous vous donnons donc rendez-vous pour la célébration de la 99è Commémoration de la fondation de Montréal/Ville-Marie en attendant de célébrer la centième lors du 375è de Montréal en 2017.
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SOURCES CONSULTÉES
Lacroix, Laurier. (2016). 1917: Une première célébration de la fondation de Montréal. Les Cahiers des dix, (70), 267-287. Sur Érudit.org.
Racine, Denis. (2014). Le 275è anniversaire de la fondation de Montréal en 1917. Cap-aux-Diamants, (119),39-39. Sur Érudit.org.
Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Ministère de la Culture et Communications.
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LIENS UTILES
http://www.societehistoriquedemontreal.org/
http://www.shanemcdonald.me/tag/montreal/