LE FLÉCHÉ À L’HONNEUR

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(Des ceintures fléchées. Encyclopédie du Patrimoine culturel de l’Amérique française. Chaire du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval)

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(Ancien Canadien. Illustration pour Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé. Dessein de Henri Julien. Musée national des beaux-arts du Québec)

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(Chefs des rebelles de l’ouest canadien. Lithographie et rehauts d’aquarelle de William Bengough. Musée national des beaux arts du Québec.)

               (On reconnaît à l’avant-plan de cette lithographie Louis Riel)

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Un avis de désignation émanant du Ministère de la Culture et des Communications du Québec paru dans LE DEVOIR (18.02.2016) nous informe qu’ayant pris avis du Conseil du Patrimoine du Québec, la ministre Hélène David, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 13 de la Loi sur le patrimoine culturel, désigne le fléché à titre de patrimoine immatériel.

Nous connaissons tous peu ou prou la célèbre ceinture fléchée que porte si fièrement le Bonhomme Carnaval de la ville de Québec. Mais de prime abord, le fléché est le résultat d’une technique de tissage aux doigts qui relève du domaine de l’artisanat traditionnel et des métiers d’art. Aux dires de cette Avis et des différents artisans et artisanes, le fléché est un savoir-faire très particulier dont les plus anciennes références écrites remontent à la fin du XVIIIème siècle.

En effet, il semblerait que ce n’est que sous le Régime anglais, un peu avant 1776, que des sources confirment l’existence de la « ceinture de couleur des Canadiens ». Ces sources écrites sont souvent le fait de visiteurs étrangers. Donc, déjà à cette époque l’on reconnaissait une particularité dans la confection de la ceinture de laine des Canadiens.Mais il appert que cette ceinture de laine, qui déjà singularisait les Canadiens, était loin de s’apparenter à la ceinture fléché que l’on connaît aujourd’hui, dans la mesure où il lui manquait les motifs en forme de flèches!

Donc entre la fin du XVIII et le début du XXème s’est finalement populariser une ceinture fléchée typiquement canadienne. Mais il ne faut pas croire que cette célèbre ceinture soit un marqueur d’identité culturel seulement pour les Canadiens de ces époques. En effet, la ceinture fléchée « suivait la route du commerce des fourrures ». On en fit don et parfois à travers le troc aux différentes nations amérindiennes. C’est ainsi que la ceinture fléchée s’est retrouvée dans l’Ouest du pays, et qu’elle fut adoptée par la nation Métis* et particulièrement par Louis Riel.

D’ailleurs le personnage de Louis Riel est si étroitement liée à la ceinture fléchée que lors de l’inauguration de l’une de ses statues, cette fois-ci à Winnipeg (Manitoba) en 1994, les organisateurs ont fait en sorte de lui nouer une ceinture fléchée autour de la taille.

Il existe même un Ordre de la ceinture fléchée (Order of the Sash) qui se veut une reconnaissance envers les Métis qui ont contribué à l’amélioration des conditions de vie de la communauté Métis.

Foncièrement, la ceinture fléchée fut un symbole vestimentaire des Canadiens-français et de la nation Métis pendant plus d’un siècle. Elle eut son heure de gloire de la fin du XVIIIème siècle jusqu’au tout début du XXème siècle. Puis, dans les décennies suivantes, la ceinture fléchée est un devenue un vêtement typiquement folklorique et emblématique pour les deux peuples.

Ainsi donc, cet Avis public de la ministre de la Culture et des Communications du Québec faisant en sorte que l’art du fléché soit officiellement reconnu comme élément du patrimoine immatériel du Québec nous permet encore de constater nos liens particuliers avec les nations amérindiennes et plus précisément avec la nation Métis de l’Ouest canadien voire plus particulièrement le Manitoba d’aujourd’hui.

Redisons-le, la ceinture fléchée est un vêtement, qui à son niveau, fait oeuvre de marqueur d’identité culturel des Canadiens-français, de la nation Métis et, bien sûr, des Québécois d’aujourd’hui. Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas troquer la ceinture fléchée d’antan pour un foulard fléchée qui pourrait devenir à la mode dans le Québec d’aujourd’hui? Et pourquoi pas un foulard fléché ornementé avec les lettres du CH dessus. Ainsi, quand lors des matchs de hockey, l’on crie « GO HABS GO! »,  l’on pourrait se souvenir que le mot « HABS » est le diminutif en mode anglais du mot Habitants titre par excellence de nos Anciens canadiens!

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* Métis: peuple issu des coureurs des bois francophones et des femmes autochtones.

P.S. Le corps de ce texte portant sur le fléché comme élément du patrimoine immatériel, fut écrit quelques heures avant le remaniement ministériel du gouvernement du Québec! Par le fait même, nous avons appris vers 17h00 que Mme Hélène David était muté au Ministère de l’Enseignement supérieur. Cela pour vous informer que nous avons cru bon de ne pas retoucher le premier paragraphe.

RÊVER MONTRÉAL / 375È: DEUXIÈME SOIRÉE-CONFÉRENCE

Dans le cadre de sa série de conférences sur les fondateurs et fondatrices de Montréal, RÊVER MONTRÉAL / 375è, présente ce lundi 15 février à 19h00, au Pavillon Marguerite-Bourgeoys du Collège Villa Maria, sa deuxième soirée-conférence intitulée « La jeunesse préside à la fondation de Montréal ».

Cette soirée-conférence portera notre regard sur un détail que l’on néglige souvent lorsque l’on parle des premiers fondateurs et fondatrices de Ville-Marie à savoir la jeunesse de ceux-ci. En effet, ce sont des femmes et des hommes dans la force de l’âge qui débarque en Nouvelle-France et particulièrement à Ville-Marie qui portent sur leurs épaules ce grand projet d’une mission catholique sur l’Île de Montréal.

Jeanne Mance n’a que 35 ans lorsqu’elle traverse l’Atlantique en 1641, Paul Chomedey de Maisonneuve, 29 ans, et Marguerite Bourgeoys, 33 ans, à son arrivée avec la recrue de 1653.

C’est l’historienne Françoise Deroy-Pineau, montrélaise « d’adoption » depuis 1969 et à qui l’on doit plusieurs biographies des fondatrices en Nouvelle-France à savoir Marie de l’Incarnation, Jeanne Mance, Madeleine de la Peltrie et Jeanne Le Ber que l’on entendra à titre de conférencière.

En deuxième partie de programme, on convie l’auditoire à entendre un panel avec différents intervenants qui réfléchiront à hautes voix sur la place des jeunes dans le Montréal d’aujourd’hui et le tout sous l’animation du célèbre journaliste Pierre Maisonneuve.

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